Livestock Research for Rural Development 27 (8) 2015 Guide for preparation of papers LRRD Newsletter

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Effet du niveau d’énergie de la ration sur les performances de ponte des poules barrées (Gallus gallus) villageoises

Mube Kuietche Herve, Kana Jean Raphaël, Tadondjou Cyrille D’Alex, Yemdjie Mane Divine Doriane, Teguia Alexis et Defang Henry Fuelefack

Département des Productions Animales, Faculté d’Agronomie et des Sciences Agricoles, Université de Dschang,
BP: 222, Dschang, Cameroon. Tel: + 237 674596159 / + 237 697039142
mubehervemkh@yahoo.com

Résumé

Dans le but de déterminer les besoins énergétiques de ponte de la poule barrée locale des hautes terres de l’Ouest-Cameroun, 96 poules âgées de 18 semaines ont été distribués au hasard entre quatre rations composées de EM26, EM27, EM28 et EM29 contenant 2 600, 2 700, 2 800 et 2 900 kcal/kg d'énergie métabolisable. Chacune de ces rations expérimentales a été attribuée au hasard à quatre unités expérimentales suivant un dispositif complètement randomisé comportant quatre traitements et quatre répétitions de 6 sujets chacun. La consommation alimentaire, la production d'œuf, le poids des œufs, la masse d'œufs, l’indice de consommation et le coût alimentaire nécessaire pour la production d’un œuf (en F.CFA) ont été déterminés.

 

La production d’œuf la plus élevée (0,56 œuf/poule/jour) ainsi que l’indice de consommation le plus faible (2,57) et donc le coût le plus faible ont été enregistrés avec la ration EM29 (2 900 kcal/kg) comparé à la ration EM26 (0,33 œuf/poule/jour et 3,26 respectivement). Les autres paramètres de ponte n’ont pas été significativement (P>0,05) affectés par le niveau d’énergie de la ration. Toutefois, l’œuf le plus lourd a été enregistré avec la ration EM (2 900 kcal/kg) bien qu’aucune différence significative n’a été observée entre les traitements. En conclusion,  les besoins énergétiques de la poule barrée en ponte sont au moins de 2 900 kcal/kg.

Mots-clés: alimentation, besoins énergétiques, Cameroun



Effect of dietary energy level on laying performances of local barred-hen

Abstract

A trial on the effect of dietary energy level on laying performances of Cameroon Western-Highlands local barred chicken was carried out. Ninety six 18-weeks old local barred hens were randomly allocated to 16 experimental units of 6 pullets each in a completely randomized design comprising 4 treatments and 4 replicates each. Four experimental diet (EM26, EM27, EM28 and EM29) containing 2600, 2700, 2800 and 2900 Kcal/kg of metabolizable energy respectively were used. The data on feed intake, egg production, egg weight and feed efficiency were collected.

 

The results showed that the highest egg production (0.56 egg/hen/day) as well as the lowest consumption index (2.57) was recorded with diet EM29 containing 2900kcal/kg as compared to EM26 diet (0.33 egg/hen/day and 3.26 respectively) containing 2600kcal/kg of metabolizable energy. The other laying parameters were not significantly affected (P>0.05) by the dietary energy level. However, the heaviest egg was recorded with the diet EM29 containing 2900kcal/kg. In conclusion, the metabolisable energy requirements for the villages barred chickens during laying phase is 2900 kcal/kg of metabolisable energy.

Key words: feeding, energy requirement, Cameroon


Introduction

La poule locale constitue une importante source de revenu pour les paysans et représente une des rares opportunités d’épargne et d’investissement (Fasina et al 2007 ; Sharma2007). En outre, sa viande est mieux appréciée par les consommateurs qui reprochent au poulet de chair sélectionné le goût fade de sa viande et dont la chair, jugée trop molle, se sépare trop facilement des os après cuisson dans les sauces africaines (Sonaiya et Swan 2004). Cependant, l’élevage de la poule locale a très rarement été pris en compte par le développement au niveau des programmes d’appui au secteur de l’élevage à cause de leur faible productivité. En effet, par le passé, les principales initiatives proposées pour le développement de l’aviculture villageoise en Afrique ont mis l'accent sur l'amélioration génétique par le croisement de races locales avec des races exotiques en vue surtout de la production de viande (Danho 2008). Ainsi, les contraintes majeures auxquelles font face cette aviculture (mortalité élevée, logement précaire, faible productivité, alimentation insuffisante et inadéquate) nécessitent qu’on y prête une attention particulière, car actuellement, les mentalités changent et on prend de plus en plus conscience que la faible productivité des poules locales est due probablement à leurs mauvaises conditions de vie et leur alimentation inadaptée (Ankers et al 1997; Sonaiya et Swan 2004; Guèye 2005).

