Livestock Research for Rural Development 19 (7) 2007 Guide for preparation of papers LRRD News

Citation of this paper

Caractérisation de la conduite alimentaire des bovins à l'engrais dans la région de Tizi-Ouzou, Algérie

F Djellal*, S A Kadi* _ ** et  M Berchiche***

*Département des sciences agronomiques, université Saad DAHLAB, Blida. Algérie
fariddjellal@yahoo.fr
**
Centre de Formation Professionnelle et de l'Apprentissage,Mechtras, Tizi-ouzou. Algérie
kadisiammar@yahoo.fr
***Département des sciences agronomiques, université Mouloud MAMMERI,Tizi-Ouzou. Algérie

Résumé

Le but du présent travail est de caractériser la conduite alimentaire des bovins à l'engrais dans la région de Tizi-Ouzou (Algérie). Il s'avère que les bovins engraissés dans cette région sont issus, surtout de races mixtes (72 %). Ce sont des mâles non castrés et âgés entre 12 et 20 mois. Généralement, ils sont abattus entre 20 et 26 mois après une durée d'engraissement allant de 3 à 6 mois ou de 10 à 12 mois. L'alimentation, distribuée en quantités limitées, est à base de concentré et de foin. Les animaux reçoivent quotidiennement une moyenne de 10,5 kg de concentré et 5 kg de foin. Le concentré est un composé de tourteau de soja, maïs, orge et son de blé. Il est hautement énergétique et présente un rapport PDI/UFV conforme aux recommandations. Le foin de vesce avoine à faible valeur nutritive est de loin le fourrage le plus utilisé. Les vitesses de croissance varient de 1060 à 1290 g/j. L'efficacité alimentaire est en moyenne de 125 g de gain/UFV. Malgré les gains de poids acceptables, l'alimentation des bovins à l'engrais n'est pas maîtrisée au niveau de la région de Tizi-Ouzou.

Mots clés: aliment concentré, croissance, élevage, foin, taurillons, viande



Characterization of feeding practices of beef cattle in Tizi-Ouzou area, Algeria

Abstract

The aim of this work is to characterize the feeding of beef cattle in Tizi-Ouzou area (Algeria). The steers fattened in this region are especially descended of dairy breeds (72%). They are uncastrated mâles aged between 12 and 20 months. Generally, they are slaughtered between 20 and 26 months after a fattening period of 3 to 6 months or 10 to 12 months. Feeding is based on concentrate and hay, distributed in limited quantities. The animals receive daily, an average of 10.5 kg of concentrate and 5 kg of hay. The concentrate is a compound of soya oilcake, corn, barley and wheat bran. It is rich on energy and presents an acceptable PDI/UFV ratio. PDI (protein truly digested in the small intestine) and UFV (Forage unit for meat production) measure respectively protein and energy in ruminant French feed system. The vetch-oat hay with weak nutritive value is the main fodder being used. The average daily gain varies from 1060 to 1290 g/d. The feed efficiency is on average of 125 g of gain/UFV. In spite of the acceptable average daily gain, the beef cattle feeding is not mastered in the region of Tizi-Ouzou.

Key words: breeding, concentrate feed, growth, hay, meat, steers


Introduction

L'élevage bovin en Algérie n'arrive pas à satisfaire les besoins en viande de plus en plus croissants des populations. Les différents programmes de développement du secteur initiés par les pouvoirs publics sont quasiment tous orientés vers la production laitière.

L'élevage des bovins pour la production de viande a toujours existé en Algérie et ce en dépit de la « concurrence » de l'ovin, seul capable de valoriser les importantes étendues steppiques. En 2005, la production de viande bovine a été de 450 000 Tonnes, ce qui est nettement inférieur à la demande. Le recours à l'importation de la viande congelée a permis d'atténuer un tant soit peu la demande. La production locale de viande bovine est confrontée à plusieurs contraintes. Le facteur alimentaire est de loin, le plus important.

La région de Tizi-Ouzou, malgré ses reliefs montagneux a de tout temps été un pôle dans l'engraissement des bovins. Cependant, jusqu'à un temps récent, les techniques d'élevages ont souvent été rudimentaires. L'objectif du présent travail est de caractériser le volet alimentaire de ces élevages.

