Livestock Research for Rural Development 21 (1) 2009 Guide for preparation of papers LRRD News

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Effets du gène d’emplumement lent (K*K) ou rapide (K*N) et des rations protéiniques sur les performances des poulets de chair en zone forestière humide du Cameroun

J C Fotsa*, D K Poné **, Y Manjeli***, L Obounou Zibi* et A M Zoyuim*

* Centre Régional de Recherche Agricole pour le Développement de Nkolbisson (CRRAN) B.P. 30189 Yaoundé, Cameroun
fotsajc2002@yahoo.fr  
** Station Spécialisée de Recherche Agricole pour le Développement de Mankon B.P. 125 Bamenda, Cameroun
*** Faculté d’Agronomie et des Sciences Agricoles (FASA) de l’Université de Dschang B.P.222 Dschang, Cameroun

 

Résumé 

 

Cette étude est menée dans le but d’évaluer les effets du gène d’emplumement lent (K*K) ou rapide (K*N) et des rations protéiniques sur la croissance et la qualité de carcasse de 320 poulets de chair sexés et âgés de 21 jours. Le dessin expérimental est celui de 2x2x2 factoriel, consistant aux génotypes (K*K et K*N), aux deux sexes et aux rations (R1 et R2). Ainsi, 160 sujets de chaque génotype, étaient soumis à deux types de rations contenant respectivement 21% (R1) et 23% (R2) de protéines brutes (PB) et un niveau d’énergie métabolisable (EM) unique de 3000 kcal/kg d’aliment.  

 

Les principaux résultats n’ont montré aucun effet (P>0,05) du gène sur la croissance des sujets pour les rations testées. Les indices de consommation alimentaire (g aliment/g de gain de poids) à 42 jours de 2,22 pour la ration R1 et 2,09 pour la ration R2 étaient meilleurs (P<0,05) pour les sujets K*N comparativement aux valeurs respectives de 2,30 pour la ration R1 et 2,32 pour la ration R2 obtenues chez leurs homologues K*K. Les interactions ration x sexe étaient significatives (P<0,05) pour le poids corporel et l’indice de consommation. Les rendements en carcasse étaient significativement favorables (p < 0,05) aux sujets K*K avec 79, 73 % (R1) et 79,47 % (R2) comparés aux valeurs respectives de 78, 57 % (R1) et 75,68 % (R2) observées pour son allèle K*N.  

 

Cette étude suggère que le gène d’emplumement rapide K*N contribuerait à améliorer l’efficacité alimentaire alors que le mutant K*K tout comme la ration avec 23% de protéines brutes favoriseraient la production des carcasses lourdes des poulets de chair avec une faible adiposité. 

Mots clés: Allèle mutant (K*K), allèle sauvage (K*N), alimentation, croissance, rendement de la carcasse, souche exotique



Effects of slow (K*K) or fast (K*N) feathering genes and protein rations on broiler performance in the humid forest zone of Cameroon

Abstract

This study was conducted on 320 21-day-old chickens to assess the effects of slow (K*K) or fast (K*N) feathering genes and protein rations on growth and carcass quality of sexed broilers. The design was a 2x2x2 factorial, consisting of two feathering genotypes (K*K and K*N), two sexes and two rations (R1 and R2). The genotypes were randomly distributed into two groups of 160 birds each and fed two test diets having 21% (R1) and 23% (R2) crude protein (PB) with a constant metabolizable energy value of 3,000 Kcal/kg.  

 

Major results showed no gene effect (P>0.05) on growth rate when fed any of the diets. Feed efficiency (g feed intake/g weight gain) of 2.22 and 2.30 and 2.09 and 2.32, for R1 and R2, respectively were better (P<0.05) at 42 days-old for chickens having K*N than K*K genes. Interactions between Ration and Sex were significant (P<0.05) on growth rate and feed conversion ratio. Carcass yield for K*K of 79.73% (R1) and 79.47% (R2) were significantly higher (P<0.05) than 78.57% (R1) and 75.68% (R2) for the K*N gene.  