 

D’après Osei-Amponsah et al (2012), l’amélioration de l’alimentation induit une augmentation significative des performances de production des poules villageoises exprimées en termes de poids vif, de la survie des poussins ainsi que du poids et du nombre d’œufs pondus. Tout comme en élevage intensif, la proportion des ingrédients énergétiques est la plus grande dans l’aliment des poules villageoises. De plus, la  teneur en énergie de la ration est  le principal facteur de variation de la consommation alimentaire chez la  poule quelles que soient la race et la souche (Maliboungou et al 1998). Par ailleurs, les travaux de Gunawardana et al (2008) ont montré que le niveau d’énergie métabolisable de la ration permet d’améliorer les performances pondérales des poules ainsi que la couleur du jaune et le poids des œufs. Cependant, les informations sur les besoins en énergie sont très rares chez la poule villageoise et les données de base sont insuffisantes pour formuler les rations équilibrées pour cette poule (Mbajiorgu, 2010; Alabi et al 2013). Ce travail a donc pour objectif de contribuer à déterminer les besoins énergétiques de ponte chez la poule barrée.


Matériel et méthodes

Sites et localisation

 

La présente étude a été menée à la Ferme d’Application et de Recherche (F.A.R.) de la Faculté d’Agronomie et de Sciences Agricoles (F.A.S.A.) de l’Université de Dschang (U.Ds). Dschang, ville montagneuse, est située à l’ouest du Cameroun entre 5° 26’ de latitude Nord, 10°  26’ de longitude Est et à une altitude de 1 420 m et une pluviométrie de 2000 mm par an.

 

Matériel animal, rations alimentaire et dispositif expérimental

 

Un total de 27 poules et 3 coqs de plumage identique (coucou) ont été utilisés à raison de neuf poules pour un mâle afin de produire les œufs à incuber. Ces animaux étaient logés dans des cages sur pilotis faites de bambous. L’aliment qui leur était administré était identique à celui utilisé chez les pondeuses d’œufs de table. Les œufs ont été collectés et mis en incubation artificielle et les poussins d’un jour issus de ces œufs ont été élevés sur litière profonde pendant 12 semaines. Après cette phase, les animaux ont été transféré dans le bâtiment de croissance jusqu’à 18 semaines. A cet âge, les animaux ont été mis dans les cages de dimension 100 x 100 x 80 cm (longueur, largeur et hauteur respectivement) à raison de 6 poules/cage. Chaque cage était munie d’un pondoir à double nid, d’un abreuvoir automatique et d’une mangeoire linéaire.

 

96 poules de 18 semaines d’âge ont été utilisées pour évaluer les performances de ponte des poules entre 19 et 65 semaines. Ces animaux ont été répartis de manière aléatoire dans quatre groupes de 24 poules chacun. Le poids moyen de chaque groupe était : 1021±115g, 1061±62,7g, 1045±22,6g et 1095±34,0g. Quatre rations expérimentales contenant 2 600, 2 700, 2 800 ou 2 900 kcal/kg d'énergie métabolisable (EM26, EM27, EM28 et EM29 respectivement) ont été utilisées (Tableau 1). Chacune des quatre rations expérimentales a été attribuée au hasard à quatre unités expérimentales de 24 poules chacune suivant un dispositif complètement randomisé comportant quatre traitements et quatre répétitions de 6 poules chacune. L’aliment et l’eau ont été servis ad libitum aux animaux.

