Livestock Research for Rural Development 28 (1) 2016 Guide for preparation of papers LRRD Newsletter

Citation of this paper

Variations mensuelles de l’activité sexuelle de la brebis Ouled Djellal élevée dans la région de Chlef, Algérie

Mourad Taherti, Rachid Kaidi1 et Hebib Aggad2

Laboratoire des ressources locales naturelles, Institut des sciences agronomiques, Université Hassiba Benbouali de Chlef,
Boîte postale 15, Chlef, 02000, Algérie
taherti61mourad@yahoo.fr
1 Institut des sciences vétérinaires, Université Saad Dehlab de Blida, Algérie
2 Institut des sciences vétérinaires, Université Ibn Khaldoun de Tiaret, Algérie

Résumé

L’étude a caractérisé l’activité sexuelle de la brebis de race Ouled Djellal en relation avec les conditions climatiques de la région de Chlef (Algérie). 10 brebis Ouled Djellal ont permis d’étudier les variations saisonnières de la progestéronémie et de l’activité œstrale (comportement d’œstrus) pendant 12 mois au cours desquels elles ont été maintenues vides et ont eu tous leurs besoins alimentaires couverts. Des prélèvements sanguins et dosages de la progestérone sérique ont été effectués une fois par semaine. Les chaleurs ont été détectées par exposition 2 heures matin et soir à des béliers. Les résultats ont été rassemblés mensuellement et analysés. Le cycle œstral a été de 18±0,6 jours et les chaleurs ont duré 37,3±5,3 heures. Les concentrations de la progestérone dans le sang ont été élevées toute l’année.

Les concentrations maximales ont été observées d’avril à juillet (2,5±0,3 ng/ml) et les concentrations minimales de décembre à février (1,55±0,2 ng/ml). L’activité œstrale (comportement d’œstrus) a suivi des variations semblables à la progestéronémie : la proportion des brebis ayant manifesté un comportement d’œstrus était de 8 sur 10 en juillet (maximum) et de 4 sur 10 (minimum) de décembre à février. Ces résultats montrent que la brebis Ouled Djellal présente un comportement différent de celui de la plupart des races de brebis en Europe et en Amérique du Nord : une activité sexuelle toute l’année avec une diminution en automne et une augmentation en printemps/ été. Il semble qu’il existe chez la brebis Ouled Djellal bien nourrie, un rythme de sécrétion circannuel de la progestérone soumis aux variations normales surtout de la photopériode et de la température.

Mots-clés: oestrus, ovin, photopériode, progestérone, reproduction, saison



Monthly variations of the sexual activity of the ewe Ouled Djellal raised in the region of Chlef, Algeria

Abstract

The study characterized the sexual activity of the ewe Ouled Djellal in relation to the environmental conditions of the area of Chlef (Algeria). A sample of 10 ewes of the race Ouled Djellal was selected to study the seasonal variations of the progesteronemy and the oestrus activity (behavior of oestrus). The experiment lasted 12 months during which the ewes were maintained empty. Blood samples and proportioning of plasmatic progesterone were carried out each week. Heats were detected by twice-daily exposure (morning and evening) to the rams. The results of the parameters were gathered monthly and analyzed.

The oestrus cycle was of 18±0,6 days and heats lasted 37,3±5,3 hours. It seems that there exists a circanual rhythm of progesterone secretion in ewe Ouled Djellal, subjected to the normal variations of the photoperiod and the temperature. The maximum concentrations of progesterone were observed during the months from April to July (2,5±0,3 ng/ml). The minimal concentrations were recorded from December to February (1,55±0,2 ng/ml). The oestrus activity (behavior oestrus) followed the same variations as the progesterone. Indeed, the proportion of the ewe having expressed a behavior of oestrus is 80% in July (maximum value) and 40% from December to February (minimum value). These results show that the ewe Ouled Djellal presents a particular behavior: a reduction in its sexual activity in autumn and an increase in this one in spring/summer. This profile of variation is different from that of the majority of the other races of ewe of Europe and North America. It seems that the well fed Ouled-Djellal ewe has a circanual secretion rhythm of progesterone submitted to the normal variations of the photoperiod mainly and also of temperature.