Matériels et méthodes

Région d'étude

La région d'étude est la même que celle décrite par Kadi et al (2007).

Méthodologie

Les sites d'étude sont des exploitations représentant les deux zones écologiques (la montagne et la plaine) et les différents types de production existant dans la région.

L'étude a été conduite en deux phases: une enquête auprès des éleveurs et un suivi de cinq élevages durant dix mois (septembre 2005 à juin 2006). Le choix de ces élevages repose sur: la prédisposition de l'éleveur à nous recevoir et accepter les contraintes de suivi, la durée d'exercice supérieure à quatre ans, un nombre minimum de bovins en finition supérieur à huit et que l'exploitation soit agrée par les services vétérinaires.

L'enquête

Une enquête à l'aide d'un questionnaire basé sur des questions fermées est réalisée auprès de 80 éleveurs. Le questionnaire est subdivisé en plusieurs volets : l'exploitation, les animaux en engraissement, les cultures fourragères ainsi que la conduite alimentaire.

Le suivi d'élevages

Cinq élevages sont suivis durant 10 mois (tableau 1). Ils sont visités au moins deux fois par mois. Durant la visite, les données recueillies portent sur la nature et les quantités d'aliments distribués, le poids vif des animaux, ainsi que toute nouveauté survenue au sein de l'élevage depuis la précédente visite.

Tableau 1.  Caractéristiques des  exploitations suivies

 

Exp. A

Exp. B

Exp. C

Exp. D

Exp. E

Localisation

montagne

plaine

montagne

plaine

plaine

Crée depuis

05 ans

12  ans

8  ans

24   ans

37 ans

Spécialisé dans

Viande

Lait et viande

viande

Lait et viande

Lait et viande

Surface Agricole Utile (ha)

00

08

04

12

40

Nombre total d’animaux

13

35

37

98

224

Nombre d’animaux suivis

13

10

17

27

67

Le poids vif des animaux est estimé par la formule de Crevat (Marmet 1983) en mesurant le tour de poitrine :

PV= (TP)3 x 80

où: PV= Poids Vif (kg) et TP = Tour de Poitrine (m)

Au niveau de chaque élevage, un échantillon de foin et de concentré est prélevé en vue d'en déterminer la composition chimique notamment la matière sèche, les matières minérales, les matières azotées totales, les matières grasses et les fibres brutes.

Les résultats des analyses sont utilisés pour estimer la valeur nutritive des aliments. Cette dernière est obtenue selon la démarche séquentielle centrée sur l'estimation de la digestibilité de la matière organique (dMO) et de la matière organique fermentescible (MOF). L'unité fourragère viande (UFV) est calculée à partir des estimations de l'énergie brute, de l'énergie digestible, de l'énergie métabolisable et enfin de l'énergie nette. Les protéines digestibles dans l'intestin permises par l'énergie (PDIE) et par l'azote (PDIN) sont estimées à partir des protéines d'origine alimentaire (PDIA) et microbienne permises soit par l'énergie (PDIME) soit par l'azote (PDIMN). Selon Baumont et al (1999), les valeurs de DT (dégradabilité théorique) et de dr (digestibilité réelle des protéines) ne peuvent pas à ce jour être prévues pour les fourrages. Par conséquent, nous avons utilisé celles rapportées par Andrieu et Demarquilly (1987): DT= 0.66 et dr = 0.70. Pour la DT des concentrés, nous l'avons estimé à 0.75 qui est la moyenne des DT des concentrés simples les plus usités dans les concentrés composés rencontrés dans notre cas. Cette méthode d'estimation repose sur celle de Demarquilly et al (1978). L'ensemble des calculs est effectué sur la base des équations établies par Andrieu et al (1981), Andrieu et Demarquilly (1987), Aufrère et al (1989), Demarquilly et al (1978), Giger-Reverdin et al (1990). Sauvant et al (1987 2002) et Vérité et al (1987).

