Livestock Research for Rural Development 32 (6) 2020 LRRD Search LRRD Misssion Guide for preparation of papers LRRD Newsletter

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Effet de différents niveaux de Curcuma longa dans la ration sur les performances de reproduction et de croissance pré-sevrage des cochons d’Inde

F G Djoumessi Tobou, F Tendonkeng, E Miégoué, S Camara1, D Fokom Wauffo, C Emalé et T E Pamo

Department of Animal Science, Faculty of Agronomy and Agricultural Sciences, University of Dschang, Cameroon. P.O. Box: 188. Dschang-Cameroon
f.tendonkeng@univ-dschang.org
1 Institut de Recherche Agronomique de Guinée, Conakry, Guinée Conakry

Résumé

En vue de contribuer à une meilleure utilisation de la poudre de Curcuma longa, qui est disponible au Cameroun, comme phytobiotique (additif alimentaire) dans l’alimentation des cochons d’Inde, à l’Université de Dschang, 60 femelles et 12 mâles âgés de 5 mois, nés à la FAR et pesant en moyenne 452 ±74 g, ont été répartis dans 4 traitements (R0 ; R0,25 ; R0,5 ; R1) de 15 femelles chacun, correspondant à 4 rations qui contenaient 0 ; 0,25 ; 0,5 et 1 % de Curcuma. Les animaux, identifiés par des boucles, ont été mis dans des loges avec un sex-ratio de 5 femelles pour 1 mâle pendant 31 jours. Ensuite, chaque nouveau-né a été identifié puis pesé tous les 7 jours, jusqu’au sevrage (21 jours). L’inclusion de poudre de Curcuma a amélioré (p<0,05) les paramètres de reproduction quel que soit le niveau. Le meilleur taux de fécondité (93,3%) a été obtenu avec la ration R0,5. Le taux de mortalité pré-sevrage le plus élevé (27,8 %) a été obtenu avec la ration R0. Les cochonnets recevant la ration R0,25 ont présenté les poids les plus élevés (77,5 g) à la naissance et au sevrage (162 g). Par contre, les poids les plus faibles ont été obtenus avec la ration R0 à la naissance (68,3 g) et au sevrage (103 g). Ainsi, l’inclusion de 0,25% de poudre de Curcuma dans la ration a permis l’augmentation régulière du poids des animaux pendant la phase de croissance pré-sevrage.

Mots-clés : Cavia porcellus, performance de reproduction, croissance pré-sevrage, Ouest Cameroun


Effect of different levels of Curcuma longa powder in the diet on reproductive and growth performance of guinea pigs

Abstract

In order to contribute to a better use of Turmeric (Curcuma longa) powder as a phytobiotic (feed additive) in the diet of guinea pigs. At the University of Dschang, 60 females and 12 males aged 5 months, born at the research and teaching experimental farm (FAR) and weighing on average 452 ± 74 g, were divided into 4 treatments (R0; R0.25; R0.5; R1) of 15 females each, corresponding to 4 rations which contained 0; 0.25; 0.5 and 1% Turmeric powder. The animals were housed with a sex ratio of 5 females to 1 male for 31 days. Each new-born was then identified and weighed every 7 days until weaning (21 days). The inclusion of Turmeric powder improved the reproductive parameters regardless of the level. The best fertility rate (93.3%) was obtained with the R0.5 ration. The highest pre-weaning mortality rate (27.8%) was obtained with the R0 ration. The pigs receiving the R0.25 ration presented the highest weights (77.5 g) at birth and at weaning (162 g). On the other hand, the lowest weights were obtained with the R0 ration at birth (68.3 g) and at weaning (103 g). Thus, the inclusion of 0.25% Turmeric powder in the ration allowed the animals to increase their weight regularly during the pre-weaning growth phase.