Key words: oestrus, sheep, photoperiod, progesterone, season, reproduction


Introduction

La variation de l’activité sexuelle de la brebis bien nourrie comme la durée et l’intensité de son anœstrus semblent être liées aux conditions climatiques, surtout au photopériodisme. Si ce dernier facteur a été très étudié ailleurs (Ortavant et al 1988 ; Chemineau et al 1992; Malpaux et al 1996 ; Katherine 2008), il reste sous les conditions algériennes mal connu. Dans la région de Chlef, au nord de l’Algérie, les brebis sont conduites pour leur majorité en élevage extensif, et sont soumises à des périodes photopériodiques très variables. A ce niveau, il nous a paru intéressant de mettre en évidence d’éventuelles variations de l’activité sexuelle de la brebis de la race Ouled Djellal élevée dans la région de Chlef aux conditions climatiques différentes des autres régions d’Algérie et par là, de déterminer les périodes de plus grandes potentialités reproductives de nos races locales.


Matériel et méthodes

Milieu

L’étude à été réalisée au niveau de la station expérimentale de l’Institut d’agronomie, située à 10 km de la ville de Chlef, dont la latitude est de 36° N, au nord de l’Algérie, à 200 kilomètres de la capitale Alger. Cette région est connue par son climat méditerranéen de type semi-aride. Il y a quatre saisons : hiver (décembre, janvier février), printemps (mars, avril, mai), été (juin, juillet, août), et automne (septembre, octobre et novembre). Les températures minimales sont 10,6 ± 2,2°C en décembre et maximales 30,5 ± 3,3°C en août. La pluviométrie moyenne annuelle est de 44,7 ± 5,1 mm, avec des pluies surtout en hiver et au printemps. Le tableau 1 représente les variations mensuelles moyennes de la température, de l’humidité et de la photopériode.

Tableau 1: Moyennes mensuelles de la température, de l’humidité et de la photopériode (durée du jour) pendant la durée d’étude

Mois

Jan.

Fév.

Mars

Avr.

Mai

Juin

Juit.

Août

Sep.

Oct.

Nov.

Déc.

Température (°C)

11

11,4

14,7

14,5

23

27,9

30,3

30,5

25,9

21,2

13,4

10,6

Durée du jour (h)

9,75

10,83

11,93

12,5

13,93

14,5

14,33

13,6

12,5

11,7

10,2

9,83

Humidité (%)

79,3

67,1

66,7

71,5

51,5

49

40

41

52

62

72

78

Animaux

Un lot de 10 brebis adultes de la race Ouled Djellal a été choisi pour cette expérimentation. Leur âge était compris entre 2 et 3 ans et le poids entre 50 et 55 kg (52,5 ± 1,1 kg). Les brebis ont été gardées durant toute la durée de l’étude en stabulation libre et ont reçu une alimentation composée de foin de vesce avoine à volonté et de 600 g de concentré d’orge par tête et par jour. L’abreuvement était assuré à volonté.

Mesures effectuées

L’activité sexuelle de la brebis Ouled Djellal a été caractérisée par le dosage de la progestérone et le contrôle de l’activité œstrale. La mesure de l’activité ovarienne a été réalisée à partir de l’analyse des niveaux sériques de la progestérone, déclarant effective une brebis en activité sexuelle à partir d’une concentration≥ 0,5 ng/ml (Akchiche 1981 ; L’Anson et Legan 1988 ; Thimonier 2000). La progestérone a été analysée dans le sérum sanguin, prélevé chaque semaine pendant une année, par ponction au niveau de la veine jugulaire. La concentration de la progestérone a été mesurée selon la technique ELISA (kit de progestérone) (Gündogan 2007 ; Saidani et al 2012). L’activité œstrale a été évaluée par une détection minutieuse des chaleurs par une exposition biquotidienne (de 8 h à 10h le matin et de17 h à 19 h le soir) des brebis à un mâle muni d’un tablier. L’immobilisation de la brebis au chevauchement du bélier est caractéristique du comportement d’œstrus (Mauléon et Dauzier 1965 ; Colas 1979 ; Avdi et al 1993). Le calcul du nombre mensuel des brebis qui présentent au moins un œstrus détecté est le critère d’évaluation de l’activité œstrale (Gibson and Robinson 1971 ; Colas 1979).


Résultats

L’alimentation améliorée a permis de maintenir un poids vif satisfaisant et peu variable.