Tableau 1: Composition, valeurs nutritives et coût de production des rations expérimentales

Compositions (kg)

EM26 (2 600 kcal/kg)

EM27 (2 700 kcal/kg)

EM28 (2 800 kcal/kg)

EM29 (2 900 kcal/kg)

Maïs

52,0

52,0

56

65,0

Remoulage de blé

9,0

16,0

18,0

12,0

Son de blé

18,0

10,0

3,0

2,0

Tourteaux de coton

2,0

3,0

3,0

2,0

Tourteau de soja

2,0

3,0

4,0

3,0

Farine de poisson

5,0

3,0

3,0

5,0

Poudre de coquillage

6,0

7,0

7,0

5,0

Farine d’os

1,0

1,0

1,0

1,0

Concentré ponte 5% (*)

5,0

5,0

5,0

5,0

Total

100

100

100

100

Composition chimique calculée

Protéines brutes (%)

15,8

15,2

15,2

15,3

Energie métabolisable (kcal/kg)

2629

2708

2822

2914

Calcium (%)

3,37

3,45

3,36

3,36

Phosphore (%)

0,86

0,69

0,65

0,86

Lysine (%)

0,78

0,72

0,74

0,78

Méthionine (%)

0,31

0,29

0,29

0,31

EM/PB

165

177

184

190

Prix (Fcfa/kg)

185

186

191

208

*Concentré ponte 5%: Protéines brutes = 40%; Energie métabolisable = 2 040 kcal/kg; Calcium = 8% ; Phosphore disponible = 2% ;
Lysine = 3,24% ; Méthionine = 2,30% ; Chrorophylle = 240 ppm.

Collecte des données et paramètres étudiés

 

Durant les 40 semaines de l’essai, la consommation alimentaire moyenne par répétition a été calculée à la fin de chaque semaine. Les œufs pondu étaient ramassés le matin entre 7 et 8 h puis pesés et le poids moyen calculé. Les paramètres suivant ont également été calculés :

Le taux de ponte hebdomadaire =

Poids moyen de l’œuf =

Production pondérale moyenne  par poule =

 

L’indice de consommation =

Le coût de production de l’œuf a été calculé en divisant le produit de la consommation alimentaire (kg) et du coût du kg d’aliment (FCFA) par la masse d’œufs produits. Le prix du kg d’aliment a été évalué sur la base du prix des ingrédients sur le marché au moment de l’étude.

 

Analyse statistique

 

Les données obtenues des paramètres étudiés ont été soumises à l’analyse de la variance à un facteur. Une séparation des moyennes a été faite à l’aide du test de Duncan quand leurs différences étaient significatives (Steel et Torrie 1980). Le logiciel SPSS. 20.0 a été utilisé pour l’analyse de données.

Le modèle statistique utilisé était le suivant :

 

Xij  = µ + αi + eij

Xij  = Observation sur l’animal j ayant reçu la ration ou traitement i

µ = Moyenne générale

αi   =  Effet du niveau d’énergie (i)

eij  =  Erreur résiduelle due à l’animal j ayant reçu la ration ou le traitement i.


Résultats

A l’exception de l’âge au pic de ponte et de la production d’œufs, le niveau d’énergie de la ration n’a pas eu d’effet significatif (P>0,05) sur les performances de ponte des poules barrées (Tableau 2). En effet, la production d’œufs la plus élevée ainsi que l’indice de consommation le plus faible ont  été obtenus avec la ration EM29 recevant le niveau d’énergie le plus élevé (2 900 kcal/kg). Par ailleurs, la consommation alimentaire de la poule barrée pendant la ponte a tendance à baisser avec le niveau croissant d’énergie de la ration (Tableau 2). Elle est passée de 132 g/poule/jour pour la ration EM26 (2 600 kcal/kg) à 106 g/poule/jour pour la ration EM27 contenant 2 800 kcal/kg. Soit une baisse de 20,18 % de la consommation lorsque le niveau d’énergie de la ration augmente de 300 kcal/kg. De même, l’augmentation du niveau d’énergie de la ration tend à faire baisser l’indice de consommation de 3,26 à 2,57 (21,17 %) et de 77,52 à 48,52 Fcfa (37,41 %) pour le coût de production respectivement chez les animaux recevant les rations EM26 (2 600 kcal/kg) et EM29 (2 900 kcal/kg). L’analyse de la variance n’a révélé aucune différence significative (P>0,05) entre les traitements pour le poids et l’âge de la poule à la ponte du premier œuf. Néanmoins, l’augmentation du niveau d’énergie de la ration tend à faire baisser ces paramètres qui passent de 1 328 à 1 284 g (soit une réduction de 3,29 %) pour le poids de la poule à l’entrée en ponte et de 23,67 à  21,33 semaines (une réduction de 9,89 %) pour l’âge au premier œuf respectivement pour les rations EM26 et EM29 (Tableau 2).

