Livestock Research for Rural Development 25 (6) 2013 Guide for preparation of papers LRRD Newsletter

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Performances de production laitière et de reproduction des élevages bovins laitiers, en zone semi-aride: les plaines du haut Cheliff, Nord de l’Algérie

M A Belhadia* et H Yakhlef**

* Institut des sciences Agronomiques, université de Chlef (BP 151. 02000) Algérie.
m.belhadia@yahoo.fr
** Ecole nationale supérieure Agronomique d’El harrach (ENSA), Algérie
h.yakhlef@ina.dz

Résumé

Les plaines du haut Cheliff situées en zone tellienne semi aride  du nord de l’Algérie reçoivent une pluviométrie moyenne inferieure à 400 mm par an. Les capacités de production agricole de ces plaines sont totalement dépendantes des ressources hydriques et de leurs mobilisations dans ce périmètre irrigué. L’élevage bien  implanté dans la région reste néanmoins basé sur une agriculture pluviale. Les élevages bovins laitiers en production sont à plus de 90% constitués de races laitières améliorées. L'introduction de ces races a débuté dés l'époque coloniale et se poursuit à ce jour. L’objectif de notre étude est d’analyser les différentes contraintes liées a la production du lait de vache dans les exploitations de la région, par le contrôle laitier et le suivi de quelques élevages. Nous avons fait le choix de 15 exploitations d'élevage, de manière aléatoire sur un nombre totale de 72 élevages bovins laitiers spécialisés. Les 15 exploitations sont toutes situées dans la zone de plaine du haut Cheliff, elles ont été sélectionnées sur la base de la stabilité de l'activité de production laitière et la volonté de coopération des éleveurs. Ces exploitations livrent en totalité ou en grande partie leurs productions laitières aux deux laiteries de la wilaya (District). Les performances et les modalités actuelles de production laitière  dans les 15 étables ont été étudiées d’Avril 2007 à Juillet 2009. Les élevages suivis totalisent un effectif bovin de 220 vaches présentes.Un bilan de gestion technique de l'atelier des vaches laitières a été établi pour chacune durant 24 mois. La composition des troupeaux bovins et la proportion de vaches dans l'ensemble du troupeau ont été enregistrées. Les performances de production laitière, de reproduction ainsi que les quantités d'aliments distribués par vache, ont été mesurées à chaque passage mensuel.

La production laitière moyenne économique est de 9,78 kg par vache et par jour, l'alimentation des vaches laitières est fortement tributaire des apports de concentrés qui représentent une part non négligeable de l'apport énergétique global. L'intervalle moyen entre deux vêlages est de 351 jours et l'intervalle moyen vêlage - saillie est de 74 jours.

Mots clés: adaptation des races laitières introduites, contrôle laitier, potentiel génétique, productivité, suivi d’élevage, vêlage



Milk production and reproduction in dairy cattle farms in the semi-arid region: the “haut Cheliff” plains in northern Algeria

Abstract

The agricultural production capacity of ‘’HautCheliff ’’plain (located in semi-arid zone of northern Algeria) is totally dependent on water resources and their mobilizationin the irrigated (receive an average rainfall of between 300mmto 400 mmyear).The breeding present in the region is nevertheless based on rainfed agriculture.Dairy farmsin production are more than 90% and consist o fimproved dairy breeds(their introduction began dicecolonial and continues to this day).The objective of our study is to analyze the various constraints related to the production of milk, by the control and monitoring of a few dairy farms. For this, we have selected (at  random), 15 farms among the 72dairyfarmsspecialized. The 15 farms are all situated in the plain area of “Haut Cheliff”, they were selected on the stability of the dairy activity and willingness to cooperate breeders. These farms deliver all their production to two dairies in the district. Performance and modes of milk production in the 15 stables were studied from April 2007 to July 2009. Farms studied contain 220 dairy cows.An assessment of technical management of dairy herds was conducted for each farm for 24 months. Cattle herd composition and proportion of cows in the whole herd was registered. Performance of milk production, reproduction and quantities of fodder distributed per cow were measured month lyateach passage.

The average milk production was 9.78 kg per cow per day. Feeding was heavily dependent on inputs of concentrates.  The average interval between calvings was 351 days and the average interval from calving to mating was 74 days.