Key words: Cavia porcellus, pre-weaning growth, reproductive performance, West Cameroon


Introduction

Dans les pays en voie de développement en général et au Cameroun en particulier, la caviaculture pourrait contribuer à la résolution de l’insécurité alimentaire et de la menace de la biodiversité (Baldi et Gottardo 2017). En effet, elle constitue la forme de préservation ex – situ des espèces fauniques et une source non négligeable de protéines (Zougou et al 2017). Pamo et al (2005), Miegoué et al (2018) ont souligné que la caviaculture semble être l’une des solutions durables pour répondre aux besoins protéiques. La grande vitesse de croissance du cobaye, sa viande maigre et riche en protéines constituent des atouts majeurs pour sa production. L’alimentation de cette espèce animale est essentiellement à base de déchets de cuisine. Ceci ne permet pas à l’animal d’extérioriser son potentiel génétique (Niba et al 2004 ; Zougou et al 2017) et aussi, de satisfaire aux besoins de sa flore caecale (Noumbissi et al 2014 ; Miégoué et al 2016a ; Miégoué et al 2016b). Son utilisation optimale comme source de protéines et de revenus, exige donc un accroissement de sa productivité qui passe nécessairement par l’amélioration des stratégies d’élevage d’une part et de meilleures méthodes rationnelles de gestion de la production d’autre part (Miegoué et al 2018 ; Fokom et al 2020).

En effet, les mauvaises stratégies d’élevage entrainent une faible productivité caractéristique des élevages (un retard de croissance, une baisse de fertilité, des avortements, des petits avec de faibles poids à la naissance et une mortalité élevée suite à un mauvais état de santé) (Noumbissi et al 2013 ; Noumbissi et al 2014). L’amélioration de la productivité du cobaye s’avère indispensable. En élevage en général et en caviaculture en particulier, l’alimentation et la prévention de certaines pathologies de l’intestin jouent un rôle de choix (Tao et Li 2006 ; Bindelle et Picron 2013). Il a été rapporté que l’utilisation d’activateurs de croissance (phytobiotiques, prébiotiques et symbiotiques) permet d’améliorer les performances de croissance, de prévenir les maladies et de promouvoir la croissance des microorganismes bénéfiques présents dans la flore intestinale des animaux (Tao et Li 2006). Parmi ces composés, les phytobiotiques possèdent de nombreux avantages (capacité d'oxydation, activité antimicrobienne, amélioration de la digestion et stimulation du système immunitaire) (Brahimi et Terrai 2018).

Ainsi, le curcuma ou safran indien (Curcuma longa) est une plante célèbre pour ses utilisations culinaires et médicinales. C'est un ingrédient essentiel de poudres de curry, représentant environ 10-30% du mélange. En médecine traditionnelle, Curcuma longa est largement utilisé comme carminatif, aide à la digestion, digestif, apéritif, anthelminthique, tonique et laxatif (Helen et al 2010). Ses rhizomes sont riches en flavonoïdes et fournissent d’innombrables bienfaits dans la prévention de plusieurs maladies telles que les infections microbiennes et les cancers (Bachmeier et Melchart 2019). Selon Dosoky et Setzer (2018), Boufeker et Aggoune (2018), il contient des ingrédients actifs tels que des tétrahydro-curcuminoïdes, la curcumine, la déméthoxy-curcumine et la bisdéméthoxy-curcumine. Malgré ces atouts, le Curcuma longa a été insuffisamment valorisé en zootechnie et les travaux existant montrent beaucoup de disparités en fonction des espèces animales utilisées. Les travaux d’Akinyemi et al (2017) ont enregistré une augmentation du poids vif et du gain de poids des rats avec l’utilisation de Curcuma longa comme additif alimentaire à un niveau de 0,5%. En outre, Samarasinghe et al (2003) ont montré que l’inclusion de poudre de Curcuma longa dans l’alimentation des poulets de chairs augmentait les gains de poids. Par contre, Basavaraj et al (2010) n’ont enregistré aucun effet suite à l'inclusion de poudre de rhizome de Curcuma longa à 0 ; 0,15 et 0,30 % sur les caractéristiques biochimiques du sang et de la viande de lapins. Patel et Srinivasan (2000) ont par contre montré que l’incorporation de cet épice a induit une hausse de la digestibilité des nutriments chez les rats albinos grâce à l’augmentation de l’activité des enzymes pancréatiques. L’objectif de ce travail est donc d’évaluer l’effet du Curcuma longa sur les paramètres de reproduction et la croissance pré-sevrage de cobayes dans l’Ouest-Cameroun.


Matériel et méthodes

Site expérimental

L’étude a été conduite entre septembre 2018 et juin 2019 à la Ferme d’Application et de Recherche (FAR) de l’Université de Dschang, située dans les hautes terres de l’Ouest- Cameroun à une altitude de 1 410 m, à la longitude Est de 10° 26’ et la latitude Nord de 5° 26’. Cette région reçoit entre 1 500 et 2 000 mm d’eau par an, avec une température allant de 10° à 25°C. Le climat est équatorial de type camerounien d’altitude avec une courte saison sèche allant de mi-novembre à mi-mars et une longue saison pluvieuse de mi-mars à mi-novembre.