 

This study suggests that the fast feathering gene K*N could improve feed efficiency, its allele K*K and ration with 23 % crude proteins could favor the production of lean broiler chickens carcasses. 

Key words: Arbor acres, carcass yield, exotic strain, feeding, growth rate, mutant allele (K*K), wild allele (K*N)


Introduction

Le pouvoir isolant du plumage chez les volailles leur permet de maintenir une température corporelle constante et de lutter efficacement contre les variations extérieures du climat. La capacité d’ajustement de la température corporelle dépend aussi du rythme lent ou rapide de l’emplumement chez l’oiseau. Antérieurement décrits par Serebrovsky (1922) et réétudiés par Somes (1969), les gènes d’emplumement lent (K*K) et rapide (K*N) avec K*K dominant, sont responsables du rythme de croissance du plumage chez l’oiseau. Ralph et Somes (1990) rapportent que la croissance des plumes est influencée par des facteurs tant environnementaux que génétiques. 

 

L’effet des gènes d’emplumement sur les performances des poules reste controversé. Alors que Goodman et Muir (1965) démontrent que les poulets de chair portant le gène K*N sont plus lourds et plus homogènes que ceux de leurs homologues portant le mutant K*K, Lowe et Merkley (1986) rapportent que les poulets portant le gène K*K ont de meilleurs poids et une bonne capacité de conversion alimentaire que ceux ayant l’allèle K*N

 

Par ailleurs, Dunnington et al (1987) montrent que les mâles au gène K*K ont des poids corporels beaucoup plus élevés que ceux de leurs homologues K*N lorsque les aliments leur sont distribués tous les deux jours. Plus tard, Fotsa et al (2001) ont montré que les facteurs génétiques liés aux gènes K*K et K*N n'influencent pas la vitesse de croissance et l'efficacité alimentaire chez les poulets de race Leghorn de deux sexes élevés à une température constante de 31°C ou de 21°C. 

 

En production avicole, l’aliment constitue à lui seul 60 à 70 % du coût de production. Une réduction de ce coût quelque soit sa valeur contribuerait à améliorer le revenu du fermier. Des rations permettant une meilleure expression des souches avicoles utilisées au Cameroun ont été recommandées (Manjeli et al 1995 ; Fotsa et Poné 1999 ; Dongmo et al 2000). Ces souches de poules sont généralement porteuses des gènes K*K ou K*N et l’utilisation judicieuse de ces gènes d’emplumement pourrait contribuer à améliorer la croissance, la qualité de la carcasse et l’efficacité alimentaire des poulets de chair. Par ailleurs, les accouveurs seraient beaucoup intéressés par l’expression de ces gènes du fait qu’ils permettent l’autosexage des poussins à l’éclosion et par conséquent, le coût de production dû au sexage serait réduit du fait de ne garder que le sexe désiré. Compte tenu de ce qui précède, la présente étude a été initiée pour évaluer les effets du gène d’emplumement lent (K*K) ou rapide (K*N) et des rations protéiniques sur la croissance et la carcasse des poulets de chair en zone forestière humide du Cameroun.  
 

Matériels et méthodes 

Caractéristiques agro - climatiques de la zone d’étude 

 

La zone forestière humide du Cameroun est comprise entre 2,1° à 4,9/5,8° de latitude Nord et 10,5° à 16,2° de longitude Est. Elle s’étend sur la majeure partie du plateau sud-camerounais entre 500 et 1000 m d’altitude. Elle couvre les provinces du Centre, du Sud et de l’Est. Chaud et humide, le climat est de type « guinéen », avec des températures moyennes de 25 °C et une pluviométrie de 1500-2000 mm par an, répartie en deux saisons humides bien distinctes (régime pluviométrique bimodal). La zone connaît une faible insolation et une humidité relative constamment élevée (entre juin et octobre). 