Keywords: adapting dairy breeds introduced, DHI, genetic potential, productivity


Introduction

La filière  lait en Algérie, fortement extravertie au vu  des importations massives  de lait et de produits laitiers, se trouve dans une éternelle transition en raison surtout d'une  faible intégration de la production laitière nationale. Le taux de collecte national est estimé à 10 % en moyenne ces dix dernières années (Boumghar 2000, Bencharif  2001, Abdeljalil 2005).

Le développement de cette filière est conditionné par l’émergence en amont d’un élevage laitier en mesure d’assurer les approvisionnements nécessaires en lait cru. Le potentiel de production est important au vu des efforts déployés par les pouvoirs publics en matière d'importation de vaches de races laitières améliorées (Holstein frisonne, Montbéliarde et autres …). Ce potentiel reste néanmoins mal exprimé surtout en l'absence de tout contrôle.

Les plaines du haut Cheliff situées en zone tellienne semi aride  du nord de l’Algérie reçoivent une pluviométrie moyenne comprise entre  300 mm à 400 mm par an ( Medi, 2008). La production agricole dans la région est totalement dépendante des ressources hydriques et de leurs mobilisations. Le périmètre du Haut-Chélif est à la fois le plus ancien et le plus étendu des périmètres irrigables algériens. Créé dès l'époque coloniale, sa mise en valeur a fait l'objet d'études nombreuses depuis l'Indépendance, études qui ont abouti à la définition d'un modèle d'intensification, dans lequel l’élevage bovin laitier devait jouer un rôle non négligeable (Pérénes 1987).

L’élevage bovin bien  implanté dans la région reste cependant basé sur une agriculture pluviale, du fait de la faible mobilisation des ressources en eau. Les élevages bovins laitiers en production sont à plus de 90% constitués de races laitières améliorées. Les contraintes et les nombreux dysfonctionnements s’opposent à l’émergence d’un élevage laitier performent, situation aggravée par  l’absence de contrôles efficaces et réguliers. En Algérie, une base de données tel le RICA  (Réseau d'information comptable agricole) en France ou du type DHI (DairyHerdImprovement)aux USA, est indisponible (Abdeljalil 2005, Senouci et al 2010).

C’est dans ce contexte que nous avons initié un contrôle laitier dans la région avec la collaboration de l’institut technique de l’élevage (ITELV), dans  l’objectif d’évaluer les performances de production laitière  et de reproductions au niveau de 15 fermes laitières spécialisées. Ce sont des élevages constitués exclusivement de races laitières introduites d’origines européenne et canadienne (Montbéliarde, Holstein Frisonne Pie noire et Fleckvieh- simentale).


Matériel et Méthode

Méthode d'étude

Le présent travail est basé sur les données du contrôle mensuel effectué entre avril 2007 et juillet 2009 au niveau de 15 exploitations d’élevage spécialisées, choisies de manière aléatoire sur un nombre totale de 72 élevages bovins laitiers spécialisés qui écoulent leurs productions vers les deux laiteries de la région. L’analyse porte sur les résultats des contrôles mensuels de 220 vaches de races laitières introduites. Au total, 392 lactations ont été contrôlées.

L'approche de la problématique des performances se décline en 2 volets différents mais complémentaires : le suivi d'élevage et le contrôle laitier.

Le suivi d'élevage  

Ce suivi consiste en l'enregistrement à chaque passage de tous les évènements qui concernent le troupeau laitier à l'aide d'un guide de suivi (nombre de vaches présentes, nombre de vaches en lactation, dates de reproduction et conduite de l’alimentation).

Le contrôle laitier

Il est effectué individuellement à chaque passage mensuel. La production d'une traite est calculée à l'aide d'un « true- test ». Chaque vache est contrôlée sur 10 mois de lactation par année de suivi à partir de la deuxième semaine après le vêlage.

Les dates et les résultats du suivi et des différents contrôles mensuels permettent de calculer :

Matériel animal

Le choix des vaches à contrôler a pris en compte la diversité des races, de l’âge, du rang de lactation et des étables retenues pour le suivi. Ainsi, 220 vaches en production ont été retenues pour le contrôle laitier sur un total de 256 vaches présentes dans les 15 étables. La répartition des individus  par exploitation et par race est rapportée par le tableau 1.