Matériel animal et logement

Pour cet essai, 72 animaux (60 femelles et 12 mâles) ont été répartis dans des loges. Ces loges étaient faites de contreplaqué, mesurant chacune 1 m de longueur, 0,8 m de largeur et 0,6 m de hauteur et, munies d’un dispositif d’éclairage servant aussi de système de chauffage. Les animaux ont été élevés au sol, sur une litière en copeaux de bois sec non traité de 5 cm d’épaisseur, renouvelée tous les 2 jours pour éviter l’accumulation des fèces et des urines. Chaque compartiment ou loge était équipé d’une mangeoire en bois pour l’aliment concentré et d’un abreuvoir en béton. Les différentes loges ont été munies d’un couvercle en grillage de mailles fines pour protéger les animaux des souris et autres prédateurs pouvant s’introduire dans le bâtiment d’élevage.

Matériel végétal

Le matériel végétal était constitué de la poacée Trypsacum laxum utilisée comme source principale de fibre et de Curcuma longa, récolté dans l’arrondissement de Santchou et utilisé comme additif alimentaire.

Évaluation de la composition chimique du Curcuma et préparation des rations

La composition chimique du Curcuma longa a été effectuée en vue de déterminer les teneurs en matières sèches, cendres, matières organiques, cellulose brute, protéine brute, matières grasses et de l’énergie digestible, selon les méthodes décrites par AOAC (2000).

Formulation des rations alimentaires

A partir de la ration de base, quatre autres rations ont été formulées avec des niveaux croissant de Curcuma longa (0, 0,25 ; 0,5 et 1%).

Tableau 1. Composition de l’aliment en pourcentage des différents ingrédients et valeur nutritive de la ration de base R0

Ingrédients (kg)

R0

Maïs

22

Trypsacum laxum

25

Tourteau de soja

4

Tourteau de coton

3

Tourteau de palmiste

9

Farine de poisson

9

Farine d’os

1

Son de blé

22

Concentré 10%

2

Coquillage

1

Mélasse

2

Total

100

Composition chimique

R0

Énergie digestible (kcal/kg MS)

2 803

Matière sèche (%)

89,6

Matière organique (% MS)

75,1

Protéine brute (% MS)

17,8

Cellulose brute (% MS)

17,6

Cendres (% MS)

24,9

Lipides (% MS)

1,5

R0 : ration de base contenant 0% Curcuma longa

Les différentes rations ainsi préparées ont été granulées (Figure 1) à l’aide d’une machine et séchées (Figure 2) avant d’être servies aux animaux.

Photo 1. Granulation desrations Photo 2. séchage desrations grandées

Les rations journalières servies à chaque animal étaient constituées ainsi qu’il suit :

- R0 : aliment composé granulé contenant 0% Curcuma longa ;

- R0,25 : aliment composé granulé contenant 0,25% Curcuma longa ;

- R0,5 : aliment composé granulé contenant 0,5% Curcuma longa ;

- R1 : aliment composé granulé contenant 1% Curcuma longa.

Évaluation de la reproduction et de la croissance pré-sevrage

Une fois identifiés par des boucles métalliques numérotées, les animaux ont été mis en croisement avec un sex ratio de 5 femelles pour 1 mâle pendant 31 jours, après quoi les mâles ont été retirés. Les animaux ont été nourris quotidiennement avec un apport d’eau vitaminée à volonté (comprimé de 240 mg dans 1,5 litres d’eau). Pendant cet essai, les différentes rations expérimentales ont été distribuées chaque matin entre 8 et 9 heures à raison de 60 g MS / animal/jour et les refus ont été collectés, pesés avant toute nouvelle distribution. Après les mises bas, les reproductrices ont été suivies jusqu’au sevrage. A la naissance, chaque nouveau-né a été identifié avec une boucle métallique numérotée et ensuite il a été pesé tous les 7 jours jusqu’au sevrage (21 jours après leur naissance). Les quantités d’aliments servies ont été maintenues chez les allaitantes jusqu’au sevrage des petits.