Analyse statistique

Toutes les données sont rassemblées dans un fichier type tableur. En lignes sont représentées les différentes exploitations et en colonnes les variables explicatives et expliquées représentées par les différentes questions. L'ensemble de ces données est soumis à une analyse statistique à l'aide du logiciel Statbox 6.4. Afin de vérifier l'indépendance entre la variable expliquée le poids de la carcasse et les variables explicatives quantité de concentré et de foin distribuée, la source d'abreuvement, l'utilisation de CMV et la fréquence d'abreuvement d'une part, et d'autre part, la variable expliquée le nombre d'animaux à engraisser avec les variables explicatives le mode d'alimentation, la surface fourragère irriguée et conduite en sec, la culture de l'orge et utilisation de co-produits, sont soumises à un test c2. Dans le cas significatif, une analyse factorielle des correspondances (AFC) est appliquée.

En outre, les statistiques descriptives élémentaires (moyennes, écart-types et proportions) sont calculées pour chaque paramètre.


Résultats

Caractérisation des exploitations agricoles

Les éleveurs sont repartis en trois catégories: naisseurs, engraisseurs et naisseurs-engraisseurs. Cette dernière catégorie est la plus représentée dans l'échantillon avec une proportion de 70%. Les naisseurs sont les moins représentés avec seulement 6% des questionnés.

L'engraissement de bovins dans la région d'étude est conduit exclusivement par des hommes. La taille moyenne des élevages est dans 65% des cas comprise entre 6 et 12 têtes, suivi de la taille de moins de 6 têtes avec 19% (figure 1).

Figure 1.  Répartition des éxploitation selon la taille des élevages de bovin à l'engrais

Les animaux engraissés sont exclusivement des mâles. Dans la majorité des cas, ils sont engendrés par des vaches mixtes (72%) et laitières (28%). Généralement, les vaches mixtes sont de race Montbéliarde et les vaches laitières sont de race Holstein.

Les animaux engraissés sont exclusivement des mâles non castrés. La majorité des éleveurs ne possède pas de documents de suivi des animaux, notamment sur la croissance malgré que les animaux soient identifiés.

La totalité des éleveurs n'exploite pas l'orge en vert ou ensilé lors de la finition.

Conduite de l'alimentation

Le test c2 a montré l'existence d'une relation significative entre le poids de la carcasse et les variables quantité de concentré, quantité de foin et fréquence d'abreuvement (tableau 2) .

Tableau 2.   Résultats du test c2  appliqué à  quelques paramètres en relation avec l’alimentation des animaux en engraissement au niveau de la région d’étude.

Paramètres

Valeur

observée

Valeur théorique

ddl

Signification statistique

Poids de la carcasse / quantité de concentré distribué

117.50

21.02

12

*

Poids de la carcasse / quantité de foin distribué

27.66

09.46

04

*

Poids de la carcasse / utilisation de CMV

12.95

21.02

12

NS

Poids de la carcasse / fréquence d’abreuvement

47.10

21.02

12

*

Nombre d’animaux engraissés / mode d’alimentation

02.94

11.05

05

NS

Nombre d’animaux engraissés / surface fourragère en sec

30.00

43.77

30

NS

Nombre d’animaux engraissés / culture de l’orge

01.92

11.05

05

NS

Nombre d’animaux engraissés / utilisation de co-produits

11.60

18.29

10

NS

NS : non significatif            * : p < 0.05

Ces variables sont soumises à une analyse factorielle des correspondances (AFC) (figure2). Il n'y a pas de liaison entre la variable « nombre d'animaux à engraisser » et la « surface fourragère conduite en sec » et « la culture de l'orge ».

Figure 2.  Représentation, selon les deux premiers axes de l'analyse factorielle des correspondances, des variables étudiées:
Qu38 : quantité de foin distribuée. Qu39: quantité de concentré distribuée. Qu49: fréquence d'abreuvement. Qu113: Poids de la carcasse

Généralement, la fréquence de distribution du foin et du concentré est de deux fois par jour. La quantité de concentré et de foin distribuée aux taurillons est respectivement de 10.5 kg et 5 kg (figure 3). Quelques éleveurs déclarent distribuer le concentré à volonté.

