Livestock Research for Rural Development 31 (5) 2019 Guide for preparation of papers LRRD Newsletter

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Effet de la granulation d’un aliment avec pulpe de soja (okara) sur l’engraissement de lapins locaux au Nord-Bénin

C D A Alabi, M Azalou, J S Adjassin, A S Assani, H S S Worogo, Y Idrissou, Y Akpo1 et I T Alkoiret

Laboratoire d’Ecologie, Santé et de Productions Animales, Faculté d’Agronomie, 01 BP 123 Parakou, Université de Parakou, République du Bénin
donach2@gmail.com
1 Direction de l’Elevage (DE), Ministère de l’Agriculture de l’Elevage et de la Pêche (MAEP), 04 BP 959 Cotonou, République du Bénin

Résumé

L’alimentation et surtout la forme de présentation des aliments pour lapins constituent une des contraintes majeures en cuniculture. L’effet de 2 formes de présentation (granulé =G ou farineux = F) d’un aliment sur la croissance de lapereaux de souche locale en engraissement a été étudié au Nord-Bénin. Pendant 6 semaines, deux lots G et F de 48 lapereaux chacun, de souche locale, âgés de 42 ± 2 jours et pesant en moyenne 611 ± 99 g (sans différence significative), ont été comparés. Ils ont reçu un même aliment contenant 10% de pulpe de soja ou okara (2455 ED/kg, 16,3 % de protéines brutes et 14,1 % de cellulose brute) qui différait par la présentation. Les poids hebdomadaires, les mortalités, les performances bouchères des lapins et les quantités d’aliments consommées et rejetées ont été enregistrés. Durant l’engraissement (0 à 42 jours), la vitesse de croissance a été de 19,2 g/j pour le lot G contre 14,6 g/j pour le lot F et les indices de consommation non statistiquement différents ont été de 3,26 ± 0,5 g MS/g PV. Le taux de mortalité a été de 12,5 % (lot G) et de 15,3 % (lot F). Le meilleur rendement carcasse et la meilleure rentabilité économique (revenu net 335 FCFA contre 247 F par sujet) ont été réalisés avec les lapereaux nourris de granulés. Ainsi, la présentation de l’aliment d’engraissement en granulé a engendré une meilleure performance de croissance des lapins et un meilleur revenu net.

Mots clés : croissance, granulé, farineux, ingestion, lapereau, performance


Effect of pelleting a food with soybean pulp (okara) on fattening local rabbits in North-Benin

Abstract

Food and mainly it shape of presentation to rabbits constitute one of the major constraints in rabbit farming. The effect of two shapes of presentation (pellet = G or floury = F) of food on the growing performances of local fattening rabbits was studied in North-Benin. For 6 weeks, two groups (G and F) of 48 local growing rabbits each one, aged 42 ± 2 days and weighing on average 611 ± 99 g (no significant difference), were compared. They received the same diet containing 10% soybean pulp or okara (2455 ED / kg, 16.3% crude protein and 14.1% crude fiber) which varied only in the presentation form. The weekly weights, the mortalities, the carcass performances of rabbits and the quantities of feed consumed and rejected were recorded. During the fattening (0 to 42 days), the growth rate was 19.2 g/ day for group G against 14.6 g / day for group F and the indices of consumption were 2.74 (group G) and 3.77 (group F). The mortality rate were 12.5% ​​ and 15.3% for group G and F respectively. The best output carcass and the best net earning (net income 335 FCFA against 247 F per rabbit) were higher with growing rabbits fed with pellets. Thus, the pellet form of the fattening feed generates a best growing performance of the rabbits and a best income.