Au début de l’essai, l’effectif des femelles mises en reproduction ainsi que leurs poids ont été enregistrés. Au cours de la gestation, le nombre de femelles ayant avorté a été noté. L’effectif des femelles ayant mis bas ainsi que la date de parturition ont été par la suite enregistrés. A la naissance, le nombre de cochonnets mort-nés et nés vivants ont été notés. Ensuite, le nombre de cochonnets morts avant le sevrage et le nombre de cochonnets sevrés ont été également enregistrés. Toutes ces données ont permis d’évaluer les performances de reproduction et de viabilité.

Les données collectées sur la reproduction ont permis de calculer les paramètres de reproductions suivants :

Les données collectées sur la croissance ont permis de calculer les paramètres de croissance suivants :

Analyses statistiques

Les données sur l’ingestion alimentaire et la digestibilité des nutriments ont été soumises à l’analyse de la variance (ANOVA) à un facteur (niveau de Curcuma longa) suivant le modèle linéaire général (MLG). Lorsque les différences significatives existaient entre les traitements, la séparation des moyennes a été faite par le test de Waller Duncan au seuil de signification 5% (Steel et Torrie 1980).


Résultats

Composition chimique du Curcuma longa

Le Tableau 2 présente la composition chimique du Curcuma longa. Il ressort de ce tableau que Curcuma longa a une forte teneur en matière sèche, en matière organique et en énergie digestible.

Tableau 2. Composition chimique du Curcuma longa

Composition chimique

Curcuma longa

Energie digestible (kcal/kg MS)

3 628

Matière sèche (%)

84,1

%MS

Matière organique

91,7

Protéines brutes

7,5

Cellulose brute

4,2

Cendres

8,3

Lipides

3,8

Effet de différents niveaux d’inclusion de la poudre Curcuma longa dans la ration sur les performances de reproduction des femelles

L’effet des différents niveaux d’inclusion de la poudre Curcuma longa dans la ration sur les performances de reproduction des femelles (Tableau 3) montre que le taux de fertilité, la taille de la portée, la viabilité à la naissance, la viabilité au sevrage, le taux de mortalité, le taux de mortalité pré -sevrage et le poids moyen à la naissance des femelles recevant les rations R0, R0,25 , R0,5, et R1 ont été comparables (p>0,05). Le taux de fécondité et de fécondité nette des femelles recevant les rations R 0,25, R0,5, et R1 ont été comparables (p>0,05) et significativement supérieurs (p>0,05) à celui de la ration R0. Le taux de fécondité le plus élevé a été obtenu avec la ration R0,5.

Tableau 3. Performances moyennes de reproduction chez les femelles en fonction des différents niveaux d’inclusion de Curcuma longa dans les rations

R0

R0,25

R0,5

R1

ESM

p

Taux de fertilité (%)

66,7a

60,0a

60,0a

60,0a

4,45

0,12

Taux de fécondité (%)

66,7b

86,7a

93,3a

86,0a

6,00

0,01

Taux fécondité nette (%)

60,0b

86,7a

86,7a

73,3a

5,81

0,01

Taille de la portée

1,00a

1,55a

1,55a

1,47a

1,60

0,37

Taux de viabilité à la naissance (%)

88,9a

100a

91,7a

86,7a

3,00

0,54

Taux de viabilité au sevrage (%)

70,0a

76,7a

88,9a

80,6a

5,18

0,44

Taux de mortalité (%)

11,1a

0,0a

8,3a

13,3a

3,00

0,54

Taux de mortalité pré-sevrage (%)

27,8a

23,3a

11,1a

19,4a

5,10

0,48

Poids moyen à la naissance

69,0a

76,9a

56,7a

68,4a

3,21

0,40

Poids moyen au sevrage

103b

156a

142ab

130ab

6,87

0,02

a,b : Les moyennes portant les mêmes lettres sur la même ligne ne sont pas différentes au seuil de p<05 ; ESM : Erreur Standard sur la Moyenne ; p : Probabilité

Effets du niveau de la poudre de Curcuma longa dans la ration sur la variation pondérale des femelles post partum

L’évolution hebdomadaire du poids vif des femelles allaitantes de la mise-bas au sevrage (Figure 3) montre qu’au cours de cette période, le poids moyen hebdomadaire des femelles allaitantes a été croissant pendant la période d’allaitement. De la mise bas au sevrage, les poids des femelles recevant les rations avec inclusion du Curcuma longa ont été supérieur à celui des femelles du lot témoin.