Figure 3.  Quantités de foin et de concentré distribuées aux bovins à l'engrais

Le foin de vesce avoine est utilisé au niveau des exploitations A, B et D; celui de ray grass d'Italie est retrouvé au niveau des exploitations C et E. Ces fourrages sont souvent récoltés et conservés dans de mauvaises conditions, ce qui détériore leur qualité nutritionnelle. La valeur énergétique du foin de vesce avoine est en moyenne de 0.52 UFV (Tableau 2), ce qui est commun à ce type de foin au niveau du Maghreb. Le foin de ray grass d'Italie présente une valeur énergétique de 0,64 UFV.

L'aliment concentré utilisé par les éleveurs est celui disponible sur le marché local. Celui-ci est un composé fabriqué à base de maïs, de tourteau de soja et quelques fois d'orge. Sa valeur nutritive est jugée bonne : 1,14 UFV et 102,18 g de PDI (Tableau 3).

Tableau 3.  Valeur nutritive des foins et concentrés utilisés au niveau des exploitations suivies

 

Foin

Concentré

UFV

PDIE

PDIN

UFV

PDIE

PDIN

Exp.A

0.51

67.62

60.38

1.18

101.66

118.72

Exp.B

0.46

55.37

36.99

1.08

101.44

117.94

Exp.C

0.58

58.77

44.18

1.21

112.33

155.24

Exp.D

0 47

73.82

39.29

1.15

101.65

118.58

Exp.E

0.61

62.60

48.77

1.12

93.85

91.86

Exp. : Exploitation; UFV: unité fourragère viande; PDIE : protéines digestibles dans l’intestin permises par l’énergie; PDIN : protéines digestibles dans l’intestin permises par l’azote

La majorité des éleveurs enquêtés n'a pas signalé l'utilisation de l'affouragement et du pâturage lors de l'engraissement. La complémentation minérale et vitaminée est absente dans la majorité des élevages (64%).

Les animaux sont abreuvés en majorité (56 %) par de l'eau de robinet. Les sources puisatières sont utilisées dans 38% des élevages alors que le recours aux eaux de sources n'est signalé que dans 6 % des exploitations.

La fréquence d'abreuvement des bovins la plus répandue est de deux fois par jour (Figure 4). L'abreuvement à volonté n'est pratiqué que dans 13 % des élevages.

Figure 4.   Fréquence d’abreuvement des animaux en période de finition
Performances de croissance et efficacité alimentaire

Les résultats présentés au tableau 4 illustrent les niveaux d'ingestion et les performances de croissance obtenus sur l'ensemble des animaux des exploitations suivies.

Tableau 4.  Caractéristiques d’engraissement de bovins suivis entre 14 et 26 mois recevant des régimes non libéraux de foin et de  concentré composé de commerce

 

Exp. A

Exp. B

Exp. C

Exp. D

Exp. E

Nombre d’animaux

13

10

17

27

67

Poids initial, kg

359±72.41

451±30.59

491±43.32

371±9.25

462±112.15

Poids final, kg

437±68.17

528±30.77

565±39.12

445±75.64

526±108.68

Durée de finition, j

60

60

60

60

60

Gain moyen quotidien (GMQ), g/j

1290±83.11

1282±45.50

1241±98.32

1234±95.72

1066±80.15

Quantités ingérées, kg/MS:

 

 

 

 

 

- Foin

2.65

4.36

2.62

2.57

3.44

- concentré

7.62

6.12

7.79

7.69

6.33

- Total

10.27

10.48

10.41

10.26

9.77

Quantité d’énergie ingérée, UFV/j

10.34

8.60

10.93

10.04

9.17

Efficacité alimentaire(GMG),  g/UFV

124

149

113

123

116

Les quantités moyennes de matière sèche (MS) ingérées par les animaux se rapprochent entre elles. L'efficacité alimentaire est à la limite de l'acceptable. Elle est meilleure dans l'exploitation B avec 149 g de gain de poids par unité d'énergie. L'efficacité est en moyenne de 125 g / UFV.

Les rations offertes aux animaux au niveau de l'ensemble des exploitations affichent un bon équilibre PDI/UFV (93) (Tableau 5).