Tableau 1: Répartition du nombre de vaches soumises au contrôle laitier par exploitation selon le type de race

 

Exploitation

 

Races

 

Montbéliarde

 

Holstein  Frisonne

 

Fleckvieh

 

Total

1  Ferme pilote

 52

-

-

52

2  EAC1

 9

3

-

12

3  Exploitation privée

 -

11

-

11

4  Exploitation privée

-

3

6

9

5  Exploitation      privée

19

6

-

25

6  EAC1

1

9

-

10

7  EAC1

12

11

-

23

8  EAC1

-

16

-

16

9  Exploitation privée

-

-

8

8

10 Exploitation privée

-

8

3

11

11 Exploitation privée

-

4

-

4

12 Exploitation privée

-

5

-

5

13 Exploitation privée

-

5

-

5

14 Exploitation privée

-

6

13

19

15 Exploitation privée

-

6

4

10

Total

93

93

34

220

1EAC : Exploitation agricole collective (secteur coopérateur semi publique issu de la réorganisation en 1989 des domaines agricoles socialistes)

Analyse statistique

Les données issues des contrôles mensuels ont été saisies grâce à un tableur puis exploitées en vue de faire ressortir les paramètres zootechniques recherchés : production de lait à 305 j, intervalles vêlage - vêlage, vêlage - première saillie et vêlage - saillie fécondante. Pour chaque paramètre, les statistiques descriptives élémentaires (moyennes, écart–types et proportions) ont été calculées. L’analyse des données a été réalisée par l’utilisation du logiciel SPSS (version 17).


Résultats:

Performances de production laitière

Le calcul du rapport vaches traites par vaches présentes (VT/VP) des 15 étables révèle de fortes variations saisonnières. Ce rapport s’établit en moyenne à 88 % pour la première année et 86% pour  la deuxième année de suivi (figure 1).

Figure 1. Variation mensuelle du rapport vaches traites par vaches presentes (VT/VP) durant les deux annees

Le maximum de vaches traites est enregistré durant le printemps (de Mars à Avril) alors que la proportion de vaches improductives représentée en très grande partie par les vaches taries est importante en automne soit de la fin du mois d'Août au début du mois de Novembre.

La production laitière moyenne technique pour les 15 élevages est de 11.42 kg par vache traite et par jour alors que la production moyenne économique est de 9,78 kg par vache présente et par jour. La moyenne technique représente la production laitière effective enregistrée sur la base du contrôle individuel des vaches traites en kilogramme par jour alors que la moyenne économique représente la production laitière globale rapportée à l'effectif des vaches présentes (Adem 2003). La figure 2 rapporte la variation des niveaux de production laitière moyenne par lactation selon l'exploitation et le type de race des vaches suivies.

Figure 2. Productivite annuelle moyenne des vaches per explitation selon le type de race

(MO : Montbéliarde, HF : Holstein frisonne, FV : Fleickvieh )

Les productions moyennes par lactation  sont comprises entre 2900 kg et 4300 kg par vache. Les  performances de plus de 4000 kg de lait sont enregistrées par les vaches de race Holstein Frisonne au niveau des exploitations d'élevage privées (3, 10 11, 12, 13 et 14). Les races montbéliarde et Fleckvieh atteignent rarement la moyenne de 4000 kg (exploitations 2 et 14).

Les plus faibles performances sont enregistrées par les vaches Fleckvieh (moins de 3000 kg de lait) au niveau des exploitations 4, 10 et 15. Le nombre moyen de lactations est de 5 pour un âge moyen de 80 mois. Le rang de lactation le plus élevé est enregistré dans le cas des élevages de race montbéliarde détenus par la ferme pilote et les EAC1. Le vieillissement du cheptel et leurs difficultés de gestion sont autant de facteurs aggravants la situation de ces fermes étatiques et semi-étatiques.  Le minimum d’une lactation est enregistré durant la première année de suivi, dans les élevages de race Holstein Pie-noire détenus par les éleveurs privés.