Keywords: growth, intake, pellet diet, performance, young rabbit


Introduction

L’élevage de lapins est l’une des principales activités rentables, de plus en plus adoptées par les populations béninoises pour assurer les besoins alimentaires quotidiens. Depuis plus de deux décennies, l’élevage de lapins a connu une expansion dans les ménages surtout au sud du Bénin en raison des bénéfices capitalisés (Kpodékon et al 2009a). En dépit de cet essor, la production reste confrontée à des contraintes majeures qui tendent à freiner son développement. Parmi celles-ci, l’alimentation occupe une place prépondérante. La pulpe de soja (okara) est riche en protéines. Son utilisation dans la ration permet d’assurer les besoins alimentaires avec une ration peu volumineuse, donc entièrement consommée. Par ailleurs, la forme de présentation de l’aliment chez le lapin peut conditionner sa consommation et son rejet parce que le lapin est un animal très sélectif dans son comportement alimentaire. Ce dernier préfère de l’aliment granulé (Gibenne, 2013). Ainsi, en situation de choix, le lapin d’élevage préfère de l’aliment granulé plutôt que de consommer de l’aliment farineux. Mais les critères de choix alimentaires du lapin sont peu connus et restent difficilement prévisibles (Gibenne, 2013). Les lapins ne savent pas correctement ajuster leur alimentation lorsqu’ils disposent à volonté d’un aliment farineux (par exemple) pour obtenir une croissance optimale. Or, s’il a été montré que le lapin était susceptible d’ingérer un aliment présenté sous forme de farine (Lebas, 2010), l’économie du coût technologique de la granulation peut être annulée par des performances de croissance plus faibles et une augmentation des risques pathologiques liée à un effet de la taille des particules constitutives de l’aliment (Lebas, 2008). En élevage cunicole pour la production de chair, l’alimentation (basée exclusivement sur un granulé) représente environ 60 voire 70% du coût de production (Maertens, 2009, Gidenneet al 2013, Maertens et Gidenne, 2016). Par conséquent, le coût de l’aliment et les quantités utilisées pour la production sont souvent les principaux leviers pour améliorer la rentabilité (Xiccato et Trocino, 2010).

Ceci pose donc le problème chez cet animal, de l’adéquation de la granulométrie de l’aliment à un équilibre digestif toujours précaire dont la rupture peut se manifester aussi bien par une diarrhée que par une constipation. D’après Alabi et al(2016), des lapins en phase d’engraissement ayant consommé de l’aliment farineux contenant 10% de pulpe de soja (okara)ont présenté des performances pondérales meilleures que ceux ayant consommé de l’aliment farineux à 10 % de tourteau de soja ou de l’aliment farineux à 5 % de tourteau de soja et 5% d’okara au nord du Bénin. Quel sera donc l’impact et la rentabilité de cette même ration (10% d’okara) présentée sous deux formes (granulée ou farineuse) à des lapins en engraissement ?

Le présent travail a pour but de déterminer l’effet de la forme de présentation (granulée ou farineuse) de l’aliment avec pulpe de soja sur les performances de croissance et sa rentabilité.


Matériels et méthodes

Animaux

Le matériel animal utilisé était constitué de 96 lapins de souche locale en croissance âgés de 42 ± 2 jours avec un poids vif moyen de 611 ± 99 g élevés en cages communautaires de 4 individus, sexes mélangés, soit 48 lapereaux par lot G (forme granulée) et F (forme farineuse). Chacun des essais a comporté 3 répétitions de 16 animaux.

L’expérimentation s’est déroulée pendant 6 semaines à la ferme d’application de la Faculté d’Agronomie située sur le campus de l’Université de Parakou dans les conditions réelles de production (d’élevage).

La répartition des lapereaux a été faite suivant leur poids en deux lots homogènes de 48 animaux chacun à raison de 4 lapereaux par cage. Ils ont été engraissés dans des cages métalliques collectives de dimensions 75 cm x 45 cm x 30 cm, disposées dans un bâtiment ventilé naturellement et éclairé par la lumière du jour. Les lapins ont été identifiés par un marquage à l’oreille. Une semaine avant le début de l’expérimentation, une transition alimentaire a été effectuée pour favoriser une adaptation progressive des lapins à la ration à tester. Le sexe des lapins n’a pas été pris en considération car, jusqu’à l’âge de 12 semaines, il n’influence ni la croissance ni les quantités ingérées. La composition centésimale de la ration (R) est donnée par le Tableau 1.