Tableau 5.   Situation apports des rations en énergie et azote et croissance des animaux suivis par rapport aux recommandations

Poids vif, kg

Apport des rations en énergie et azote et croissance des animaux suivis

Apports recommandés pour un gain de 1200 g /j
(Geay et Micol 1988)

Taurillons

Boeufs

UFV

PDI

GMQ, g/j

Exploitations

UFV

PDI

UFV

PDI

350

10.34

954

1290

Exp. A

5.9

585

-

-

400

10.04

971

1234

Exp. D

6.4

620

6.8

625

450

8.60

862

1282

Exp. B

7.0

655

7.5

660

9.17

749

1066

Exp. E

500

10.93

1029

1241

Exp. C

7.7

685

8.2

700

Les durées d'engraissement les plus rencontrées sont respectivement 3 à 6 mois (33 %), 10 à 12 mois (32%) et 7 à 9 mois (23%). Les durées extrêmes sont représentées par la classe moins de 3 mois et la classe plus de 12 mois avec des proportions respectives de 3 et 9 %.

Le poids moyen de la carcasse produite par les éleveurs enquêtées est de 3.14 quintaux. Plus des trois quarts des éleveurs vendent leurs animaux pour abattage à un âge compris entre 14 et 26 mois avec une égale répartition entre les classes 14 à 20 mois et 21 à 26 mois. Les éleveurs gardent rarement (3 %) leurs animaux plus de 32 mois.

A cause des prix de la viande généralement élevés durant la période estivale, un nombre important d'éleveurs (40 %) font en sorte de faire coïncider la vente des bovins avec cette période au risque de prolonger la durée d'engraissement.


Discussion

Le type de production « naisseurs-engraisseurs » prédomine à cause, notamment, du risque de fluctuation de du revenu. En effet, la variation des revenus, laisse les éleveurs rechercher une compensation par la diversification de produits de l'exploitation (lait + viande). En outre, les aides de l'Etat accordées aux producteurs laitiers (productions de génisses de renouvellement, de taureaux de reproduction, …etc.) (Cherfaoui et al 2003) ont incité les éleveurs à opter pour la production mixte. La taille de ces élevages est largement supérieur à la moyenne signalée au niveau du nord Algérien par Abdelguerfi et Laouar (2002).

Au niveau de la région d'étude, le troupeau laitier est composé principalement des races Montbéliardes et Holstein (Kadi et al 2007). Ces deux races se retrouvent aussi dans les ateliers d'engraissement. Cependant, la Montbéliarde par son aptitude à produire de la viande, prédomine. Par contre, l'on note l'absence de races à viande spécialisées. Ce qui est valable aussi au niveau national (Abdelguerfi et Laouar 2002).

La castration des bovins est totalement absente au niveau de la région d'étude. Pourtant, selon Muller et al (1991), elle favorise l'engraissement. En effet, précoce (3 mois) ou tardive (9 mois), elle constitue un des facteurs influençant la qualité de la viande en modifiant les caractéristiques musculaires impliquée dans la tendreté (Oury et al 2002). Cette pratique est pourtant largement répandue au niveau de la région sur l'ovin mâle. Cette réticence à la castration semble être motivée par le dépôt excessif de gras par rapport aux mâles entiers, bien connu chez les ovins castrés. Selon Magali (1989), la pratique de castration, pour la production de jeunes mâles conduits avec un régime alimentaire de haut niveau comme c'est le cas des élevages enquêtés, n'est pas indispensable.

L'orge utilisée en vert est importante dans l'engraissement des bovins (Teissier,1971). Au niveau de la région d'étude, son utilisation est totalement absente. Selon Demarquilly et Andrieu (1970), la valeur énergétique de la plante entière de l'orge récoltée avant maturité reste à peu près constante entre le début du stade laiteux et le stade pâteux du grain : elle est de l'ordre de 0,55 UF/kg de M.S. Elle varie essentiellement avec la hauteur de la coupe (0,70 UF/kg de M.S. lorsqu'on réalise la coupe à 10-15 cm au dessous de l'épi).

Les veaux sont alimentés avec des régimes à base de foin de vesce avoine et de fortes proportions de concentrés jusqu'à 73 % de la ration. Par conséquent, c'est un régime standard d'engraissement (deux tiers de concentré et un tiers de foin) (Agabriel et al 1987, Normand et al 2005). Ces dernières années, les régimes à base de paille avec de fortes proportions de concentrés (jusqu'à 80 % de la ration) sont de plus en plus utilisés, notamment pour les jeunes bovins (Normand et al 2005).

