Livestock Research for Rural Development 27 (2) 2015 Guide for preparation of papers LRRD Newsletter

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Enquête socioéconomique et technique sur l'aviculture familiale dans la région de l’Adamaoua, Cameroun

F K Djitie, C Megueni, A Teguia1 et D L Bitom2

Département des Sciences Biologiques, Faculté des Sciences, Université de Ngaoundéré
BP: 454 Ngaoundéré-Cameroun
franckdjitie@gmail.com
1 Département des Productions Animales, F.A.S.A, Université de Dschang
2 Département des Sciences de la terre, Faculté des Sciences, Université de Ngaoundéré

Résumé

Une enquête socioéconomique et technique sur l’aviculture familiale a été réalisée en juillet et août 2014 dans les 8 arrondissements du département de la Vina, région de l’Adamaoua, Cameroun afin d’y contribuer au développement de l’aviculture familiale. A cet effet, 85 exploitations détenant 2599 volailles ont été enquêtées.

 

Les éleveurs concernés sont majoritairement (85 %) des hommes. Les poules représentent près de 76 % des effectifs, suivies des canards (18 %). Cette activité est caractérisée par la divagation des animaux, cependant, 66 % des éleveurs disposent d’un abri de nuit. Dans 95 % des cas, l’alimentation n’est pas prise en charge. Aucune mesure prophylactique n’est prise par la majorité (64 %) des aviculteurs, ce qui se traduit par des taux de mortalité annuels allant de 50 à 100 % des effectifs chez 78 % des éleveurs. Les causes de mortalité sont attribuées à 98,5 %  aux maladies. Le commerce de la volaille locale est très porteur ; les poules coûtent entre 2000 et 3000 FCFA l’unité tandis que les coqs se vendent entre 3000 et 7000 FCFA. Cette activité contribue chez 80 % des propriétaires pour 20 à 80 % des revenus familiaux. Les maladies, le manque d’encadrement et de moyens financiers constituent les principales contraintes de la filière. Les doléances émises pour l’essor de la filière sont surtout la formation, le suivi et l’éradication des maladies.

Mots-clés: département de la Vina. élevage, Nord Cameroun, poule villageoise



Socioeconomic and technical investigation on family poultry in the Adamawa region of Cameroon

Abstract

A technical and socioeconomic family poultry survey has been conducted from July to august 2014, in the 8 districts of Vina department, Adamawa region of Cameroon. The objective is to contribute to the development of family poultry in the northern region of Cameroon. To this end, 85 village poultry breeders holding a total of 2599 birds were surveyed.

 

The birds are predominantly (85 %) held by men. Chickens account for nearly 76 % of poultry, followed by ducks (18 %). This activity is characterized by the straying of animals; however, 66 % of farmers have a night shelter for their birds. Feeding is not supplied by farmers in 95 % of case. No prophylactic measure is taken by the majority (64 %) of poultry breeders, which translates into annual mortality ranging from 50 to 100 % of birds in 78 % of poultry farms. Mortalities are mainly (98.5 %) attributed to diseases. The local poultry business is very promising; hens cost between 2000 and 3000 FCFA per unit while roosters are sold for 3000 to 7000 FCFA per unit. This activity contributes in 80 % of homeowners between 20 and 80 % of family responsibilities. Diseases, lack of supervision and financial resources are the main constraints in the sector. Complaints issued for the development of the sector are training, monitoring and diseases prevention and eradication.

Key words: breeding, North Cameroon, village chickens, state, Vina department


Introduction

L’élevage des volailles locales est une activité primordiale en zone rurale où il représente une importante source de protéines animales et de revenus (Zaman et al 2004). En effet, au sein de nombreuses sociétés, la volaille locale joue également un rôle socioéconomique indéniable puisqu’elle constitue une des rares opportunités d’épargne et d’investissement (Sonaiya et Swan 2004).