 

Matériel animal 

 

Un total de 1020 poussins commerciaux de souche Arbor Acres a été identifié à l’éclosion (Ralph et Somes 1990) selon l’expression du gène d’emplumement lent (K*K) ou rapide (K*N). Chaque groupe génétique, élevé au sol sur copeaux de bois et nourris à un aliment commercial contenant 2800 kcal d’Energie Métabolisable (EM) / kg d’aliment et 23,5 % de Protéines Brutes (P.B), a été abreuvé à volonté jusqu’au 21ème jour en poussinière. 

 

Conditions expérimentales 

 

Bâtiment 

 

Du 22ème au 42ème jour, chaque type génétique a été suivi dans un bâtiment compartimenté en loges de 6 m2 (3 m x 2 m) et construit en dur avec des murets de 40 cm de haut complété de grillage jusqu’au toit. Il est fermé sur les flancs et ouvert de part et d’autre sur les côtés. Le toit est couvert de tôles ondulées surélevées par des volets d’aération. Le sol est cimenté et recouvert d’une litière de copeaux de bois blanc de 10 cm de profondeur. 

 

Répartition des sujets expérimentaux 

 

Ainsi, 320 de ces sujets sexés et comportant un nombre égal de type génétique ont été répartis en 16 unités expérimentales d’effectif égal à 20 sujets selon un modèle expérimental de 2x2x2 factoriel dont deux répétitions, consistant à deux génotypes (K*K et K*N), deux sexes et deux rations (R1 et R2). Les rations (tableau 1) contenaient 21 % (R1) et 23 % (R2) de protéines brutes (PB) et un niveau d’énergie métabolisable (EM) unique de 3000 kcal/kg d’aliment.


Tableau 1.  Composition, en kilogrammes, des rations expérimentales

Ingrédients

Régimes alimentaires testés

Ration 1

Ration 2

Maïs

51,00

49,00

Son de riz

07,50

04,00

Huile de palme

02,5

02,50

Tourteau de soja

08,75

14,25

Tourteau de palmiste

02,00

02,00

Tourteau de coton

19,90

19,90

Farine de poisson

04,50

04,50

Poudre d’os

03,00

03,00

Sel (NaCl)

0,50

0,50

Lysine

0,15

0,15

Méthionine

0,15

0,15

Amprolium

0,05

0,05

Caractéristiques calculées

Energie métabolisable, kcal/kg

3000

3000

Protéines brutes, %

21,00

23,00

Cellulose brute, %

5,86

5,60

Matière grasse, %

9,96

9,50

Lysine, %

0,98

1,03

Méthionine, %

0,54

0,56

Calcium, %

1,02

1,03

Phosphore disponible, %

0,58

0,58

Rapport Energie-protéine

143

130


Les températures minima et maxima au cours de l’essai, mesurées à l’aide d’un thermomètre à mercure, ont été respectivement de 21°C et de 33 °C. L’essai qui a duré 21 jours s’est déroulé de fin février à mi-mars 2002, période de pleine saison sèche. 

 

Prises de mesures 

 

Les poussins ont été pesés à 21, 28 et 42 jours d’âge. Les refus alimentaires ont été pesés aux 28è et 42è jours, suivis des calculs du gain moyen quotidien (GMQ) et de l’indice de consommation alimentaire (IC). 

 

Au 42ème jour, quatre mâles ou quatre femelles pris au hasard dans chaque unité expérimentale ont été abattus et saignés. Les carcasses plumées ont été conservées à 0°C dans une chambre froide pendant 48 heures avant de les disséquer pour prélever les organes internes (foie, cœur, gésier) et le gras abdominal autour du gésier et du ventricule succenturié. Ce gras et les organes prélevés ont été pesés au gramme près et exprimés en pourcentage du poids vif. Le poids des plumes a été obtenu par différence entre le poids de l’oiseau saigné et plumé et exprimé en pourcentage du poids vif.  

 

Analyses statistiques 

 

Toutes les données ont été soumises à une analyse de variance à l’aide du logiciel SAS version 8 (SAS 1999) et suivant le modèle mathématique ci-dessous décrit:

 

 

Les valeurs en pourcentages ont été transformées en Arcsin√% avant analyse. Les comparaisons des moyennes, lorsqu’il y avait un effet significatif, ont été faites par le test de Student-Newman-Keuls (Steel et Torrie 1980). 
 