Tableau 2: Effet du niveau d’énergie de la ration sur les performances de ponte de la poule barrée

Caractéristiques

Rations

ETM

P

EM26
(2 600
kcal/kg)

EM27
(2 700
kcal/kg)

EM27
(2 800
kcal/kg)

EM29
(2 900
kcal/kg)

Consommation alimentaire (g/poule/jour)

132

119

106

125

17,03

0,284

Poids vif au premier œuf (g)

1328

1146

1296

1284

106

0,150

Age entrée en ponte (semaine)

23,6

22,6

22,0

21,3

2,02

0,599

Poids du premier œuf (g)

35,9

38,3

34,0

34,4

4,40

0,680

Age à 10% de ponte (semaine)

25,0

24,0

23,0

21,3

2,17

0,181

Age au pic de ponte (semaine)

37,0b

27,6ab

30,3ab

34,0a

4,14

0,006

Taux de ponte au pic (%)

54,0a

63,8ab

60,0ab

65,7b

10,2

0,002

Viabilité (%)

72,00

97,0

90,0

100

20,2

0,480

Poids des poules à 60 semaines

1565

1533

1590

1650

423

0,590

Nombre d’œufs /poule présente

93,7a

119ab

116ab

156b

34,6

0,010

Nombre d’œufs /poule/jour

0,33a

0,43ab

0,42ab

0,56b

0,12

0,001

Poids moyen des œufs (g)

45,4

44,8

46,4

46,7

0,82

0,150

Poids cumulé d’œufs/poule (kg)

4,29a

5,39ab

5,41ab

7,23b

1,55

0,010

IC (kg d’aliment /douzaine d’œufs)

3,26

3,68

3,07

2,57

1,08

0,057

Coût production de l’œuf (F CFA)

77,5

57,2

49,0

48,5

20,2

0,276

IC= indice de consommation ; ETM= écart type sur la moyenne ; P=probabilité
a, b : Les moyennes portant la même lettre sur la même ligne ne sont pas significativement différentes (p>0,05).

L’augmentation du niveau d’énergie de la ration tend a baissé l’âge à 10% de ponte. Ainsi, celui-ci est passé de 24 à 21 semaines respectivement pour les rations EM26 et EM29. En revanche, le taux croissant d’énergie dans l’aliment a entraîné une baisse significative (P<0,05) de l’âge au pic de ponte. L’âge au pic  le plus faible (P<0,05) ayant été obtenu avec la ration EM29 (29 semaines) recevant le niveau d’énergie le plus élevé tandis que l’âge au pic le plus élevé (P<0,05) a été obtenu avec la ration EM26 (37 semaines) recevant le niveau d’énergie le plus faible. Toutefois, les rations EM27 et EM28 ont été comparables aux rations EM26 et EM29 pour ce paramètre.

 

En outre, L’augmentation du niveau d’énergie de la ration tend à améliorer la masse totale d’œufs produite par poule ainsi que le nombre d’œufs produits par poule (Tableau 2). En effet, le poids total et le nombre d’œufs produits par poule les plus élevés (P<0,05) ont été obtenus avec la ration EM29 (7,23 kg et 156 œufs respectivement pour le poids et le nombre d’œufs produits par poule). Néanmoins, cette ration (EM29) a été comparable (P>0,05) à la ration EM28 et EM27 mais significativement différente de la ration EM26 pour ces deux paramètres.

 

Les courbes de production cumulée d’œufs indiquent, pour tous les traitements, une ponte continue sur toute la période de l’étude (Figure 1). Cependant, la production cumulée de la ration EM29 (2 900 kcal/kg) a été la plus élevée de toutes suivie de celles de EM28 et EM27. Par contre, la courbe de la ration EM26 (2 600 kcal/kg) a été en-dessous de toutes les autres courbes sur toute la durée de l’essai. En effet, les taux croissant d’énergie dans l’aliment tendent à augmenter de façon linéaire la production cumulée d’œufs.