Figure 1. Évolution pondérale des femelles allaitantes, en fonction des
rations chez les cobayes nourris au Curcuma longa
Effets du niveau de la poudre de Curcuma longa sur la croissance pondérale pré-sevrage des cochonnets

A la naissance, les animaux du lot R0,25 de Curcuma longa ont présenté les poids les plus élevés et ceux du lot recevant la ration R0,5 ont présenté les poids les plus faibles (Figure 3). Au sevrage, le poids le plus élevé a été obtenu avec la ration R0,25, suivie de R0,5. L’inclusion de 0,25% de poudre de Curcuma longa dans la ration a permis l’augmentation régulière du poids des animaux pendant la phase de croissance pré-sevrage.

Figure 2. Effet de Curcuma longa sur la croissance pondérale
des cochonnets de la naissance au sevrage

Le poids à la naissance, au sevrage, et le gain moyen quotidien en fonction des différents niveaux d’inclusion de Curcuma longa dans les rations sont présentés dans le tableau 4. Il ressort de ce tableau que les poids moyens des animaux à la naissance ont été comparables (p>0,05) pour toutes rations. Le poids moyen au sevrage des cochonnets nourris à la ration R0,25 a été comparable (p>0,05) avec ceux nourris aux rations R 0,5 et R1 et significativement supérieur (p<0,05) à celui nourri à la ration R0.

Tableau 4. Évolution du poids des cochonnets en fonction des différents niveaux d’inclusion du Curcuma longa dans les rations

R0

R0,25

R0,5

R1

ESM

p

Poids moyen à la naissance (g)

69,0

76,9

56,7

68,4

3,21

0,40

Poids moyen au sevrage (g)

103a

156b

142ab

130ab

6,87

0,04

Gain total (g)

39,4a

79,4ab

98,8b

61,9ab

18,7

0,04

GMQ (g/jour)

1,87a

3,78ab

4,70b

2,94ab

0,88

0,04

a,b : Les moyennes portant les mêmes lettres sur la même ligne ne sont pas différentes au seuil de p<05 ; ESM : Erreur Standard sur la Moyenne ; p : Probabilité

Le gain total des cochonnets recevant la rations R0, a été comparables (p>0,05) à ceux des cochonnets recevant les rations R 0,25 et R1 et significativement (p<0,05) plus faible que celui des cochonnets recevant la ration R0,5. Le gain total le plus élevé (98,8 g) a été enregistré avec la ration R 0,5. La même tendance a été observée avec le gain moyen quotidien.

Effets du niveau de la poudre de Curcuma longa sur le poids au sevrage des cochonnets rapportés à 100 femelles

L’influence de la poudre de C. longa sur le poids des cochonnets au sevrage montre que rapportés à 100 femelles la dose 0,25% permet d’obtenir les poids les plus élevé des cochonnets au sevrage (Figure 3). Ce poids à ce stade physiologique diminue avec l’augmentation de la poudre de C. longa dans la ration. L’ajustement polynomial du poids au sevrage des cochonnets rapportés à 100 femelles en fonction de la dose de C. longa permet d’observer qu’une forte proportion de la variation du poids des cochonnets est liée à la dose de la poudre de C. longa contenue dans la ration (R2 = 0,84).

Figure 3. Effets du niveau de la poudre de Curcuma longa sur le poids pré-sevrage des cochonnets


Discussion

La culture de Curcuma longa est intensifiée au Cameroun. Le curcuma est disponible et ne coûte pas très cher localement. La quantité à utiliser en tant que probiotique est très faible. Aussi, cette utilisation est tout à fait possible sans concurrencer gravement les autres usages du curcuma.