Variations saisonnières de la progestéronémie

Le taux moyen de progestérone dans le sang a été élevé tout au long de l’année et toujours supérieur à 0,5 ng/ml. Mais la concentration moyenne mensuelle de la progestérone de la brebis Ouled Djellal a présenté des variations saisonnières importantes (tableau 2).

Tableau 2: Variations mensuelles de la progestéronémie chez la brebis Ouled Djellal

Mois

Jan.

Fév.

Mars

Avr.

Mai

Juin

Juit.

Août

Sep.

Oct.

Nov.

Déc.

Progestéronémie
(ng/ml)

1,58 ± 0,12

1,40 ± 0,21

1,60 ± 0,15

2,27 ± 0,16

2,35 ± 0,25

2,38 ± 0,16

2,50 ± 0,35

2,38 ± 0,18

1,82 ± 0,26

1,80 ± 0,80

1,75 ± 0,75

1,67 ± 0,55

Elle est faible de décembre à février ; elle se situe autour de 1,55±0,29 ng/ml. Elle augmente significativement d’environ 30% (P< 0,01) du mois d’avril à août et atteint sa valeur maximale au mois de juillet (2,5±0,35 ng/ml). Elle diminue à partir de septembre jusqu’au mois de février, pour atteindre une moyenne de 1,67±0,45 ng/ml, accusant une baisse de 33%.

Cette variation paraît se dérouler en deux temps, une élévation du mois d’avril à août ; elle atteint son pic saisonnier au mois de juillet. Elle baisse en automne-hiver et atteint son minimum saisonnier au mois de février (Figure 1). Ce patron de variation correspond à celui de la race Barbarine et Queue Fine de l’Ouest en Tunisie (Khaldi 1984 ; Lassoued et Khaldi 1995), et d’autres races ovines de l’hémisphère Nord (Thimonier et al 1969 ; Malpaux et al 1988) et de la brebis Peuth au Niger (Yenikoye A 1984).

Figure 1: Profil de variations mensuelles de la progestéronémie chez la brebis Ouled Djellal

Chez la brebis Ouled Djellal élevée dans la région de Chlef, la progestéronémie moyenne mensuelle est toujours élevée et supérieure à 0,5 ng/ml. Ceci suggère que la sensibilité du complexe hypothalamo-hypophysaire aux stéroïdes ovariens change peu suivant les périodes favorables et défavorables de l’activité sexuelle, contrairement aux brebis de races européennes. Cela peut être dû aussi au fait que plus on se rapproche de l’équateur et plus les variations mensuelles de la photopériode sont faibles (à l’équateur la photopériode est constante toute l’année). Il y a aussi une évolution parallèle de l’activité reproductrice et des températures moyennes mensuelles (tableaux 1 et 2).

Variations saisonnières de l’activité œstrale

Les variations du nombre de brebis en œstrus (nombre de brebis manifestant au moins un œstrus) par mois et le nombre total d’oestrus observés sur les 10 brebis par mois sont indiquées dans le tableau 3.

Tableau 3: Variations mensuelles des brebis manifestant un comportement d’oestrus et nombre total d’oestrus

Mois

Jan.

Fév.

Mars

Avr.

Mai

Juin

Juit.

Août

Sep.

Oct.

Nov.

Déc.

Nombre de brebis en œstrus /10

4

4

5

6

7

7

8

6

6

6

5

4

Nombre d’oestrus des 10 brebis

4

5

5

8

8

9

9

6

6

6

5

4

Les résultats montrent que l’activité œstrale suit les mêmes variations que la progestéronémie. La proportion des brebis ayant manifesté un comportement d’oestrus est de 8 sur 10 au mois de juillet (valeur maximale) et de 4 sur 10 (valeur minimale) de décembre à février. A partir du mois de mars, la proportion des brebis cycliques s’élève à 5 sur 10 au mois de mars pour atteindre 8 sur 10 au mois de juillet. Cette proportion baisse de nouveau à partir du mois d’août (6 sur 10) pour arriver à un minimum de 4 sur 10 au mois de février (figure 2). Aussi, le nombre total d’oestrus le plus élevé a été observé durant les mois d’avril à juillet (figure 2). Des répétitions des signes de chaleurs ont été enregistrées chez certaines brebis en particulier les plus jeunes (2 ans). La photopériode longue semble responsable du déclenchement de l’oestrus chez une importante partie des brebis.