Figure 1: Effet du niveau d’énergie dans l’aliment sur l’évolution de la production cumulée d’œufs.

La régression entre le nombre d’œufs pondus et le niveau d’énergie de la ration  a été forte avec un coefficient de régression R2= 0,87. L’allure grimpante de la courbe et de la droite de régression matérialise une augmentation de la ponte avec la hausse du niveau d’énergie de la ration (Figure 2).

Figure 2: Relation entre le niveau d’énergie de la ration et le nombre d’œufs pondus par poule et par jour

De manière générale, l’augmentation du niveau d’énergie de la ration tend à augmenter le taux de ponte au pic (Tableau 2). En effet, les animaux recevant le niveau d’énergie le plus faible EM26 (2 600 kcal/kg) ont enregistré le pic de ponte le plus faible (54 %) tandis que la ration EM29 recevant le niveau d’énergie le plus élevé (2 900 kcal/kg) a obtenu le taux au pic le plus élevé (65,71 %), ce qui représente une augmentation de 21,69 %. Par ailleurs, l’analyse de la variance a révélé une différence significative (P<0,05) entre les traitements EM26 et EM29. Les courbes illustrant l’effet du niveau d’énergie de la ration sur l’évolution hebdomadaire du taux de ponte  évoluent en dents de scie pour tous les groupes et sur toute la période de l’étude (Figure 3).

Figure 3: Effet du niveau d’énergie de l’aliment sur l’évolution du taux de ponte


Discussion

Le niveau d’énergie de la ration n’a pas significativement affecté (P>0,05) la consommation alimentaire de la poule villageoise pendant la ponte. Ce qui est en accord avec Bouvarel et al (2010) qui ont rapporté que les pondeuses ne régulent pas leur consommation alimentaire en fonction du niveau d’énergie. Costa et al (2009) ont obtenu des consommations alimentaires comparables, 113 g et 107 g chez les pondeuses  recevant des niveaux d’énergie de 2 650 et 2 950 kcal/kg respectivement, et ils ont ainsi conclu que la consommation alimentaire en phase de ponte tend à  baisser lorsque le niveau d’énergie de la ration augmente. Par contre, le résultat de la présente étude est contradictoire à ceux de Joly et al (1997), Harms et al (2000) et Bertechini (2006) qui ont rapporté que la consommation alimentaire diminue lorsque le niveau énergétique de l’aliment baisse. Cette contradiction entre les résultats serait liée au fait que ces auteurs ont utilisé l’huile pour augmenter la valeur énergétique de leur ration, ce qui aurait ralenti la durée du transit digestif et donc la consommation alimentaire (Andreotti et al 2004). En effet, la présence de l’huile dans la ration ralentit la durée de passage de l’aliment du duodénum à l’intestin notamment parce que les graisses doivent être émulsionnés avant leur digestion (Mateos et al 1982; Andreotti et al 2004).

 

Le poids vif au premier œuf, l’âge à l’entrée en ponte, le poids du premier œuf et l’âge à 10 % de ponte n’ont pas été affectés par le niveau d’énergie de la ration. Par contre, l’âge à 10 % de ponte tend à baisser avec l’augmentation du niveau d’énergie de la ration. Ces résultats sont semblables à ceux de Kingori et al (2010) qui n’ont enregistré aucune variation du poids des poules villageoises du Kenya lorsque le niveau d’énergie varie de 2 990 à 3 277 kcal/kg. Summers et Leeson (2001) ont rapporté que le poids vif à l’entrée en ponte est le principal facteur qui détermine le poids des premiers œufs, la teneur en nutriment de la ration n’influençant que peu ce dernier. Dans le présent travail, le poids des poules à l’entrée en ponte n’a pas été significativement affecté par le niveau d’énergie, ce qui semble justifier le fait que les poids des premiers œufs ne soient pas significativement différents.