 

Au Cameroun, les populations de poules locales, bien que de faible productivité, représentent plus de 60 % du cheptel avicole contre moins de 35 % pour les souches sélectionnées de poules alors que les autres volailles comptent pour  6 % (Fotsa et al 2010). Le cheptel avicole local camerounais est tenu par des petites exploitations rurales ayant chacune un effectif moyen de 10 à 13 poules (Agbédé et al 1995). Dans le septentrion du pays en général et à Ngaoundéré en particulier où l’aviculture moderne n’est pas considérablement développée, l’aviculture familiale contribue significativement à la consommation de viande de volailles. Cependant elle se heurte à de fortes pertes dont les causes sont multiples.

 

 Compte tenu de son importance, une meilleure rentabilité dans cette filière doit être recherchée. L’identification des principaux maillons faibles de cette activité devrait permettre de proposer des solutions aux éleveurs en fonction des problèmes rencontrés, et de présenter aux pouvoirs publics et aux chercheurs les axes d’interventions pour un réel essor de l’aviculture familiale dans le septentrion Camerounais en général.

 

Ainsi, ce travail a été entrepris dans le département de la Vina, région de l’Adamaoua, Cameroun pour faire l’état des lieux des  volailles présentes, des systèmes et techniques d’élevage, de la contribution de l’activité aux charges familiales ainsi que des problèmes rencontrés dans cette activité.


Matériel et méthodes

Présentation de la zone d’étude

 

L’étude a été menée en juillet et août 2014 dans les 8 arrondissements du département  de la Vina (Figure 1), région de l’Adamaoua, Cameroun et dont Ngaoundéré est  le chef-lieu. Il est circonscrit dans la zone agro-écologique soudano guinéenne ; situé sur le 7,28de latitude Nord et le 13,340 de longitude Est. Son altitude moyenne est de  1113 m. Les précipitations monomodales couvrent en général 7 mois avec en moyenne 1500 mm pour 120 à 150 jours  de pluies par an. Les températures moyennes oscillent entre 23 et 250C.


Figure 1 : Localisation de la zone d’étude

Echantillonnage et collecte des données

 

Un minimum de 6  éleveurs ayant chacun un effectif d’au moins 7 volailles a été interviewé dans chaque arrondissement, soit 85 éleveurs. Dans chaque ménage visité, les informations recueillies concernaient l’éleveur, la description des animaux et du système d’élevage, les données zootechniques, la commercialisation des produits d’élevage, les problèmes rencontrés, les perspectives et doléances à l’égard des pouvoirs publics.

 

Analyses statistiques des données

 

Les analyses des données d’enquêtes ont été faites par la statistique descriptive. A cet effet,  le logiciel IBM SPSS statistics 21.0 a été utilisé.


Résultats

Caractéristiques des enquêtés

 

Dans la Vina, les volailles sont détenues à 85 % par les hommes. 53 % des éleveurs sont des musulmans, suivis des chrétiens (43,5 %) et enfin des animistes qui ne constituent que 3,5 %. Près de 91 % sont âgés d’au moins 35 ans. 27 % n’ont jamais été à l’école, 32 % ont arrêté les études à l’école primaire et seulement 14 % ont un niveau universitaire. Un peu plus de 77 % des personnes enquêtées sont également agriculteurs et/ou commerçants tandis que les fonctionnaires constituent les 7 %. 88 % sont mariés et près de 72 % exercent cette activité depuis au moins 4 ans. L’élevage est destiné à 85 % à la fois à la commercialisation et à l’autoconsommation, 13 % y associent l’élevage de prestige tandis que 2 % seulement élèvent pour l’autoconsommation uniquement. Les sources de financement sont constituées à 80 % des économies personnelles, souvent appuyées par des dons (14 %).