Le niveau de production est fortement corrélé au  rang de lactation. Nous enregistrons à cet effet une corrélation de + 0,502 pour le nombre de lactations < à 6 et de  – 0,304 pour les lactations > à 10. Les niveaux de production sont permis par l’utilisation des aliments concentrés. Ce sont surtout les exploitations privées qui abusent de l'utilisation du concentré avec en moyenne 2700 à 2800 UFL de concentré par vache et par an, soit plus de 0,9 UFL par kg de lait produit. Le concentré représente dans ce cas plus de 60 % de la fraction énergétique de la ration.

La durée moyenne de lactation et les performances par vache, varient selon la race et le mode de conduite de chaque élevage suivi. Le tableau 2 rapporte la variation moyenne de la durée de lactation et des performances de productions laitièresdes 15 élevages suivis selon le type de race.

Tableau 2: Durées de lactation et performances  de productions laitières moyennes selon le type de race

 Races

MO

HF

FV

Durée de lactation

300 ± 37

312 ± 48

292 ± 21

Production laitière totale

3413 ± 471a

3715 ± 532b

3372 ± 533a

Production au pic de lactation

26 ± 7a

31 ±9 b

22 ± 8a

Production de printemps

1122 ± 105a

1233 ± 198b

755 ± 626a

n

93

93

34

n : nombre d’individus

abc différence significative sur les valeurs de la même ligne (P<0.05)

Les meilleures performances de production laitière (production moyenne annuelles, production maximale de la bonne saison et production au pic de lactation) sont enregistrées  par les vaches de race Holstein Frisonne dans toutes les exploitations suivies.  L’analyse statistique révèle une différence significative (P < 0,05) entre la race Holstein Frisonne et les deux autres races. L'effet race semble toutefois, ne pas dégager des différences significatives entre les individus appartenant à un même élevage, car masqué par les autres facteurs notamment le type d'exploitation auquel appartiennent  ces vaches, leurs conditions d'élevage et le rang de lactation.

La durée de lactation varie de 230 à 383 jours pour l’ensemble des vaches suivies. Une variation significative (p<0,01) est observée  selon la race, l’exploitation et le rang de lactation. Elle  s’établit à 312 jours pour les vaches de race Holstein frisonne et à plus de 300 jours pour les vaches de race Montbéliarde.Les durées de lactation comprises entre  280 et 310 jours représentent plus de 65 % dans les élevages, de la ferme pilote (1) et des EAC1 (exploitations 2, 6, 7 et 8). Dans les fermes privées, les durées de lactation inférieures à 280 jours sont importantes, bien que l'on enregistre dans plusieurs cas des lactations qui vont jusqu'à 15 mois (exploitations 10, 15 et 4). Ces résultats sont proches de ceux rapportés par Boujenane et Aissa (2008), dans des conditions quasi similaires au Maroc.

Les Performances de reproduction

L'intervalle entre 2 vêlages est supérieur à 12 mois. Ainsi, plus de 53 % des vaches suivies vont au-delà d'un IVV de 360 jours. Les écarts types entre les valeurs enregistrées sont importants.  Les premières saillies après le vêlage pour les 96 vaches suivies interviennent à plus de 60 jours. Les variations enregistrées entre les trois types de race dans les différentes exploitations d'élevage suivies sont rapportées par le tableau 3.

Tableau 3 : variation des performances de fécondité (IVV,  IVPS, IVSF) selon les races

Races

MO

HF

FV

Intervalle entre 2 vêlages (IVV)

387  ± 52

373 ± 68

356 ±  65

Intervalle vêlage première saillie (IVPS)

82 ± 47

58 ± 21

67 ± 38

Intervalle vêlage saillie fécondante (IVSF)

103 ±  56

77 ± 32

90 ± 51

N

93

93

34

(MO : Montbéliarde, HF : Holstein frisonne, FV : Fleickvieh )

n : nombre d’individus

L’Intervalle Vêlage- Vêlage à plus de 360 jours caractérise toutes les exploitations dans le cas des vaches de race Montbéliarde  et  Holstein, pour un coefficient de variation de 18 %. Dans le cas de la race Fleckvieh, l’IVV à moins de 360 jours caractérise les élevages constitués essentiellement de vaches primipares ou en deuxième lactation (exploitations 10,11 et12), pour un coefficient de variation de 58 %. La différence moyenne vis-à-vis des deux autres types de races est supérieure à 30 jours ce qui correspond à plus de 1 cycle de retard.