Tableau 1 : Composition de l’aliment expérimental

(%)

Maïs

14

Pulpe de soja (okara)

10

Tourteau de coton

7

Son de blé

25

Coquilles d’huître

2,5

Sel

0,5

Tourteau de palmiste

23

Son de riz

18

Total

100

Matière azotée totale (%)

16,4

Energie digestible [(ED), kcal/kg d’aliment]

2455

Cellulose brute (%)

14,1

Collecte des données

Après une pesée individuelle des animaux à J0, les autres prises de poids ont été réalisées de façon hebdomadaire à jour fixe durant les six semaines d’engraissement. Les quantités d’aliments servies, consommées et rejetées ont été quotidiennement enregistrées ainsi que les mortalités. Les aliments gaspillés ont été récupérés grâce à un dispositif constitué de pagnes installé sous les cages. Tous les deux jours on a procédé au ramassage de l’aliment gaspillé. Les paramètres qui ont été pris en compte dans le cadre de l’étude sont le poids initial, le poids final, l’ingestion journalière, l’ingestion totale, l’indice de consommation hebdomadaire, l’indice de consommation total, le gain moyen quotidien, le taux de mortalité, les performances bouchères et la rentabilité économique.

Analyse chimique de l’okara et de la ration formulée

Les données enregistrées et/ou calculées ont été soumises à une analyse de variance à un facteur représenté par le taux d’incorporation d’okara dans l’aliment, à l’aide du logiciel R 3.13.

Processus d’obtention de l’okara

Ce résidu provient de la fabrication du tofu (pâte consistante à base de lait de soja coagulé). Sa méthode d’obtention ou de fabrication est alors intimement liée à celle du tofu. Ainsi, la première opération consiste à débarrasser les graines de soja de toutes impuretés (cailloux, graines pourries et autres) puis à les laver. Ensuite, le soja est trempé dans de l’eau fraîche pendant environ 12 heures: c’est la macération du soja en grain. Elle permet d’obtenir un produit aromatisé. Le macéré est porté à ébullition pendant en moyenne 30 minutes. Les graines cuites sont retirées de l’eau de cuisson, envoyées au moulin puis broyées finement (Figure 1). On obtient alors une pâte (Figure 2) qui est en fait un mélange du lait de soja et de son résidu. On procède alors à un filtrage à travers un linge pour séparer ces deux constituants. Pour ce faire, on constitue un dispositif de filtrage constitué d’une grande marmite sur laquelle repose un panier contenant à l’intérieur un linge (Figure 3). Le mélange pâteux est versé dans le panier qui retient le résidu alors que le fluide lacté goutte et descend jusqu’à la marmite. Il est procédé à une cuisson du liquide recueilli dans la marmite pendant quelques minutes après l’avoir mélangé à de l’eau acidifiée. Cela provoque la formation d’un solide qui about à la fabrication du fromage de soja. De l’autre côté, le rejet humide est pressé, vidé de son eau puis séché (Figures 4 et 5) afin d’obtenir un produit capable d’être utilisé comme matière première en alimentation animale.

 
Figures 1-5 : Processus d'obtention de l'okara


Résultats

Valeur nutritive de l’okara et de la ration

Les composants chimiques de l’okara, sa valeur nutritive et celle de la ration formulée pour les lapereaux sont présentés dans le Tableau 2 suivant.

Tableau 2 : Composition chimique de l’okara et valeur nutritive de la ration

Composition chimique (%)

Okara

Ration

Matières Grasses (MG)

11,3

3,9

Cellulose brute (CB)

15

14,1

Proteines Brutes (PB)

34,5

16,4

Matières sèches

93,8

86,8

Cendres totales

3,9

5,3

Energie Digestible (ED) Kcal/kg

2364

2455

Ingestion alimentaire, refus d’aliments et indice de consommation alimentaire

Pendant les trois premières semaines de l’expérimentation, la consommation alimentaire journalière des lapins a quantitativement connu une augmentation progressive aussi bien chez les animaux nourris avec l’aliment granulé que ceux nourris avec l’aliment farineux (Tableau 3). A l’issue des 6 semaines d’engraissement des lapins, l’ingestion moyenne journalière d’aliment par lot a été de 60,8 ± 1,6g pour les animaux ayant consommé l’aliment granulé et de 54,7 ± 1,5 g pour les animaux ayant consommé l’aliment farineux. Ces deux valeurs sont significativement différentes (p< 0,005). Il en résulte que l’aliment granulé a été le plus consommé (Tableau 3).