Figure 2: Variations mensuelles du nombre de brebis en oestrus et nombre total d’oestrus

La durée du cycle œstral obtenue chez les brebis Ouled Djellal dans la présente étude a été de 18,0±0,6 jours (Tableau 4) . Cette durée est incluse dans l’intervalle théorique des durées de cycle de 16 à 21 jours rapportés dans la littérature pour l’espèce ovine (Boudjenane 2006). La durée moyenne de 18,0±0,6 jours est comparable à la durée de 18,3±0,7 jours obtenue chez les brebis locales Oudah du Niger (Gaillard 1979), chez les brebis Djallonké (18,1±0,92 jours) au Bénin (Hounzangbe-Adote 2014) et chez les brebis Beni Guil (18 jours) et Sardi (18,3jours) au Maroc (Boudjenane 2006). Une durée du cycle longue de 23±0,9 jours a été enregistrée chez une seule brebis. Un cycle court d’une durée de 10,6±0,6 jours a été enregistré chez une seule autre brebis.

La durée moyenne de l’oestrus observée a été de 37,3±5,3 heures dans cet essai. Elle est similaire à celles obtenues par plusieurs auteurs chez d’autres races ovines. Ainsi, chez la brebis Djallonké au Burkina Faso, une moyenne de 38,4±36,6 heures a été rapportée (Boly et al 2000) et une moyenne de 30,4±2,4 heures a été enregistrée chez les brebis du désert au Soudan (Makawi et Manahit 2007). La durée de l’oestrus ne semble pas influencée par l’âge et le poids comme il est rapporté par de nombreux auteurs (Hanzen 1981 ; Boly et al 1992; Zongo et Meyer 2009). La variabilité de la durée de l’oestrus entre les brebis semble influencée par le mois de l’année.

Le nombre moyen d’oestrus mensuel pour 10 brebis a été de 7. Cependant, des écarts entre brebis ont été enregistrés, les jeunes brebis (2 ans) ont eu un nombre total d’oestrus plus important (8 et 9) contrairement aux brebis âgées (3 ans). Ceci montre l’effet de l’âge sur le comportement d’oestrus des brebis comme il a été décrit par Boly et al (1992).

Tableau 4: Durée du cycle œstral et durée de l’oestrus des brebis Ouled Djellal

Brebis

Age
(an)

Poids vif
(kg)

Durée de
l’œstrus (h)

Nombre
d’oestrus

Durée du
cycle œstral (j)

1

2

50,0±0,8

32,1±5,1

8

18,0±0,8

2

2

52,7±0,6

33,3±3,2

8

17,2±0,3

3

2

54,2±0,9

36,3±6,4

9

10,6±0,6

4

3

55,0±1,0

44,6±6,3

6

23,0±0,9

5

3

50,7±0,7

40,0±4,7

6

19,0±0,4

6

2

50,0±1,0

28,9±4,5

8

17,0±0,4

7

3

53,2±0,5

39,3±7,0

5

19,0±0,5

8

3

54,4±2,1

40,8±6,2

6

18,1±0,6

9

2

51,1±1,7

45,2±4,2

9

21,3±0,7

10

3

52,0±0,6

31,7±3,9

5

16,1±0,2

Total

2,5±0,6

52,5±1,7

37,3±5,3

7,7 ±1,6

18,0±0,6

Cette étude confirme que l’observation biquotidienne (2 fois 2 h) des manifestations des cycles sexuels par l’utilisation d’un bélier muni d’un tablier permet d’identifier une importante partie des brebis en oestrus. Elle confirme aussi, que les brebis de la race Ouled Djellal ont un cycle œstral similaire à ceux de nombreuses autres races ovines.

Il semblerait que l’étalement de l’activité ovarienne sur toute l’année et l’absence d’une période d’anoestrus continue et marquée soit une caractéristique de la brebis Ouled Djellal en Algérie. Cette caractéristique est analogue à celle de la race Barbarine et Noire de Thibar en Tunisie (Khaldi 1984 ; Lassoued et Khaldi 1995) et la race Tadmit (Ammar Khodja 1981), la race D’man (Boubekeur et al 2015), la race Ouled Djellal (Benyounes et Lamrani 2013) respectivement dans le sud et l’est de l’Algérie et la brebis Peuhl au Niger (Yenikoye, 1984).