L’Intervalle Vêlage Première Saillie moyen est de 70 ± 38 jours. L'utilisation de l'insémination artificielle est largement diffusée dans la région. Celles ci interviennent généralement au-delà du deuxième mois de lactation bien que des variations soient enregistrées  selon les élevages suivis et  le type de races (tableau 3). L'intervalle Vêlage première saillie supérieur à 2 mois,  laisse apparaître une grande difficulté des éleveurs à maîtriser la reprise du cycle post- partum. Ce sont les vaches de races Montbéliarde et Fleckvieh qui enregistrent les IVPS les plus importants, principalement dans la ferme pilote et les EAC.  Les premières saillies interviennent à plus de 80 jours dans le cas de la race Montbéliarde avec un coefficient de variation de 57 %.  Les IVPS de moins de deux mois caractérisent les vaches de races Holstein frisonne dans les fermes privées.

L'intervalle vêlage fécondation moyen est de 91 ± 58 jours. Les variations entre individus qui se révèlent importantes sont plutôt  marquées par l’influence du facteur ferme qui caractérise les conditions de conduite de chaque vache, par contre aucune différence significative entre les trois races n’est observée  (tableau 3). L’ IVSF est  de 103 jours en moyenne  pour les vaches Montbéliardes avec un coefficient de correction de 54 %, de 90 jours pour les vaches Fleckvieh et de moins de 80 jours pour les vaches  Holstein Frisonne. Boujenane et Aissa (2008), rapportent par contre un IVSF des Montbéliardes plus court que celui des Holstein.

La réussite de la première insémination reste faible dans la majorité des élevages suivis.L’indice coïtal ainsi que le pourcentage de réussite de l’insémination sont rapportés par le tableau 4.

Tableau 4: Taux de réussite de l’insémination et Indice coïtal.

 Races

MO

HF

FV

Moyennes

Taux de réussite de l’insémination (%).

1ere

28 a

34,5b

27a

28.5

2eme

38

37

33

35.8

3eme

24,5

28,5

29

26.5

4eme

9,5

-

11

6.8

Durée entre 2

inséminations (jours).

58

49

63

54

Indice coïtal.

1,93a

1,79b

1,82a

1.86

n.

93

93

34

220

n  Nombre d’individus

a,b différence significative sur les valeurs de la même ligne (p<0.05)

Le pourcentage de réussite de la première insémination  est de 28,5 % en moyenne, 34,5 % de réussite sont enregistrés par la race Holstein Frisonne(HF) qui présente une différence significative (p<0,05) par rapport aux races montbéliarde (MO) et Fleckvieh (FV). Le recours à une 4eme insémination concerne moins de 8 % de l’effectif suivi, il est observé dans le cas des vaches de race Montbéliarde et fleckvieh, dans les exploitations 1, 2, 10 et 15 (qui recourent surtout à l’insémination naturelle). La durée moyenne entre deux inséminations est de 54 jours. L’indice coïtal (IC) moyen est de 1,86. La moyenne la plus élevée (1,93) est enregistrée par la race Montbéliarde, l’indice de fertilité selon Hanzen (2005) doit être inférieur à 1,8. Une différence significative (p<0,05) est observée entre la race Holstein frisonne et les races Montbéliarde et Fleckvieh. Selon l’organisme de sélection Montbéliarde ; l’analyse réalisée en France montre que le taux de conception en première insémination en race Montbéliarde est de 66,5 % (IC=1,3)  contre 60,5 % en race Holstein (Bouraoui et al 2009).