Tableau 3 : Ingestion moyenne par jour de l’aliment des lapins en fonction de la forme de présentation (g)

Semaine

Granulé

Farineux

ESM

p

1

38,1b

44,5 a

1,53

0,01

2

54,9a

44,2 b

3,03

0,02

3

69,6 a

68,1 a

1,29

0,41

4

64,4 a

59,5 b

0,51

<0,001

5

66,2 a

54,4 b

1,01

<0,001

6

71,2 a

57,3 b

1,8

<0,001

Moyenne

60,7 a

54,8 b

1,52

<0,001

Les valeurs de la même ligne, indicé es de lettres différentes sont significativement différentes au seuil de 5% (p < 0,05).
Les résultats sont exprimés en fonction de la moyenne ± erreur standard de la moyenne (ESM).

Une différence significative a été notée entre les moyennes hebdomadaires d’aliments rejetés dans les deux lots (p< 0,005) (tableau 4) sur l’ensemble de la période expérimentale. Durant la période d’expérimentation, l’aliment farineux a été plus rejeté (294,8 ± 18,4 g).

Tableau 4 : Quantité d’aliment refusé en fonction de la forme de présentation (en g par semaine)

Semaines

Granulé

Farineux

ESM

p

1

144b

267 a

119

<0,001

2

125b

420 a

27,9

<0,001

3

88b

347 a

15,5

<0,001

4

246 b

283 a

25,3

0,32

5

157 a

198 a

13,1

0,03

6

248 b

253 a

17,6

0,13

Moyenne

168 b

295a

16,9

<0,001

Les valeurs de la même ligne, indicé es de lettres différentes sont significativement différentes au seuil de 5% (p< 0,05).
Les résultats sont exprimés en fonction de la moyenne ± erreur standard de la moyenne (ESM).

Sur l’ensemble de la période d’étude, l’indice de consommation ne s’est pas révélé significativement différent pour les deux lots de lapins (p>0,05). Les indices de consommation moyens chez les lapereaux de chaque lot ont été de 2,74 MS/g PV et 3,77 g MS/g PV (Tableau 5) respectivement pour les lapereaux nourris au granulé et ceux nourris à l’aliment farineux. L’indice de consommation moyen global a été de 3,26 ± 0,5 g MS/g PV.

Tableau 5 : Indice de consommation hebdomadaire suivant la forme de présentation

Semaines

Granulé

Farineux

ESM

p

1

1,22a

1,64 a

0,91

0,74

2

2,25a

2,73 a

0,49

0,50

3

2,25a

2,69 a

0,34

0,37

4

3,77 a

5,81 a

1,35

0,29

5

3,39 a

4,43 a

0,6

0,24

6

3,61 a

5,23 a

1,19

0,35

Moyenne

2,74 a

3,77a

1,85

0,26

Les valeurs de la même ligne, indicé es de lettres différentes sont significativement différentes au seuil de 5% (p < 0,05).
Les résultats sont exprimés en fonction de la moyenne ± erreur standard de la moyenne (ESM).

Performance de croissance et Gain Moyen Quotidien

Au début de l’expérimentation, les poids moyens des lapereaux (tableau 6) étaient respectivement de 615± 85 g et 608± 153 g pour les lapereaux nourris à l’aliment granulé et ceux nourris à l’aliment farineux et n’ont pas été significativement différents (p >0,05). Par contre, sur les 6 semaines de l’essai, les poids des lapereaux ont été significativement différents au cours de la troisième semaine (p< 0,05) et la sixième semaine (p< 0,5). Les lapereaux nourris à l’aliment granulé ont donné une croissance pondérale plus élevée que ceux nourris à l’aliment farineux. Le Tableau 6 présente les poids des lapereaux.

Tableau 6 : Poids vifs moyens des lapins en fonction de la forme de présentation (g)

Semaines

Granulé

Farineux

ESM

p

0 (naissance)

614a

608 a

119

0,35

7

739a

716 a

32

0,61

14

841a

815 a

35

0,61

21

1060 a

865 a

41

<0,001

28

1163 a

1035 a

54

0,11

35

1272 a

1198 a

53

0,34

42

1410 a

11922a

59

0,01

Les valeurs de la même ligne, indicé es de lettres différentes sont significativement différentes au seuil de 5% (p < 0,05).
Les résultats sont exprimés en fonction de la moyenne ± erreur standard de la moyenne (ESM).

Gain Moyen Quotidien

Le gain de poids moyen obtenu à la fin de l’expérience pour les lapereaux nourris à l’aliment granulé était de 1410± 57 g pendant que celui des lapereaux nourris à l’aliment farineux était de 1192± 62 g. Ces résultats sont significativement différents (p<0,5). Les gains de poids absolus enregistrés pour chacun des deux lots sur toute la période de l’essai étaient respectivement de 795 ± 32 g et 584 ± 20 g pour les lapereaux nourris à l’aliment granulé et pour les lapereaux nourris à l’aliment farineux.