Discussion

Placée dans des conditions nutritionnelles adéquates, la brebis de la race Ouled Djellal présente une activité reproductrice toute l’année, avec des variations parallèles à la durée du jour de la région d’étude (tableau 5). Il existe un décalage d’environ 1 mois entre la durée du jour maximale et l’activité sexuelle maximale des brebis.

Tableau 5: Variations mensuelles des paramètres étudiées et de la photopériode (durée du jour) chez la brebis Ouled Djellal

Mois

Jan.

Fév.

Mars

Avr.

Mai

Juin

Juit.

Août

Sep.

Oct.

Nov.

Déc.

Progestéronémie (ng/ml)

1,58 ± 0,12

1,4 ± 0,12

1,6 ± 0,15

2,27 ± 0,16

2,35 ± 0,25

2,38 ± 0,16

2,5 ± 0,35

2,38 ± 0,18

1,82 ± 0,25

1,80 ± 0,28

1,75 ± 0,75

1,67 ± 0,55

Nombre de brebis en œstrus

4

4

5

6

7

7

8

6

6

6

5

4

Durée du jour (h)

9 ,75

10 ,83

11,93

12,5

13,93

14,5

14,33

13,6

12,5

11,7

10,22

9,83

Les concentrations de la progestéronémie et de la fréquence des oestrus maximales sont observées au printemps et l’été (de mars à juillet) quand la durée du jour est la plus longue. Les valeurs minimales de la progestéronémie et de l’œstrus coïncident avec les jours les plus courts (automne et hiver) (figure 3).

Figure 3: Variations saisonnières de l’activité reproductrice de la brebis Ouled Djellal et de la durée du jour

La distribution des mises basse des petits ruminants au cours de l’année varie avec la latitude (Zongo et Meyer 2009). Lorsque la latitude est forte ou moyenne (Europe, Amérique du Nord, etc.), ovins et caprins ont des mises bas surtout en fin d’hiver et début du printemps. Par contre les agnelages ont lieu toute l’année chez les races tropicales ou subtropicales (Baril et al. 1993). C’est le cas de la brebis Ouled Djellal en Algérie, qui a une activité sexuelle toute l’année, mais avec des variations selon les mois.

Chez d’autres races ovines étudiées dans les régions tempérées et froides (Thimonier et al 1978 ; Legan and Karsch 1980), la durée du jour est le principal facteur de l’environnement qui module le rythme de l’activité sexuelle. Ces observations vont dans le même sens que celles de Rosa (2003) (à Readings, Angleterre, 51°27 N) et Katherine (2008)(race Suffolk en Virginie à une latitude de 36°N, voisine de celle de la région de Chlef), qui ont montré que l’activité sexuelle est plus faible durant les mois d’automne et d’hiver, et s’élève au printemps et en été. L’influence des facteurs de l’environnement, notamment de la photopériode et l’existence d’une cyclicité endogène de l’activité hypothalamo-hypophyso-gonadique n’est pas à écarter. On peut alors penser que les variations de la longueur du jour interviennent pour accentuer les modifications cycliques de l’activité reproductrice de ces animaux en tant que "synchroniseur d’un rythme circannuel endogène"(Hasting et al 2006 ; Chemineau et al 2009 ; Chalivoix 2010).

En ce qui concerne le mécanisme, on a constaté que le taux de mélatonine dans le sang varie avec la durée de la nuit. Ces variations de la mélatonine agissent au niveau de l'hypothalamus, et entraînent une sécrétion de GnRH suivie de pics de LH plus nombreux. La photopériode règle ainsi le rythme de l'activité sexuelle en modifiant à 12 mois le cycle de l'horloge interne qui est de 8-10 mois. L'action de la photopériode sur l'activité sexuelle se produit avec un retard estimé entre 40 et 60 jours chez les ovins (Meyer C 2009).

Une faible variation saisonnière de l’activité du complexe hypothalamo-hypophysaire à libérer de la LH et FSH et le rétrocontrôle de ces hormones par les stéroïdes ovariens, pourrait expliquer la faible intensité voire l’absence de l’anoestrus saisonnier chez cette race. L’hypothèse que l’activité reproductrice de la brebis Ouled Djellal est contrôlée surtout par le rythme endogène de libération des hormones est soutenue. Ce rythme de reproduction est semblable à celui de la brebis Suffolk (Robinson and Karsch 1984 ; Malpaux et al 1988).

