Livestock Research for Rural Development 28 (7) 2016 Guide for preparation of papers LRRD Newsletter

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Mortalité de jeunes cobayes (Cavia porcellus) croisés et ses principales causes autour de Kinshasa, R D Congo

J M Umba, J C K Kashala1, A N Ilaka1, A N Ngulu1, K M D Tshikung1, A Atangana2 et D Khasa2

Centre de promotion et de diffusion de mini-élevages, Institut Agro-Vétérinaire (ISAV) de Kimwenza, République Démocratique du Congo
joachimumba@yahoo.fr
1 Faculté de Médecine Vétérinaire, Université de Lubumbashi, B.P. 1825 Lubumbashi, République Démocratique du Congo
joachimumba@yahoo.fr
2 Centre d’étude de la forêt, Faculté de Forest, Université de Laval, Québec, Canada

Résumé

Une étude sur la mortalité et les dominantes pathologiques des cobayes élevés dans la périphérie de Kinshasa a été réalisée.

Il ressort de l’analyse des résultats que des 1 002 cobayaux obtenus à l’issue de divers croisements, 182 sont morts durant l’étude de la naissance à la 20ème semaine dont 120 mâles (65,9 %) et 62 femelles (34,1 %) ; soit 18,2 % dans l’ensemble. Suivant la provenance des géniteurs, un taux de mortalités plus élevé s’observe pour les croisements entre mâles de Belgique et femelles de Kinshasa (21,4 %) que pour les croisements entre mâles de Belgique et femelles de Bukavu (18,4 %) et surtout entre mâles locaux de Bukavu et femelles locales de Kinshasa (12,8 %). Les mortalités sont plus élevées entre 0 et 4 semaines ; 53,3 % des mortalités sont dues aux affections parasitaires, 42,9 % aux affections bactériennes et 3,9 % à la mortalité périnatale (dystocies). Parmi les affections parasitaires, la gale causée par Trixacarus caviae a été la plus enregistrée pendant les deux saisons. S’agissant des affections bactériennes, la streptococcose due à Streptococcus pneumoniae qui frappe souvent les rongeurs a fait plus de victimes. La saison des pluies s’avère être plus meurtrière (67,0 %) que la saison sèche (33,0 %).

Mots-clés: dominante pathologique, gale, streptococcose, taux de mortalité



Mortality of young crossbred guinea pigs (Cavia porcellus) around Kinshasa, DR Congo

Abstract

A study on pathological dominant high guinea pigs in the outskirts of Kinshasa was conducted.

It appears from the analysis of the results that on 1 002 young guinea pigs obtained after various crosses, 182 died during the study including 120 males (65.9%) and 62 females (34.1%); is 18.2% overall. Next from the parents, the high rate of mortality is observed for crosses between males and females of Belgium Kinshasa (21.4%) as crosses between males and females Belgium and Bukavu (18.4) and mainly between local males and females Bukavu and Kinshasa (12.8). Mortalities were higher between weeks 0 and 4; 53.3 % of deaths were due to parasitic diseases; 42.9 % due to bacterial infections and 3.9 % due to perinatal mortality (dystocia). Among parasitic diseases, scabies caused by Trixacarus caviae was the most recorded in both seasons. Regarding bacterial diseases, streptococcosis due to Streptococcus pneumoniae, which often strikes rodents did more victims. The rainy season is proving to be the deadliest (67.0%) compared to the dry season (33.0%).

Keywords: mortality rate, pathological dominant, scabies, streptococcosis


Introduction

Le problème de la sécurité alimentaire se pose avec acuité en R.D. Congo, où 57 % de la population accuse un déficit en protéines tant végétales qu’animales. Les conditions de vie restent très précaires en milieu rural comme en milieu urbain pour la population, avec des besoins en protéines non couverts (Kankonde et Tollens 2001 ; Tollens 2004).