La différence pondérale observée entre ces deux lots est liée à l’évolution du GMQ (Tableau 7). Pendant les six semaines de l’expérimentation en général, les GMQ ont été significativement différents (p< 0,05). Le GMQ était de 19,2 ± 1,6 g/j pour les lapereaux nourris à l’aliment granulé contre 14,6 ± 1,2 g/j pour les lapereaux nourris à l’aliment farineux. Aussi, les GMQ obtenus au cours des trois premières semaines se sont révélés significativement différents (p<0,05). Par contre, ceux des trois dernières semaines ne sont pas significativement différents. Le GMQ le plus élevé a été observé au cours des trois premières semaines avec les lapereaux nourris à l’aliment granulé soit 21,8 ± 2,4 g/j contre 17,6 ± 2,0g/j pour les lapereaux nourris à l’aliment farineux. Mais pendant les trois dernières semaines le GMQ a été de 17,6 ± 1,5 g/j et 12,3 ± 1,6 g/j respectivement pour les lapereaux nourris à l’aliment granulé et ceux nourris à l’aliment farineux. D’une manière générale, les meilleurs GMQ ont été enregistrés avec les lapereaux nourris à l’aliment granulé.

Tableau 7 : Gain moyens quotidiens des lapins en fonction de la forme de présentation (g/jour)

GMQ

Granulé

Farineux

ESM

p

GMQ 0-3 sem.

21,8a

17,6 b

2,2

<0,001

GMQ 3-6 sem.

17,6a

12,2 a

1,5

0,28

GMQ 0-6 sem.

19,2a

14,5 b

1,6

0,02

GMQ= Gain Moyen Quotidien. Les valeurs de la même ligne, indicées des lettres différentes sont significativement différentes au seuil de 5% (p < 0,05). Les résultats sont exprimés en fonction de la moyenne ± erreur standard à la moyenne (ESM).

Performances bouchères

Les performances bouchères des lapins sont présentées dans le Tableau 8.

Les rendements de carcasse obtenus étaient de 58,2 % pour les lapereaux nourris à l’aliment granulé contre 45,9 % pour les lapereaux nourris à l’aliment farineux. Le rendement carcasse a été significativement différent (p<0,05). La forme de présentation de l’aliment a donc eu un effet sur le rendement de carcasse des lapins.

Tableau 8 : Performances bouchères des lapins en fonction de la forme de présentation

Paramètres

Granulé

Farineux

ESM

p

Nombre de lapins

12

12

Poids vif (g)

1341a

1094b

10

<0,001

Poids de carcasse (g)

809a

632 b

2

<0,001

Poids du gras (%)

3,7 a

1,2 b

1,6

<0,001

Poids de la peau (%)

2,4 a

1,1 a

0,2

0,32

Rendement net (%)

58,2 a

45,8 b

1,2

<0,001

Les valeurs de la même ligne, indicé es de lettres différentes sont significativement différentes au seuil de 5% (p < 0,05). Les résultats sont exprimés en fonction de la moyenne ± erreur standard de la moyenne (ESM).

Taux de mortalité

Les taux de mortalité étaient de 12,5 % pour les lapereaux nourris à l’aliment granulé et de 15,3% pour les lapereaux nourris à l’aliment farineux.

Rentabilité économique

La rentabilité économique de cette étude a pris en compte le coût de l’alimentation, celui de la granulation, des frais vétérinaires, et le prix de vente des animaux.

Les résultats économiques présentés dans le Tableau 9 indiquent que les coûts de production ont été identiques au niveau des deux lots.

Tableau 9 : Rentabilité économique (en F CFA par sujet)  

Paramètres étudiés

Granulé

Farineux

Prix d’achat des animaux (F CFA)

2 000

2000

Coût de la provende (F CFA/kg)

245

185

Coût de l’alimentation (F CFA)

714

392

Coût des soins vétérianires (F CFA)

127

127

Total coût de production (F CFA)

1116

703

Prix de revient des aniamux (F CFA)

3116

2703

Revenu brut (F CFA)

3425

2903

Revenu net (F CFA)

335

247

Les coûts et bénéfices bruts ont été calculés en tenant compte uniquement du facteur « aliment », les coûts fixes et les autres coûts variables étant les mêmes. Par rapport à l’aliment farineux, une marge bénéficiaire de 247 FCFA par lapin a été obtenue à l’issue de cette étude avec l’aliment farineux contre 335F CFA avec l’aliment granulé.