Il y a aussi une évolution parallèle de l’activité reproductrice et des températures moyennes mensuelles. Mais beaucoup d’auteurs ont signalé que sous les latitudes moyennes (cas de la région de Chlef) et élevées, l’environnement thermique n’est pas un entraîneur principal de l’activité sexuelle, et les fluctuations de la température n’altèrent pas le patron de reproduction des ovins (Wodzika-Tomaszewska et al 1967 ; Sawyer, 1983). Les effets de la température semblent plutôt étroitement liés à une augmentation de la température corporelle des animaux. Mais la race Ouled Djellal semble peu affectée par les fortes températures de l’été.


Conclusion


Bibliographie

Akchiche O 1981 Variations saisonnières des concentrations plasmatiques en progestérone et en LH (hormone lutéinisante) chez la brebis de race Ouled Djellal, en Algérie. Thèse de doctorat, France, 131p.

Ammar Khodja F 1981 Variations saisonnières de la progestéronémie chez la brebis de la race Tadmit en Algérie. Thèse de doctorat, France, 156 P.

Avdi M, Driancourt M A et Chemineau P 1993 Variations saisonnières du comportement d’oestrus et de l’activité ovulatoire chez la brebis Chios et Serres en Grèce. Reproduction Nutrition Development, volume 33(1), pp 15-24. https://hal.inria.fr/file/index/docid/899570/filename/hal-00899570.pdf

Baril G, Chemineau P, Cognie Y, Guérin Y, Leboeuf B, Orgeur P et Vallet J C 1993 Manuel de formation pour l'insémination artificielle chez les ovins et les caprins. [Training manual for artificial insemination at the sheep and goats]. Rome, FAO. Etude FAO, Production et Santé Animales, n° 83, 235p. ftp://ftp.fao.org/docrep/fao/009/t0121f/t0121f.pdf

Benyounes A et Lamrani F 2013 Anoestrus saisonnier et activité sexuelle chez la brebis Ouled Djellal. Livestock Research for Rural Development, volume 25 (8). http://www.lrrd.org/lrrd25/8/beny25141.htm

Bittman E L, Dempsey R J and Karsch F J 1983 Pineal Melatonin secretion drives the reproductive response to day length in the ewe. Endocrinology, volume 113(6), pp 2276-2283. http://www.ncbi.nlm.nih.gov/pubmed/6641634

Boly H, Magagi L, Konate T, Viguier-Martinez M C et Yenikoye A 1992 Cycle œstral et croissance folliculaire de la brebis Djallonké variété Mossi. Revue de l’Elevage et de Médecine Vétérinaire des Pays Tropicaux, volume 45 (3-4), pp 335-340. http://remvt.cirad.fr/cd/EMVT92_3-4.PDF

Boly H, Peneme M L, Swadogo L, Sulon J, Beckers J F et Leroy P L 2000 Effet- dose- réponse de la gonadotrophine (PMSG) sur la reproduction de la. brebis Djallonké variété ‘Mossi’. Tropicultura, volume 18 (3), pp 126-129. http://www.tropicultura.org/text/v18n3/126.pdf

Boubekeur A, Benyoucef M T, Lounassi M, Slimani A and Amiali M 2015 Phenotypic characteristics of Algerian D’man sheep breed in Adrar Oases. Livestock Research for Rural Development, volume 27 (7). http://www.lrrd.org/lrrd27/7/beny27120.html

Boudjenane L 2006 Reproduction and production performance of Moroccan sheep breeds. Perspectives in agriculture, veterinary Science, Nutrition and Natural Ressources, volume 14, pp 1-18. http://www.boujenane.com/phocadownload/articleS/aba747.pdf.

Charlivoix S 2010 Transition photopériodique et plasticité neuronale dans l’hypothalamus ovin: aspects neuranatomiques et fonctionnels. Thèse de doctorat, Université François Rabelais de Tours, France, 155P http://www.applis.univ-tours.fr/theses/2010/stephanie.chalivoix_3319.pdf

Chemineau P, Malpaux B, Guérin Y, Maurice F, Daveau A et Pelletier J 1992 Lumière et mélatonine pour la maîtrise de la reproduction des ovins et des caprins. Annales de Zootechnie, volume 41, pp 247-261. https://hal.archives-ouvertes.fr/hal-00888837/document