La situation de sous-alimentation et de malnutrition chroniques qui sévit en R.D. Congo en n’a cessé de susciter des débats et des questions sur la manière de résoudre ce problème (Tollens 2004). Dans cette partie du monde, cette situation s’est détériorée avec la migration des populations suite à de longues années de guerre à l’est du pays et aussi suite à une forte croissance démographique, avec plus de 70 millions d’habitants dont dix millions pour la seule ville de Kinshasa.

Pour répondre à cette demande en protéines, plusieurs Organisations non gouvernementales (ONG) préconisent la vulgarisation et la promotion de l’élevage du menu bétail à cycle court dont l’élevage du cobaye (caviaculture) comme l’une des solutions durables.

Une enquête menée par Gerkens (2004) à l’Institut Supérieur Agrovétérinaire (ISAV) Saint-Pierre Canisius de Kimwenza et au Centre Agrovétérinaire Tropical de Kinshasa (CAVTK) pour évaluer l’impact de l’élevage urbain et périurbain pratiqué par des familles à moindres revenus, montre que la caviaculture vient en quatrième position après les poules, les porcs et les canards. Cet élevage est souvent pratiqué par les enfants et les femmes presque dans chaque famille ; certains ménages utilisent même des techniques modernes d’élevage (Waters-Bayer 2001 ; Fall et al 2004 ; Nkidiaka 2004).

Beaucoup de facteurs limitent l’élevage du cobaye dans notre contrée : l’alimentation, les conditions générales d’élevage (environnement et hygiène des bâtiments), le choix des races ou souches, la gestion de la reproduction, le type d’élevage et les pathologies inhérentes.

Dans nos élevages souvent de type traditionnel, la pathologie responsable de mortalité ou de moindre production s’avère être un très grand facteur limitant ; ainsi le cobaye est confronté à diverses pathologies qui diminuent ses performances et donc sa rentabilité (Detaille 2008). Certaines de ces affections sont des zoonoses ; elles peuvent se transmettre à l’éleveur ou au consommateur (Fuss 2002 ; Gely 2002 ; Quinton 2003 ; Richardon 2003 ; Detaille 2008).

Très peu d’études renseignent sur les performances des cobayes élevés en milieu traditionnel ; lequel milieu est confronté aux nombreuses affections tant parasitaires que bactériennes. Les géniteurs exempts de maladies peuvent constituer un gage d’une bonne réussite de l’élevage.

Les maladies les plus fréquentes du cobaye sont fonction de la race, de la souche, du type de croisement et des conditions d’élevage (Fuss, 2002 ; Richardon, 2003). Sachant que les cobayes que nous allons vulgariser auprès des éleveurs familiaux proviennent de divers croisements réalisés entre des souches venant de différents milieux, il importe de faire un bon choix de géniteurs suffisamment sains et adaptés afin de s’assurer de bons élevages. Les maladies font partie des plus grands problèmes de la caviaculture. Souvent les éleveurs en ignorent l’étiologie, la prévention et le traitement de ces maladies. Le premier des risques est l’hygiène au niveau des parcs et cages. Une mauvaise alimentation peut aussi fragiliser l’animal. Parmi les autres causes, nous pouvons citer le changement brutal d’environnement, les variations élevées de température, un haut taux d’humidité, des courants d’air, une grande densité, et des dépôts de nourriture dans les endroits de repos.

Si l’objectif général de la présente étude est de fournir des géniteurs sains adaptés au milieu aux éleveurs familiaux, il s’avère aussi indispensable de cerner la mortalité et les pathologies dominantes rencontrées dans ce milieu d’élevage afin d’informer ces éleveurs peu avertis des moyens de lutte pour les combattre.


Milieu, matériel et méthodes

Milieu

Les expériences se sont déroulées de mars 2009 à juillet 2011 au Centre de promotion et de diffusion des mini-élevages de l’Institut Supérieur Agro-vétérinaire (ISAV) Kimwenza, dans la commune de Mont-Ngafula, ville province de Kinshasa en R D Congo. Le climat est de type Aw4 selon la classification de Köppen. La température moyenne est de 25,5°C et l’humidité relative varie de 80 à 85 %. La pluviométrie moyenne annuelle est de 1 368 mm. Le site se situe à une altitude de 279 m.