 

L’augmentation du niveau d’énergie de la ration a entraîné une amélioration de la production d’œuf des poules barrées. Le taux de ponte au pic, le nombre d’œufs/poule et la production cumulée d’œufs/poule les plus élevés ont été obtenus avec la ration EM29 recevant le niveau d’énergie le plus élevé (2 900 kcal/kg). Pérez-Bonilla et al (2012) ont obtenu des résultats similaires chez les pondeuses commerciales. En effet, en faisant varier le niveau d’énergie de la ration entre 2 650, 2 750 et 2 850 kcal/kg ils ont enregistré une production d’œufs de 89, 91 et 93 % respectivement. De même, Mathlouthi et al (2002) en comparant les aliments contenant 2 650 et 2 750 kcal/kg d’énergie ont abouti à des résultats similaires. En revanche, pour Harms et al (2000), Ost et Peixoto (2000) et Leeson et al (2001) la production d'œufs n’est pas affectée par la teneur en énergie de l'aliment. C’est aussi le cas des études menées par Costa et al. (2004) qui n’ont enregistré aucune variation significative de la production d'œufs quand le niveau d’énergie passait de 2 645 à 2 971 kcal/kg. Par ailleurs, l’utilisation d’un aliment hyper énergétique peut causer des super-ovulations augmentant la production des œufs avec double jaunes (Albino et Barreto 2003) ou alors entraîner la résorption d'autres ovules dans la cavité abdominale de la poule qui de ce fait peut ne pas pondre pendant plusieurs jours (Albino et Barreto 2003). Les résultats de la présente étude semblent suggérer qu’une densité énergétique d’au moins 2 900 kcal/kg d’aliment représenterait un niveau optimal pour nos animaux. Ce niveau permettrait d’utiliser efficacement les nutriments pour la ponte sans dépôt de graisse ni superovulation  qui déprime les performances de ponte comme indiqué par ces derniers auteurs.

 

Dans cette étude, l’augmentation du niveau d’énergie de la ration de 2 600 kcal/kg à 2 900 kcal/kg entraîne une baisse de l’indice de consommation de 21,17 % et du coût de production de l’œuf de 37,41 %. Cette amélioration de l’efficacité alimentaire pourrait s’expliquer par le fait que lorsque le niveau d’énergie de la ration augmente il y a baisse de la consommation alimentaire associée à une augmentation du poids des œufs produits. Des résultats similaires ont été rapportés par Gunawardana et al (2008) avec des niveaux d’énergie de 2 776 et 2 864 kcal/kg. De même,  ce résultat corrobore celui de Wu et al (2005) qui, en faisant varier le niveau d’énergie de la ration de 2 719 à 2 956 kcal/kg, ont obtenu une baisse significative de l’indice de consommation de 2,14 à 1,97.

 

Le poids de l’œuf n’a pas été significativement affecté (P>0,05) par le niveau d’énergie de la ration, même si on a obtenu une augmentation de 2,9 % du poids des œufs lorsque le niveau d’énergie est passé de 2 600 à 2 900 kcal/kg. Ce résultat est similaire à celui obtenu par Gunawardana et al (2008) chez des poules pondeuses commerciales. En effet, avec une variation du niveau d’énergie de 2 776 à 2 864 kcal/kg ils ont enregistré une augmentation de 1,3 % du poids de l’œuf. Le fait que la consommation alimentaire n’a pas été significativement affectée par le niveau d’énergie de la ration signifie une prise égale de nutriment pour la fabrication de l’œuf ce qui pourrait expliquer pourquoi l’augmentation du niveau d’énergie n’as pas affecté significativement le poids des œufs (Wu et al 2009). Le résultat de la présente étude est contraire à celui de Harms et al (2000), Bohnsack et al (2002), Sohail et al (2003) et Wu et al (2009) qui en augmentant le niveau d’énergie de la ration de 2 719 à 2 956 kcal/kg par ajout d’huile ont noté une augmentation significative du poids des œufs des pondeuses Dekalb et Bovans White. La différence entre ces résultats et les nôtres peut s’expliquer par le fait que, contrairement à ces auteurs, la valeur énergétique de la ration n’a pas été relevée dans notre travail avec l’huile. De plus, la qualité du matériel génétique utilisé peut aussi expliquer la différence observée entre les résultats.


Conclusion


Bibliographie

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Received 29 May 2015; Accepted 22 June 2015; Published 1 August 2015

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