Discussion

Dans l’échantillon d’étude, la production laitière moyenne par lactation calculée pour les 220 vaches suivies est de l’ordre de 3500 kg par an. Cette performance est proche de celles enregistrées au Maroc dans le périmètre irrigué du Tadla (Srairi et Baqasse 2000) et en Tunisie  (Bouraoui et al 2009). Le rang de lactation et les conditions d'élevage semblent être les principaux facteurs explicatifs de cette situation. Les performances enregistrées sont largement inférieures aux standards de chaque race. Boujenane  et Aïssa (2008) rapportent qu'au Maroc, la quantité de lait par lactation de référence des Holstein a été en moyenne de    6 239,1 kg. Les mêmes auteurs indiquent que les vaches de race Montbéliarde enregistrent 622,2 kg de moins que les vaches de race Holstein. 

La durée de lactation est généralement supérieure à 305 jours, principalement dans le cas des fermes privées. Les allongements de la lactation sont provoqués non seulement par les retards de la reprise de l’insémination mais aussi dans certains cas  par l’absence du tarissement dû au manque de savoir faire des éleveurs. . Ce sont pour la plupart de nouveaux élevages constitués de vaches importées et qui se trouvent en début de carrière. Les vaches primipares nouvellement importées, présentent des lactations à persistance élevée (Srairi et al 2008).

Les meilleures performances de production sont obtenues par les élevages des fermes privéesde grande taille (Exploitations 3, 11, 12 et 13) qui semblent être plus spécialisés Dans les élevages de petite taille  les niveaux de production de plus de 4000 kg par lactation de référence sont rarement enregistrés. L'abus de concentré a été mis en évidence dans ces exploitations. La part du concentré dans ce cas est importante et couvre en plus de la lactation une partie des besoins d'entretien (Belhadia et al 2009).

Les conditions d'élevage, l'âge des vaches en production qui sont maintenues au-delà de 10 lactations (Montbéliarde) et les difficultés financières de ces exploitations qui ne peuvent faire face à la facture alimentaire générée par l'élevage laitier sont les causes principales des faibles niveaux de production dans la ferme Pilote et les EAC.. L'influence des conditions climatiques et l'adaptation de ces vaches à cet environnement sont autant de contraintes à l'extériorisation de leur potentiel productif. Une tendance similaire est observée dans d'autres pays (Srairi et Baqasse 2000).

L’intervalle moyen entre 2 vêlages (IVV) enregistré par les vaches de race Montbéliarde est supérieur à celui observé pour les deux autres races (en moyenne plus de 30 jours par rapport à la race Fleckvieh). Dans des conditions similaires au Maroc, Boujenane et Aissa (2008) enregistrent un intervalle entre vêlage plus long chez la race Holstein comparativement à la race Montbéliarde. Les performances de fécondité (IVV, IVPS et IVSF) enregistrées ne présentent aucune différence significative entre les races et les différents élevages suivis (tableau 3).

La fertilité post partum semble surtout liée à la situation énergétique de la vache. Elle est mauvaise quand le bilan instantané est toujours négatif au moment de l’IA (Boichard 2000).

De nombreuses études confirment cette reprise tardive de la reproduction après le vêlage (Ghozlane et al 2003, Boujenane et Aissa 2008). Les Intervalles Vêlage première saillie (IVPS) les plus longs sont enregistrés par les vaches montbéliardes principalement celles de la ferme pilote. Ils se révèlent supérieurs aux valeurs enregistrées par des vaches de race montbéliarde dans le semi-aride algérien ( Mouffok et al 2007).

Les résultats de la réussite de l’insémination et de l’indice coïtal confirment la mauvaise gestion  de ces élevages, à l’exception de la ferme pilote les autres fermes ne tiennent aucun enregistrement et aucun planning n’est établi ; ainsi plus de 32 % des vaches suivies ont nécessité 3 insémination et un indice coïtal supérieur à 1,8, résultats similaires à ceux rapportés par Haddada et al 2005 dans la région de Tadla au Maroc. De même tous les indices de reproduction étudiés confirment cet effet ferme et prouvent que diverses limitations environnementales (alimentaires et sanitaires notamment) s’opposent à une productivité optimale qui permette de tirer profit de ces animaux issus de l’importation (Srairi et Baqasse 2000).


Conclusion


Remerciements

Les auteurs remercient vivement les ingénieurs et techniciens de l’institut technique de l’élevage pour leur contribution à la réalisation de ce travail.


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Received 17 March 2013; Accepted 15 April 2013; Published 2 June 2013

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