Performance de croissance

Les résultats de cet essai ont montré en général qu’une différence significative (p<0,05) a été observée chez les lapereaux des deux lots constitués. Les meilleures performances de cet essai ont été observées avec les lapereaux nourris à l’aliment granulé. Les poids vif finaux des lapereaux des deux lots ont été significativement différent (p<0,05). Ces poids finaux moyens ont été de 1192 g chez les lapereaux nourris à l’aliment farineux et de 1410 g chez les lapereaux nourris à l’aliment granulé. Ces résultats ont été inférieurs à ceux rapportés par Youssao et al (2010) qui ont obtenu un poids final de 1590 g avec une provende servie sous forme granulée mais pour une expérience de 8 semaines. Dans cet essai, les résultats des semaines 1 à 3 montrent une évolution de la croissance presque linéaire quelle que soit la forme de l’aliment servi. Cependant, il est observé une chute légère du GMQ des lapereaux de la 3ème à la 6ème semaine. De 21,7 g/j à 17,6 g/j pour les lapereaux nourris à l’aliment granulé et 17,6 g/j à 12,3 g/j pour les lapereaux nourris à l’aliment farineux, ce qui peut être lié à la température ambiante. La chute du GMQ de l’aliment farineux est due à sa forme de présentation. En effet, l’aliment farineux présenté aux lapereaux favorise le tri des différentes particules alimentaires par les sujets. Amida (2005) révèle que l’aliment restant dans la mangeoire est plus élevé en fibre de l’ordre de 19,9%. Cette forte réduction de la quantité de fibres ingérées par les lapins entraîne des baisses de vitesse de croissance souvent associées à des troubles de l’ingestion ou de la digestion et des mortalités par diarrhée. Des observations similaires ont été rapportées par Gidenne (2013) et Lebas (1991) qui ont signalé le rôle des fibres dans la sécurité digestive du lapin en croissance. Cette mauvaise performance peut aussi s’expliquer par les pertes d’aliments au cours de la récupération des refus. Un faible taux de protéines dans les aliments peut aussi induire de mauvaises performances. D’après Lebas et al (1996), il y a une dégradation des performances des lapins en croissance lors de l’abaissement du taux de protéines ou de certains acides aminés indispensables en dessous des valeurs recommandées. Ce facteur n’intervient pas dans la présente étude, car le taux de protéines dans l’aliment composé est conforme aux valeurs de 15 à 16% conseillées pour les lapereaux en engraissement (Blum, 1984).

A la fin de l’étude les GMQ étaient respectivement de 19,2 g/j et 14,5 g/j pour les lapereaux nourris à l’aliment granulé et pour les lapereaux nourris à l’aliment farineux. Des GMQ meilleurs ont été rapportés dans d’autres études. Ainsi, Kpodékon et al. (1988) ont obtenu un GMQ de 28,5g/j sur une période de 8 semaines avec un aliment granulé importé de Toulouse pour l’engraissement des lapereaux au CECURI(au Bénin).De même, Djago (1998) a obtenu en France de meilleures performances de croissance pondérale (44,8 g/j) chez des lapins nourris à base d’aliments granulés fabriqués par incorporation de 15 % de copeau de bois ; mais dans ce cas, la durée de l’expérimentation a été de 19 jours et l’expérimentation a été réalisée sur une souche française.