Chemineau P, Malpaux B, Brillard J P et Fostier A 2009 Saisonnalité de la reproduction et de la production chez les poissons, oiseaux et mammifères d’élevage. INRA Production Animale, volume 22 (2), pp 77-90. file:///C:/Users/PC/Downloads/Prod_Anim_2009_22_2_02%20(1).pdf

Colas G 1979 Fertility in the ewe after al with fresh and frozen semen at the inducted oestrus and influence of semen quality of the ram. Livestock Science,volume6 (2), pp153-166. http://www.livestockscience.com/article/0301-6226(79)90017-4/pdf

Gaillard Y 1979 Caractéristiques de la reproduction de la brebis 0udah. Revue de l’Elevage et de Médecine Vétérinaire des pays Tropicaux., volume 32 (3), pp 285-290. http://remvt.cirad.fr/cd/EMVT79_3.PDF

Gibson W R and Robinson T J 1971 The seasonal of reproductive phenomena in the sheep. I. Variations in sensitivity to estrogen. Journal of the Society for Reproduction and Fertility, volume 24(1), pp 9-18. http://www.reproduction-online.org/content/24/1/9.long

Gündogan M 2007 Seasonal variation in serum testosterone, T3 and andrological parameters of two Turkish sheep breeds. Small Ruminant Research, 67(2-3), pp 312-316.

Hanzen C 1981 L’oestrus : Manifestations comportementales et méthodes de détection. Annales de Médecine Vétérinaire., volume 125, pp 617-633. http://orbi.ulg.ac.be/bitstream/2268/13456/1/1981%20Hanzen%20Ann%20Med%20Vet%20Detection%20oestrus.pdf

Hastings M H, Herbert J, Martensz D and Roberts A C 2006 Animal reproductive rhythms in mammals: Mechanics of light. Annals of the New York Academy of Sciences, volume 453(1), pp 182-204.

Hounzangbe-Adote M S 2014 Etude du cycle œstral chez la brebis Djallonké. FA0 Document, pp 1-10. http://www.fao.org/wairdocs/ilri/x5472b/x5472b0c.htm

Katherine M J 2008 Characterization of seasonal reproduction in Virginia line, St Croix, and Suffolk ewes. Thèse de doctorat, Université de Virginia, USA, 140 p. http://scholar.lib.vt.edu/theses/available/etd-08142008-141507/unrestricted/Dissertation2.pdf

Khaldi G 1984 Variations saisonnières de l’activité ovarienne, du comportement d’oestrus et de la durée de l’anoestrus post partum des femelles ovines de race Barbarine : influence du niveau alimentaire et de la présence du mâle. Thèse de doctorat, Université des sciences techniques de Languedoc, France, 168 p.

L’Anson H and Legan S J 1988 Changes in LH pulse frequency and serum progesterone concentrations during the transition to breeding season in ewes. The Journal of Society for Reproduction and Fertility, volume 82, pp 341-351. http://www.reproduction-online.org/content/82/1/341.full.pdf

Lassoued N et Khaldi G 1995 Variations saisonnières de l’activité sexuelle des brebis de races Queue Fine de l’Ouest et Noire de Thibar. CIHEAM, Cahiers Options Méditerranéennes, volume 6, PP 27-34 http://om.ciheam.org/om/pdf/c06/95605382.pdf

Legan S J and Karsch F J 1980 Photoperiodic control of seasonal breeding in ewes: modulation of the negative feed-back action of oestradiol. Biology of reproduction, volume 23, pp 1061-1068.www.biolreprod.org/content/23/5/1061.full.pdf

Makawi S A and Manahil Z A 2007 Fertility response of deserts ewes to hormonal estrus synchronization and artificial insemination using Fresh diluted semen. Journal of Animal and Veterinary Advances., volume 6(3), pp 385-391. http://docsdrive.com/pdfs/medwelljournals/javaa/2007/385-391.pdf

Malpaux B, Wayne Nancy L and Karsch F J 1988 Termination of the breeding season in the Suffolk ewe: involvement of an endogenous rhythm of reproduction. Biology of Reproduction, volume 39, pp 254-263. www.biolreprod.org/content/39/2/254.long

Malpaux B, Viguie C, Thiéry J C et Chemineau P 1996 Contrôle photopériodique de la reproduction. INRA Production Animale, volume 9(1), pp 9-23. https://www6.inra.fr/productions-animales/1996-Volume-9/Numero-1-1996/Controle-photoperiodique-de-la-reproduction