Résultats 

Paramètres de croissance 

 

En dehors de l’effet sexe favorable (P<0,05) au mâle au 28è jour, les différences entre les sexes, les génotypes, ou les rations à 28 et à 42 jours d’âge (tableau 2) n’ont pas été significatives (P > 0.05) pour le poids corporel et le gain de poids.


Tableau 2.   Effet du gène d’emplumement, du niveau protéinique et du sexe sur les paramètres de croissance de poulets de chair jusqu’à 42 jours d’âge.

Source de variations

Variable

Poids à 21 jours, g

Poids à 28 jours, g

Poids à 42 jours, g

GMQ à 28 jours, g/j

GMQ à 42 jours, g/j

I.C à 28 jours

I.C à42 jours

Génotype (G)

Emplumement lent K*K

Emplumement rapide K*N

 

522 ± 6,99a

511 ± 7,92a

 

815 ± 8,79a

814 ± 9,97a

 

1559 ± 15,10a

1546 ± 17,12a

 

41,80 ±1,16a

43,30 ± 1,32a

 

52,20 ± 1,23a

53,20 ± 1,39a

 

3,60 ± 0,10b

3,10 ± 0,12a

 

2,30 ± 0,06b

2,16 ± 0,07a

Niveau protéinique des rations (R)

 

 

 

 

 

 

21 %

23 %

515 ± 6,99a

521,0 ± 7,92a

815 ± 8,79a

814,0 ± 9,97a

1552 ± 15,10a

1550 ± 17,13a

42,90 ± 1,16a

41,90 ± 1,32a

52,70 ± 1,23a

52,60 ± 1,39a

3,40 ± 0,10a

3,30 ± 0,12a

2,30 ± 0,06a

2,20 ± 0,07a

Sexe (S)

Mâle

Femelle

 

564 ± 7,92 a

482 ± 6,99 b

 

843 ± 9,97 a

793 ± 8,79 b

 

1571 ± 17,13 a

1536 ± 15,10 a

 

39,90 ± 1,32a

44,40 ± 1,16a

 

52,00 ± 1,39a

53,10 ± 1,23a

 

3,60 ± 0,12b

3,20 ± 0,10a

 

2,24 ± 0,07a

2,27 ± 0,06a

Interactions

G x R

G x S

R x S

GxRxS

 

NS

NS

NS

NS

 

NS

NS

*

NS

 

NS

NS

*

**

 

NS

NS

NS

NS

 

NS

NS

NS

**

 

NS

*

NS

NS

 

NS

NS

*

NS

NS : Non significatif (p>0,05) ;  * = p<0,05 ; ** = p<0,01 ;

GMQ : Gain Moyen Quotidien ; I.C = Indice de Consommation (g ingéré alimentaire /g de gain de poids corporel)

a b :Dans la même colonne et pour la même variable, toutes les valeurs portant en exposant les mêmes lettres ne diffèrent pas significativement (P ≥ 0,05).


Il en a été de même pour les effets interactifs entre génotypes x rations d’une part, et génotypes x sexe d’autre part. Toutefois, les interactions rations x sexe ont été significatives (P<0,05) pour les mêmes paramètres de poids corporel au 28è et au 42è jours alors que l’interaction de deuxième ordre (génotypes x rations x sexe) a été hautement significative (P<0,01) seulement au 42è jour pour le poids corporel et le gain de poids.

L’efficacité alimentaire au 28è et au 42è jours a eu les valeurs respectives de 3,10 ± 0,12 et 2,16 ± 0,07 pour les sujets K*N. Ces valeurs ont été significativement meilleures (P<0,05) que celles des sujets K*K avec respectivement 3,60 ± 0,1et 2,30 ± 0,06. Les valeurs pour ce paramètre ont été similaires (P>0,05) pour les facteurs rations et sexes, sauf au 28è jour d’âge où elles ont été favorables (P<0,05) aux femelles. Les effets interactifs entre génotypes x rations d’une part, et génotypes x rations x sexe d’autre part, n’ont pas été significativement différents (P>0,05). Mais, l’interaction entre génotype x sexe a été significative (P<0,05) au 28è jour alors que l’interaction rations x sexe l’a été plutôt au 42è jour (tableau 2). 