Matériel animal

1002 cobayaux issus de divers croisements entre souches venant de Belgique (l’animalerie facultaire/Unité ANIM de la faculté d’ingénierie biologique, agronomique et environnementale de l’Université Catholique de Louvain), de la R D Congo respectivement de la province du Bas – Congo (Kisantu et Mbanza – Ngungu) ; de Kinshasa (les communes de Kimbanseke, Maluku, Masina, Mont – Ngafula, N’djili et Nsele) ; de la province du Sud – Kivu (Walungu). De ces 1002 cobayaux, 182 sont morts durant l’étude dont 120 femelles et 62 mâles.

Les effectifs à la naissance des différents types de croisements étaient : pour les croisements mâles Belgique x femelles Kinshasa : 548 cobayaux dont 288 mâles et 260 femelles ; pour les croisements mâles Bukavu x femelles Kinshasa : 329 cobayaux dont 154 mâles et 175 femelles ; pour les croisements mâles Belgique x femelles Bukavu : 125 cobayaux dont 49 mâles et 76 femelles.

Les animaux étaient nourris avec une ration constituée de la luzerne, de la pomme de terre, du Panicum maximum, d’Euphorbia heterophylla, des tourteaux de coton et de Jatropha curcas, ou d’un fourrage grossier composé de Panicum maximum, Desmodium intortum, Trypsacum laxum et Puelaria sp.

Les animaux étaient élevés dans un bâtiment de 50 m² construit en béton, subdivisé en compartiments faits de bois et de treillis. Les compartiments disposaient de tiroirs garnis des sciures de bois (pour récolter fèces et urines), de mangeoires et d’abreuvoirs.

Méthodes

Après un examen macroscopique de l’état général des animaux : embonpoint, peau et pelage, oreilles, pattes, nez, yeux, lèvres, organes génitaux, on a procédé à des prélèvements d’échantillons à envoyer au laboratoire pour des analyses microscopiques. Les prélèvements étaient effectués à chaque cycle de gestation-sevrage et à chaque renouvellement de la litière une fois par semaine, ainsi que lors des autopsies, aussitôt que des symptômes étaient observés. Méthodologie de prélèvement des échantillons

Pour les ectoparasites

- Observations cliniques des animaux présentant des symptômes atypiques ;

- Prélèvement de croûtes et poils sur les animaux présentant des lésions sur la peau et raclages cutanés superficiels des croûtes à certaines régions du corps : autour de la tête, du dos, de la croupe, région génitale ;

- Les échantillons étaient emballés, numérotés avec un commentaire sur les symptômes puis envoyés au Laboratoire Vétérinaire de Kinshasa ou à l’INRB.

Pour les endoparasites

Ce sont les selles que nous prélevions, mises dans des boîtes de Pétri, numérotées avec un commentaire, puis envoyées au laboratoire pour des examens coprologiques. En ce qui concerne les organes, un examen macroscopique était d’abord réalisé sur place en appréciant les caractéristiques physiques à l’œil nu : couleur (sang digéré ou non), consistance (ferme, molle ou liquide), présence de fragments alimentaires non digérés puis envoi au laboratoire. Des autopsies ont été pratiquées.

Pour les affections bactériennes

Lors des autopsies, on a procédé à l’examen des organes in situ, puis on les a extraits de la cavité abdominale et soumis à l’examen et à la palpation pour apprécier la couleur, la forme, la consistance, la taille et les taches éventuelles. Les morceaux d’organes incriminés étaient prélevés et mis dans des boîtes de Pétri et expédiés au Laboratoire Vétérinaire de Kinshasa ou au laboratoire de l’Institut National de Recherche Biologique (INRB) de Kinshasa pour des analyses anatomopathologiques. Les prélèvements des selles envoyés au laboratoire ont permis l’identification de Streptocoques, de Pasteurelles et de Salmonelles. L’analyse statistique a été effectuée avec le logiciel Excel pour les moyennes et les écart-types.