Martin G B, Oldham C M and Lindsay D R 1980 Increased plasma LH levels in seasonally anovular Merino ewes following the introduction of rams. Animal Reproduction Science, volume 3 (2) : pp 125-132. http://www.sciencedirect.com/science/article/pii/0378432080900391

Mauléon P et Dauzier L 1965 Variations de la durée de l’anoestrus de lactation chez les brebis de race Ile de France. Annales de Biologie Animale et de Biochimie Biophysique, volume 5(1), pp 131-143. https://hal.inria.fr/file/index/docid/896279/filename/hal-00896279.pdf

Meyer C 2009 La photopériode et la mélatonine chez les herbivores domestiques. Note bibliographique. Montpellier, France, Cirad, 22 p. http://agritrop.cirad.fr/550490/1/document_550490.pdf

Ortavant R, Bocquier F, Pelletier J, Ravault P, Thimonier J and Valland-Nail P 1988 Seasonality of reproduction in sheep and its control by photoperiod. Australian Journal of Biological Sciences, volume 41, pp 69-85.

Robinson J E and Karsch F J 1984 Refractoriness to inductive day lengths terminates the breeding season of the Suffolk ewe. Biology of Reproduction, volume 31 (4), pp 656-663 http://www.biolreprod.org/content/31/4/656.long

Rosa H J D and Bryant M J 2003 Seasonality of reproduction in sheep. Small Ruminant Research, volume 48, pp 155-171. http://www.sciencedirect.com/science/article/pii/S0921448803000385

Saidani F, Slimane N, Khaldi S et Chettoui C 2012 Dosages de la progestérone et de la PSPB pour le suivi et l’analyse des résultats de l’insémination des vaches laitières des zones montagneuses et forestières du nord ouest de la Tunisie. Revisita Electronica de Vetrinaria,volume 13, N° 10, pp 1-18. http://www.veterinaria.org/revistas/redvet/n101012/101214.pdf

Sawyer G J 1983 The influence of radiant heat load on reproduction in the Merino ewe. Dans Reproduction des ruminants en zone tropicale, Réunion Internationale, les Colloques de l’INRA (no 20). INRA, Pointe-à-Pitre, Guadeloupe, 225-235. http://www.researchgate.net/publication/248895813_

Thimonier J, Mauléon P, Bézard J, Dériveurs M M et Cornu C 1969 Variations saisonnières du comportement d’œstrus et des activités ovariennes et l’hypophysaire chez les ovins. Annales de Biologie Animale et de Biochimie Biophysique, volume 9(2), pp 233- 250. http://hal.inria.fr/file/index/docid/899570/filename/hal

Thimonier J, Ravault J P, Ortavant R, Poulain N and Beguéy A 1978 Plasma prolactin variations and cyclic ovarian activity in ewes submitted to different light regimens. Annales de Biologie Animale et de Biochimie Biophysique, volume 18(5), 1229-1235. http://hal.archives-ouvertes.fr/hal-00897406/document

Thimonier J 2000 Détermination de l’état physiologique des femelles par analyse des niveaux de progestérone. INRA Production Animale, volume 13 (3), pp 177-183. file:///C:/Users/PC/Downloads/Prod_Anim_2000_13_3_03.pdf

Wayne N L, Malpaux B and Karsch F J 1989 Social cues can play a role in timing onset of the breeding season of the ewe. The Journal of the Society for Reproduction and Fertility, volume 87, pp 707-713. http://www.reproduction-online.org/content/87/2/707.long

Wodzicka-Tomaszewska M, Hutchinson J C and Bennett J W 1967 Control of the annual rhythm of breeding in ewes: effects of an equatorial day length with reversed thermal seasons. Journal of Agricultural sciences, volume 68: pp 61 –67.

Yenikoye A 1984 Variations annuelles du comportement d’oestrus du taux et des possibilités d’ovulation chez la brebis Peuth du Niger. Reproduction Nutrition Développement, volume 24(1), pp 11-19. http://rnd.edpsciences.org/articles/rnd/pdf/1984/01/RND_0181-1916_1984_24_1_ART0002.pdf

Zongo M et Meyer C 2009 Variations saisonnières de la reproduction des ovins. Synthèse. Annales de l'Université de Ouagadougou, Série C, Volume 007, 25 p.


Received 23 October 2015; Accepted 3 December 2015; Published 2 January 2016

Go to top