 
Qualité de la carcasse 

 

Les résultats de l’analyse des carcasses (tableau 3) a montré que les pourcentages des plumes et des abats consommables (cœur, foie et gésier) ont été identiques (P>0,05) pour tous les facteurs étudiés.


Tableau 3.  Effet du gène d’emplumement, du niveau protéinique et du sexe sur la qualité des carcasses de poulets de chair à 42 jours d’âge

Source de variation

Variable

% de plumes

M ± E.S1

% de cœur

M ± E.S

% de foie

M ± E.S

% de gésier

M ± E.S

% de carcasse

M ± E.S

% de gras

M ± E.S

Génotype (G)

Emplumement lent K*K

Emplumement rapide K*N

 

3,35±0,60a

5,47±0,65a

 

0,55±0,03a

0,50±0,03a

 

2,42±0,15a

2,29±0,17a

 

2,58±0,16a

2,58±0,18a

 

79,59±0,57a

77,13±0,17b

 

1,45±0,14b

1,74±0,13a

Niveau protéinique des rations (R)

21 %

23 %

 

5,43±0,58a

5,45±0,67a

 

0,53±0,03a

0,53±0,03a

 

2,37±0,15a

2,35±0,17a

 

2,62±0,16a

2,54±0,18a

 

79,15±0,55a

77,58±0,64a

 

1,84±0,13a

1,35±0,15b

Sexe (S)

Mâle

Femelle

 

5,23±0,60a

5,59±0,65

 

0,48±0,03a

0,57±0,03a

 

2,14±0,15a

2,58±0,17a

 

2,50±0,16a

2,66±0,18a

 

78,05±0,57a

78,67±0,62a

 

1,55±0,13a

1,64±0,14a

Interactions

G x R

G x S

R x S

GxRxS

 

NS

NS

NS

NS

 

NS

NS

NS

NS

 

NS

NS

NS

NS

 

NS

NS

NS

NS

 

NS

NS

NS

NS

 

NS

NS

NS

NS

1 M ± E.S : Moyenne ± erreur standard ;

 a b : Dans la même colonne et pour la même variable, toutes les valeurs portant en exposant les mêmes lettres ne diffèrent pas significativement (P ≥ 0,05) ; NS : Non significatif (P>0,05)


De même, le facteur sexe n’a pas influencé significativement (P>0,05) le rendement des carcasses et le pourcentage du gras abdominal.

 

Toutefois, des différences significatives (p<0.05) favorables aux oiseaux K*K ont été relevées pour le rendement de la carcasse et les pourcentages du gras abdominal avec des valeurs respectives de (79,59±0,57 % et 1,45±0,14 %) contre (77,13±0,167 % et 1,74±0,13 %) pour  leurs homologues K*N. De même, le pourcentage de gras abdominal de 1,84±0,13 % a été plus important (P<0,05) chez les sujets soumis à la ration R1 (21 % PB) par rapport à ceux soumis à la ration R2 (23 % PB) avec la valeur de 1,35±0,149 %. Aucune interaction (tableau 3) entre les différents facteurs n’a pas été significative (P>0,05).

 

Discussion 

Paramètres de croissance

 

La similitude des poids corporels et des gains moyens quotidiens (GMQ) pour les deux types génétiques K*K et K*N relevée dans cette étude concorde avec les résultats rapportés par Dunnnington et Siegel (1986) et Özkan et al (2002). Toutefois, ces résultats s'objectent de ceux de Verma et Prasad (1981), Lowe et Merkley (1986) et Ajang et al (1993) qui rapportent que le gène d’emplumement lent (K*K) est un facteur génétique lié à une croissance rapide chez le poulet. L’expression identique des gènes d’emplumement lent (K*K) et rapide (K*N) pour le poids corporel des oiseaux indépendamment de la ration protéinique confirme les résultats rapportés par Fotsa et al (2001) dans un environnement chauffé (31 °C) et non chauffé (21 °C). Toutefois, l’existence d’effets d’interactions de deuxième ordre (génotypes x rations x sexe) suggère que le gène K*N favoriserait une croissance rapide des femelles quand la ration contient 23 % de protéines brutes. Les dissimilitudes observées et rapportées dans les travaux de divers auteurs seraient dues aux conditions environnementales et des types génétiques utilisés dans les essais respectifs.