Résultats

Des 1002 cobayaux obtenus à l’issue de divers croisements, 182 sont morts durant l’étude dont 120 mâles (65,9 %) et 62 femelles (34,1 %) ; soit 18,2 % dans l’ensemble entre la naissance et la 20ème semaine. Suivant la provenance des géniteurs, le taux élevé de mortalités s’observe pour les croisements entre mâles de Belgique et femelles de Kinshasa, comme l’indique le tableau 1 ci-dessous. Les mortalités sont plus élevées entre 0 et 4 semaines (94/182, soit 51,6 %). Au regard du tableau 2 ci-dessous, 53,3 % de mortalités sont dus aux affections parasitaires ; 42,9 % dus aux affections bactériennes et 3,9 % dus à la mortalité périnatale (dystocies).

Tableau 1. Mortalités observées durant l’étude

Age (semaines)

Nombre de cobayaux

Cobayaux morts

Pourcentage

Naissance

1 002

3ème semaine

922

80

8,0

4ème semaine

908

14

8ème semaine

872

36

12ème semaine

854

18

16ème semaine

839

15

20ème semaine

820

19

Total

1 002

182

18,2


Tableau 2. Taux de mortalités et dynamiques pathologiques chez les cobayes en fonction des croisements

Pathologie

Blg x Kin

Bv x Kin

Blg x Bv

Total

Effectif à la naissance

548

329

125

1002

Coccidiose

18

13

5

36

Balantidiose

12

*

*

12

Gale

28

15

6

49

Pasteurellose

13

2

*

15

Streptococcose

33

*

*

33

Mammites

3

5

*

8

Mortalité périnatale

2

3

2

7

Avortement

8

4

10

22

TOTAL

117 (64,3%)

42 (23,1%)

23 (12,6%)

182 (100%)

Taux de mortalité (%)

21,4%

12,8%

18,4%

18,2%

Légende : Blg x Kin : croisement géniteurs mâles de Belgique aux génitrices de Kinshasa ;
Bv x Kin : croisement géniteurs mâles de Bukavu aux génitrices de Kinshasa
Blg x Bv : croisement géniteurs mâles de Belgique aux génitrices de Bukavu ;
* pas de mortalités.

Parmi les affections parasitaires, la gale causée par Trixacarus caviae a été la plus enregistrée pendant les deux saisons. S’agissant des affections bactériennes, la streptococcose due à Streptococcus pneumoniae qui frappe souvent les rongeurs a fait plus de victimes.

Tableau 3. Mortalités et dynamiques pathologiques chez les cobayes en fonction du sexe

Pathologies

Blg x Kin

Bv x Kin

Blg x Bv

Total

Mâle

Femelle

Mâle

Femelle

Mâle

Femelle

Mâle

Femelle

Effectif

288

260

154

175

49

76

491

511

Coccidiose

12

6

8

5

5

*

25

11

Balantidiose

8

7

*

*

1

*

9

7

Gale

9

13

10

5

4

1

23

19

Pasteurellose

8

6

*

2

*

*

7

8

Streptococcose

15

17

*

*

*

*

15

17

Mammites

6

*

5

*

*

*

11

*

Mortalité périnatale

3

*

3

*

2

*

9

*

Avortement

7

*

4

*

10

*

21

*

TOTAL

68

49

30

12

22

1

120

62

Légende : Blg x Kin : croisement géniteurs mâles de Belgique aux génitrices de Kinshas
Bv x Kin : croisement géniteurs mâles de Bukavu aux génitrices de Kinshasa
Blg x Bv : croisement géniteurs mâles de Belgique aux génitrices de Bukavu ;

* pas de données.