Le foin de vesce avoine, fourrage le plus utilisé, possède une valeur énergétique moyenne ce qui est généralement signalé au niveau du Maghreb (Kerbaa 1980; Kayouli 1989). Le foin de ray grass d'Italie qui est moins utilisé est plus riche en énergie. Cependant, Kerbaa (1980) a rapporté que la teneur énergétique du foin de ray grass d'Italie cultivé en Algérie varie de 0.92 à 0.64 UF en fonction des stades de coupe.

Les apports nutritifs du concentré utilisé par les éleveurs est appréciable. Celui-ci est fabriqué à base de tourteau de soja, maïs, orge et son de blé. Ces matières premières sont quasiment toutes importées. C'est d'ailleurs les mêmes qui composent le concentré des vaches laitières au niveau de la région (Kadi et al 2007).

La production et la culture des fourrages reste à bien des égards, une activité marginale des exploitations agricoles. Par conséquent, l'affouragement et le pâturage en période d'engraissement de bovins sont rarissimes. D'ailleurs, ces élevages sont en général, conduits en mode hors sol. Cette situation est signalée dans les élevages laitiers dans la même région par Kadi et al (2007). Selon Abbas et Madani (2005), en Algérie, seules 0.05% de la SAU sont irrigués ce qui fait que la production fourragère soit de nature extensive (Abdelguerfi 1987; Houmani 1999; Abdelguerfi et Laouar 2002).

L'abreuvement des animaux est biquotidien. Ce qui est insuffisant, d'autant plus que les besoins en eau sont fonction de la température, de la durée d'ensoleillement et la teneur en matière sèche de l'herbe (NRC 1996).

Les quantités de matières sèches ingérées quotidiennement par les animaux (10.2 vs 11.9 et 12) sont légèrement inférieures à celles obtenues par Agabriel et al (1987) avec des taureaux de boucherie abattus entre 20 et 24 mois. Cependant, ces rations apportent plus d'énergie. Par ailleurs, les quantités d'énergie ingérées en fonction des poids vifs sont nettement supérieures aux recommandations de Geay et Micol (1988) pour un gain de poids de 1200 g/j . Cependant, au niveau des exploitations suivies, le rapport PDI/UFV n'est pas loin des recommandations.

Le gain de poids enregistré au niveau des exploitations A et B est très proche de celui obtenu par Mandiki et al (1999) dans des conditions d'élevages similaires. Les animaux des exploitations C et D ont réalisées des gains journaliers moyens voisins de celui obtenu par Agabriel et al (1987) dans des conditions d'élevages proches. Globalement, les gains quotidiens réalisés dans l'ensemble des exploitations sont acceptables (1245 g) ce qui, selon Teissier (1971), permet d'avoir des carcasses de bonne qualité (bon état d'engraissement, bon développement musculaire, …).

L'efficacité alimentaire renseigne sur l'optimisation de la ration, la gestion économique et l'impact environnemental (Hall 2004). Les efficacités alimentaires moyennes sur la base de l'énergie ingérée, exprimées en gramme de gain par UFV (g de gain / UFV) différent d'un élevage à un autre. Les animaux des exploitations A et B présentent une croissance similaire mais avec des efficacités alimentaires différentes. Hormis l'efficacité alimentaire au niveau de l'exploitation B, celles réalisées au niveau des autres exploitations sont loin de celle obtenue par Agabriel et al (1987) qui est de 134 g de gain /UFV mais nettement supérieures à celle obtenue par Picard et al (2002) (102 g de gain /UFV). Cette faible efficacité alimentaire peut être expliquée en partie par les apports alimentaires excessifs puisque les gains sont dans les normes. Hocquette et al (2002) signalent que les régimes de finition riches en céréales, distribués à volonté, permettent des vitesses de croissance et un engraissement très satisfaisants mais conduisent à des apports alimentaires plus élevés que ceux recommandés, et donc à une plus faible efficacité alimentaire.Ce qui est le cas dans les élevages suivis.


Conclusion
s


Références

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Received 1 April 2007; Accepted 21 May 2007; Published 6 July 2007

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