 

Les meilleurs indices de consommation alimentaires sont obtenus chez des sujets avec emplumement rapide (K*N) aux 28ème et 42ème jours. Cette observation est vraie quelque soit le régime distribué. Ces résultats, bien que conformes à ceux rapportés par Ajang et al (1993), sont néanmoins contraires à ceux trouvés par Lowe et Merkley (1986) et Fotsa et al (2001). Ces résultats révèlent aussi que pour un poids identique des poulets à 42 jours d’âge, le gène K*N améliore l’indice de consommation de 14 % par rapport à son allèle K*K ; ce qui permettrait aux éleveurs de réduire sensiblement leur coût alimentaire si ce gène était valorisé dans les souches commerciales.

 

Le fait que des interactions entre Génotype x Sexe d’une part et Ration x Sexe d’autre part aient été significatives (p<0.05), respectivement au 28ème et au 42ème jours, suggérerait un effet variable du génotype, du sexe et de la ration sur l’efficacité alimentaire des poulets de chair.

 

Qualité de la carcasse

 

Le rendement de la carcasse et le pourcentage du gras abdominal sont les seuls paramètres affectés par le gène K*N et son allèle mutant K*K. Mais, contrairement aux résultats publiés par Ajang et al (1993), le rendement des carcasses est meilleur chez les oiseaux avec un emplumement lent (K*K) comparés à ceux de leurs homologues K*N. Le dépôt du gras abdominal est en faveur du génotype K*N. Cette observation corrobore les travaux de Ajang et al (1993) bien que contraires à ceux rapportés par Lowe et Merkley (1986) et Fotsa et al (2001) qui trouvent une similitude dans l’expression des deux types génétiques pour le dépôt du gras abdominal.

 

Le fait que les oiseaux nourris à la ration contenant 21 % de protéines brutes sont plus gras confirme d’autres rapports qui suggèrent qu’à un niveau énergétique constant, l’augmentation de la teneur en protéines contribue à une production de carcasses maigres (Fotsa et Poné 1999).

 

Conclusion 

Cette étude montre que pour un poids identique des poulets à 42 jours d’âge, le gène K*N améliore l’Indice de consommation de 14% par rapport à son allèle K*K ; ce qui permettrait aux éleveurs de réduire sensiblement leur coût alimentaire si ce gène était valorisé dans les souches commerciales. Elle ressort également que le gène d’emplumement lent (K*K) tout comme la ration à forte concentration protéinique (23 %) concourent à la production des carcasses à faible adiposité. Pour bénéficier des avantages liés à ces gènes, les croisements utilisant les reproducteurs homozygotes K*N/K*N et les reproductrices K*K/- donneront des poussins femelles au génotype K*N/- qui valoriseraient mieux les aliments et des poussins mâles au génotype K*K/K*N ou K*K/K*K pour la production des carcasses plus lourdes. Leur utilisation chez les poules locales qui constituent 70 à 80 % de l’effectif national avicole camerounais est possible avec des éleveurs ruraux et des accouveurs.

 

Remerciement 

Les auteurs tiennent à remercier sincèrement Mme Marcelline Talla, Messieurs Moussa Ndjidda et Joseph Désiré Kemnang pour avoir assuré la conduite technique de cet élevage et la prise des données. Notre profonde gratitude va à Dr Tonyè Jean, Dr Ndoumbe Nkeng Michel pour la forme et des suggestions prises en compte dans le manuscrit.

 

Bibliographie 

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Received 17 April 2008; Accepted 17 May 2008; Published 1 January 2009

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