Le sexe le plus touché est le sexe mâle, avec 65,9 % ; le sexe femelle l’est moins, 34,1 %.

Tableau 4. Dominantes pathologiques chez les cobayes en fonction des saisons

Pathologies

Blg x Kin

Bv x Kin

Blg x Bv

Total

SP

SS

SP

SS

SP

SS

SP

SS

Effectif

315

233

212

117

79

46

606

396

Coccidiose

12

6

11

2

3

2

26

10

Balantidiose

11

4

*

*

1

*

12

4

Gale

12

10

12

3

3

2

27

15

Pasteurellose

4

9

*

2

*

*

4

11

Streptococcose

21

12

*

*

*

*

21

12

Mammites

5

1

5

*

*

*

10

1

Mortalité périnatale

2

1

3

*

2

1

7

2

Avortement

5

2

4

*

6

3

10

5

TOTAL

72

45

35

7

16

8

122

60

Légende : Blg x Kin : croisement géniteurs mâles de Belgique aux génitrices de Kinshasa ;
Bv x Kin : croisement géniteurs mâles de Bukavu aux génitrices de Kinshasa ;
Blg x Bv : croisement géniteurs mâles de Belgique aux génitrices de Bukavu ;
* pas de données.
SP : saison des pluies ;
SS : saison sèche ;

La saison des pluies s’avère être la plus meurtrière (122/182, soit 67,0 %) par rapport à la saison sèche (60/182, soit 33,0 %). Considérant le taux de mortalités en rapport avec les naissances enregistrées, en saison des pluies : 122/606, soit 20,1 % ; en saison sèche : 60/396, soit 15,1 %.


Discussion

Le taux de mortalité obtenu dans cette étude est de 18,2 % de la naissance à 20 semaines d’âge. Il s’avère que plus de la moitié de mortalités surviennent entre la naissance et 4 semaines (51,6 %). Fosto et al (1995) renseignent un taux de mortalités de 17,6% des jeunes en station au Cameroun. Ngou Ngoupayou et al (1995), toujours au Cameroun, donnent un taux de mortalités de 25 % chez les femelles reproductrices. Au regard de ces données, la présente étude donne un taux dans les limites de l’acceptable.

En ce qui concerne les affections rencontrées chez le cobaye, les affections d’origine parasitaire semblent occuper une place prépondérante (Heri et al 2015). Parmi les affections parasitaires, la gale causée par Trixacarus caviae a été la plus enregistrée pendant les deux saisons, caractérisée par la perte de poils, des croûtes et des démangeaisons comme signes cliniques. Cette affection est de moindre importance en climat tempéré selon Brugère-Picoux (1995) car, elle est classée après plusieurs autres pathologies du cobaye affectant l’appareil respiratoire, le tube digestif, l’appareil uro-génital et le système nerveux. Cependant, Pourtoy (2008) a trouvé que cette pathologie est prépondérante en zone tropicale, notamment à Kinshasa ; ce qui corrobore nos résultats.

Par ailleurs, les autres affections parasitaires observées au cours de notre étude s’avèrent être des protozooses (coccidiose et balantidiose). Elles sont souvent occasionnées par les facteurs environnementaux (graminées mouillées, litière trop souillée, humidité élevée) selon Heri et al (2015). D’après Pourtoy (2008), les mauvaises conditions d’élevage sont les facteurs favorisants.

S’agissant des affections bactériennes, elles ont été responsables de 78 mortalités sur l’ensemble de 182 des cobayes morts soit 42,9 p. 100. La Streptococcose due à Streptococcus pneumoniae qui frappe souvent les rongeurs (Brugère-Picoux 1995) a fait plus des victimes. Ceci est dû au fait que les rongeurs sont sensibles à cette bactérie. Les lésions de la maladie sont observables non seulement au niveau de l’appareil respiratoire mais aussi dans d’autres organes avec lésions de péricardite, d’otite moyenne et/ou interne, de méningite, de péritonite et parfois d’endométrite. Cette pathologie est une zoonose (Brugère-Picoux 1995).