Les résultats de la présente étude n’ont pas montré de différence significative entre les indices de consommation. Les IC moyens de 2,74 et 3,77 obtenus respectivement pour les lapereaux nourris à l’aliment granulé et pour les lapereaux nourris à l’aliment farineux ne sont pas significativement différents (p> 0,05). Ces résultats sont meilleurs que ceux obtenus par Baba et al (2005) qui ont obtenu au CECURI un indice de consommation de 5,3 avec un aliment granulé contenant du tourteau de soja à 7 % au cours d’une expérience de 8 semaines d’engraissement. Toutefois, les résultats des dernières semaines présentent des indices de consommation plus élevés. Cette observation est contraire à celle faite par Kpodékon et al (2009a) et (2009b). Selon Lebas et al (1996) et Lebas (2000), l’indice de consommation croît normalement avec l’âge d’abord parce que la fraction de l’alimentation utilisée pour le simple entretien de l’organisme croît proportionnellement au poids vif alors que celle nécessaire aux dépôts correspondant au gain de poids reste assez stable. De même, la fixation des graisses est plus coûteuse en énergie alimentaire que celle des protéines. La conséquence est une accélération de l’augmentation « naturelle » de l’indice de consommation au-delà de 13 à 14 semaines.

L’ingestion alimentaire moyenne s’est élevée à 60,7g pour les lapereaux nourris à l’aliment granulé contre 54,67 g pour les lapereaux nourris à l’aliment farineux. Ces résultats sont significativement différents (p<0,005) et sont inférieurs à ceux rapportés par Baba (2004) qui a enregistré 65,6 g en 8 semaines. Sur toute la période d’étude, c’est seulement au cours de la 3ème semaine qu’aucune différence significative n’a été observée pour l’ingestion alimentaire. De la même manière, les quantités d’aliments refusées ont été de façons générales significativement différentes. Le refus le plus élevé a été obtenu avec les lapereaux nourris à l’aliment farineux. Soit 295 g contre 168 g pour les lapereaux nourris à l’aliment granulé.

D’une manière générale, l’IA, le GMQ, l’IC et les performances pondérales ont été meilleurs chez les lapereaux nourris à l’aliment granulé. Ce qui permet de déduire que les lapereaux nourris à l’aliment granulé ont mieux valorisé l’aliment consommé.

Quant au taux de mortalité, il était de 12,5 % pour les lapereaux nourris à l’aliment granulé et 15,3% pour les lapereaux nourris à l’aliment farineux. D’après Perez et al(1996) un taux assez élevé de cellulose (14 à 16%) est nécessaire pour réduire la mortalité. Ce taux a été retrouvé dans la ration formulée ; cela a donc réduit les cas de mortalités enregistrées. Cependant le taux élevé enregistré chez les lapereaux nourris à l’aliment farineux peut être dû à la forme de présentation de l’aliment. Le fort taux de mortalité constaté parmi les animaux nourris à l’aliment farineux pourrait être expliqué par le fait qu’avec cet aliment, les lapereaux ont rejeté les parties fibreuses nécessaires au bon fonctionnement du tube digestif. Cette alimentation déficiente en fibres aurait déclenché des entérites. La poussière de la farine inhalée par les animaux pourrait être à l’origine des complications pulmonaires. Une tendance similaire a été obtenue par Baba (2004), avec un taux de mortalité de 50 % chez les lapereaux nourris à l’aliment farineux et 8,3 % pour le lot expérimental, nourri à l’aliment granulé. Selon Dessou (2005), les pathologies observées (entérites et maladies respiratoires) étaient étroitement liées à l’aliment puisque le taux élevé de mortalité a été constaté dans le lot des animaux nourris à l’aliment farineux.

Il ressort de cette étude que la forme de présentation de l’aliment a eu des effets significatifs sur les animaux.

Analyse globale des données du rendement carcasse

L’objectif poursuivi a consisté à évaluer la carcasse des lapereaux de chacun des lots. Une différence significative (p<0,05) a été observée entre ceux-ci du point de vue rendement boucher. Globalement, les lapereaux nourris à l’aliment granulé ont offert une meilleure carcasse commerciale de 808 g et le rendement carcasse correspondant était de 58,2 %. Selon Lebas et Ouhayoun (1987), les lapins les plus légers à l’abattage sont ceux qui présentent le rendement carcasse le plus élevé. Ceci est lié à la proportion de la peau et de la tête de ces lapins qui serait plus faible. D’autres auteurs ont rapporté que les lapins de race pure présentent les performances de croissance et de qualité de carcasse les plus faibles excepté pour le rendement en carcasse (Prayaga et Eady 2003; Lukefahr et al 1983; Ouyed et Brun 2008). Les résultats obtenus dans cette étude ne corroborent pas ceux rapportés par ces auteurs pour ce qui concerne le rendement en carcasse.


Conclusion


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Received 30 January 2019; Accepted 13 April 2019; Published 1 May 2019

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