Au cours de cette étude, la poudre de Curcuma longa n’a pas eu d’effet significatif sur la fertilité des femelles. Ce résultat concorde à ceux de Sirotkin et al (2017) qui ont montré l’inclusion de la poudre Curcuma longa n’affectait pas la fertilité des lapines. Le meilleur taux de fécondité (93,3%) a été enregistré chez les femelles recevant la ration R0,5 (0,5% de Curcuma longa). Ce résultat est en accord avec ceux de Aktas et al (2012) et Caitlin et al (2013) qui ont montré que la poudre de Curcuma longa pourrait favoriser la fécondité des rates et des lapines soit en favorisant la production de follicules ovariens primaires, soit en stimulant la croissance des follicules à tous les stades de la folliculogenèse. Par ailleurs, ce taux est inférieur à celui obtenu par Miégoué et al (2018) (133%), par Zougou et al (2018) (184%) et par Faïhun et al (2020) (175%). Ceci serait lié au nombre de petits qu’elles ont produits dans l’ensemble. La taille de la portée dans cet essai, a été comparable pour toutes les rations. Ceci pourrait s’expliquer par le rang de mise-bas des femelles reproductrices qui pour la totalité étaient des primipares. En effet, selon Miegoué et al (2019), chez les primipares, la première portée est constituée à 80 % d’un seul petit. Par ailleurs, les valeurs les plus élevées de la portée ont été obtenues chez les femelles recevant les rations contenant la poudre de Curcuma longa. Ceci est similaire aux résultats de Sirotkin et al (2017) qui ont montré que l’utilisation de la poudre de Curcuma augmente le nombre de nouveau-nés. Ces valeurs ont été supérieures à celle rapportée par Todou (2013) chez les cobayes femelles alimentées avec du P. clandestinum et Desmodium intortum associé au zinc ou à la Vitamine E. (1,23). Le taux de viabilité à la naissance et au sevrage ont été comparables pour toutes les rations. Néanmoins, la valeur la plus élevée (100%) du taux de viabilité à la naissance a été obtenue avec les femelles recevant la rations R0,25. Pour ce qui est de la viabilité au sevrage, le meilleur taux (88,9%) a été enregistré avec les femelles nourries avec la ration R0,5. Ce résultat concorde avec ceux de Sirotkin et al (2017) qui ont montré que la poudre de Curcuma longa augmente le nombre de nouveau-nés vivants et sevrés. Dans cet essai, le taux de mortalité à la naissance et pré-sevrage a été comparable pour toutes les rations. Cependant, il a été plus faible à la naissance chez les petits des reproductrices recevant la ration R 0,25 et le taux de mortalité pré-sevrage le plus faible a été obtenu avec la ration R0,5. Cette situation peut être attribuée, entre autres, à l’alimentation. En effet, chez les jeunes cobayes, l’alimentation est un facteur déterminant pour leur survie (Zougou et al 2017). Au cours de cette période d’essai, les poids moyens hebdomadaires des femelles allaitantes recevant les rations R 0,25, R0,5 et R1 ont augmenté progressivement de la mise bas jusqu’au sevrage. Ce résultat est en contradiction avec les observations de Miégoué et al (2016), de Noumbissi (2014) et de Zougou et al (2017) qui ont monté que le poids des femelles baisse après la mise bas. Ceci pourrait s’expliquer par le fait que les rations utilisées au cours de cette étude contenaient un taux d’énergie digestible plus élevé que ceux utilisés par ces auteurs. A la naissance, les cochonnets recevant les différentes rations ont eu des poids moyens comparables entre eux et au sevrage ces poids moyens ont été significativement différents. Ceci corrobore les observations de Miégoué et al (2018) qui ont trouvé que les cochonnets recevant les rations contenant les légumineuses étaient plus lourds que ceux du lot témoin. En effet, les poids obtenus (68,3 g) avec le lot témoin dans cette étude sont inférieurs à ceux obtenus chez les cochons d’Inde par de nombreux auteurs (Noumbissi et al 2013 ; Kouakou et al 2015 ; Miégoué et al 2016). Cette différence s’expliquerait par une meilleure valorisation des aliments reçus par les animaux dans cette étude. Au sevrage, les poids des cochonnets dans tous les lots ont augmenté et même doublé pour les animaux recevant la poudre C. longa dans leur régime. Ceci serait associé à la rapide croissance pré-sevrage caractéristique des cochons d’Inde. En effet, le poids vif du cochon d’Inde est plus que doublé lors du sevrage normal à 3 semaines (Zougou et al 2018). Le poids le plus élevé des jeunes recevant la ration avec 0,25% de poudre de C. longa (162 g) était inférieur à celui obtenu par Miégoué (2016) (182 g) et par Zougou et al (2017) (164,3 g). Ceci pourrait s’expliquer par la qualité de la ration utilisée par ces auteurs. Le poids le plus faible a été observé avec les animaux recevant 0 % de poudre de C. longa. Ceci serait dû à l’absence de l’additif qui augmente le goût de l’aliment (Dosoky et Setzer 2018), qui aurait ainsi réduit la consommation alimentaire des petits.


Conclusion

Au terme de cette étude, il ressort que :


Références

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Received 4 April 2020; Accepted 22 April 2020; Published 1 June 2020

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