La pasteurellose à Pasteurella pneumotropica est une maladie à caractère septicémique qui frappe les cobayes lorsque les conditions hygiéniques sont défectueuses (poussières dans la litière ou en l’air). Elle se solde par des symptômes de rhinite avec tendance pour l’animal à frotter son nez au sol, de la conjonctivite ou de l’otite (l’animal penche régulièrement son oreille pour soulager le mal).

Les conditions sanitaires déficientes à certaines périodes de l’année, lorsqu’il est difficile de changer tous les deux jours la litière, favorisent plus les mammites dues aux Streptocoques, Staphylocoques et Pasteurelles, en plus des traumatismes provoqués par la succion ou la piqûre des mouches (Brugère-Picoux 1995). Quant aux avortements, ils peuvent relever pensons-nous de bactéries telles que Salmonella typhimurium à la suite d’une contamination fécale des végétaux frais ou de l’eau de boisson.

Mortalités suivant les croisements

Les croisements Blg x Kin ont présenté un taux élevé de mortalités, 117/182, soit 64,28 % des mortalités constatées ; suivis des croisements Bv x Kin, 42/182, soit 23,07 %. Il est admis que certains croisements ne doivent jamais être réalisés car ils sont mortels pour les petits (facteur létal) ; c’est le cas Dalmatien x Dalmatien, Schimmel x Schimmel, Dalmatien x Schimmel, … (Nicoulaz 2015). N’ayant pas procédé à l’identification exacte des races des géniteurs, nous pensons que de tels cas pourraient nous échapper ; il importe à l’avenir d’y accorder une attention particulière.

Mortalités suivant le sexe

Le sexe le plus touché est le sexe mâle, avec 65,9 % ; le sexe femelle l’est moins, 34,1 %. Pourtant, généralement c’est le sexe femelle qui est le plus touché, compte tenu du nombre élevé des femelles par rapport aux mâles (moins nombreux) (Ngou Ngoupayou et al 1995). Dans l’étude présente il s’agit des cobayaux ; le lot de 1002 cobayaux obtenus est composé d’environ autant de femelles que des mâles (sex-ratio à la naissance !).

Mortalités suivant la saison

Relativement au climat, la saison des pluies a enregistré plus d’affections, 122/182 soit 67,0 %, dans les trois types de croisement effectués, par rapport à la saison sèche qui a enregistré 60/182 soit 33,0 %. Des maladies nutritionnelles, parasitaires et infectieuses peuvent affecter les élevages de cobayes en toute saison (Pourtoy 2008 ; Heri et al 2015). La saison des pluies, avec les excès d’humidité, les températures ambiantes basses, les courants d’air froids et souvent les graminées mouillées s’avère être la plus meurtrière (Ngou Ngoupayou et al 1995 ; Fuss 2002). Pendant la saison des pluies, il est d’ailleurs demandé d’intensifier les mesures d’hygiène tant des animaux, des bâtiments, des aliments que de l’eau de boisson.


Conclusion

On peut vulgariser et promouvoir l’élevage du cobaye si les principales causes de mortalité sont jugulées et les conditions sanitaires améliorées.

Les hybrides issus des croisements Belgique x Kinshasa ou Belgique x Bukavu sont plus vulnérables ; leurs taux de mortalités sont plus élevés que ceux des hybrides issus des croisements Bukavu x Kinshasa dont le taux de mortalités s’avère faible, probablement mieux adaptés aux conditions climatiques ; ce sont eux qui devraient être vulgarisés de préférence auprès des caviaculteurs familiaux autour de Kinshasa. . Les premiers peuvent être vulgarisés auprès d’éleveurs avertis car le poids plus élevé compense la mortalité plus forte.


Références

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Received 24 April 2016; Accepted 23 June 2016; Published 1 July 2016

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