 

Espèces de volailles rencontrées

 

Le tableau 1 présente la répartition des espèces de volailles dans les élevages enquêtés en fonction des arrondissements. Il en ressort que les poules représentent à elle seules 75 % des effectifs suivi des canards (18 %) tandis que toutes les autres espèces représentent moins de 7 % des effectifs. Les poules sont présentes dans la quasi-totalité (98,8 %) des élevages, viennent ensuite les canards, les oies, les pintades et les dindons  rencontrés respectivement dans 24,7 ; 4,7 ; 2,4 et 2,4 %  des cas. Les pigeons et les autruches ont été également rencontrés.

Tableau 1 : Répartition des espèces de volailles des élevages enquêtés en fonction des arrondissements.

Arrondissements

Espèces de volailles

Poules

Canards

Oies

Pintades

Pigeons

Dindons

Autruches

Total

Moyenne

Ngaoundéré 1 (n=08)

242

39

/

4

/

/

/

285

35,63 ± 29,02

Ngaoundéré 2 (n=10)

304

50

/

/

58

2

/

414

41,40 ± 37,41

Ngaoundéré 3 (n=18)

278

245

12

/

56

6

/

597

33,17 ± 31,37

Mbe (n=10)

224

41

/

17

8

/

/

290

29,00 ± 27,84

Nyambaka (n=12)

363

/

/

/

/

/

/

363

30,25 ± 16,23

Belel (n=07)

102

59

6

/

4

/

2

173

24,71 ± 14,56

Ngan Ha (n=06)

103

/

/

/

/

/

/

103

17,17 ± 4,17

Martab (n=14)

348

26

/

/

/

/

/

374

26,71 ± 18,93

TOTAL (N=85)

1964

460

18

21

126

8

2

2599

30,58 ± 25,39

S’agissant des poules, il existe une grande variabilité phénotypique montrant des volailles de type cou nu, frisé, huppé, nain, et tarse emplumé (Figure 2). Certains animaux présentent de la mélanine dans le derme, bien visible au niveau des pattes.

2a : Poule au cou nu           

2b : Coq nain

2c: Mère poule au plumage frisé       

2d: Poule aux tarses emplumés

Figure 2 : Quelques types génétiques rencontrés chez les poules locales de la Vina

Les animaux élevés proviennent à 94 % des marchés et à 5 % des dons. Le choix des animaux à élever est guidé à 61 % par l’état de santé, la résistance aux maladies et la croissance rapide contre 6,5 % seulement par leur prolificité. Le choix des reproducteurs se fait à 82,6 % sur la base du poids et à 17,4 % sur la libido. 63 % d’enquêtés ne détiennent que la volaille, 30 % ont également des chèvres et/ou des moutons. 3,5 % seulement affirment avoir des bovins. Seuls 14,3 % des éleveurs ont eu une formation en élevage d’une durée de deux ans pour 54,5  % et de moins de deux semaines pour 36,4 % des cas.

 

Conduite de l’élevage

 

La quasi-totalité des animaux sont en divagation. Ils ont dans 66 % de cas un abri plus ou moins adapté (Figure 3a à 3c) et le reste se débrouille pour se mettre à l’abri des prédateurs et d’autres dangers (Figure 3d). Moins de 2 % chauffent eux-mêmes les poussins après couvaison.

3a : Abris de nuit en paille tissée et en tôle  

3b : Abri de nuit en paille

3c : Abri de nuit au centre et pondoir à droite    

3d : Arbres servant d’abri de nuit

Figure 3 : Quelques types d’abris de nuit pour les poules locales 

Dans 95 % des cas, l’alimentation des animaux n’est pas le souci des éleveurs. Ceux qui la  prennent au moins partiellement en charge leur donnent à manger dans des mangeoires adaptés ou pas (38 %) principalement du mil, du maïs, du son de maïs et des restes de cuisine. Près de 50 % disposent au moins en saison sèche seulement des abreuvoirs de fortune (figure 4) et 7 % rien du tout. L’eau d’abreuvement vient des puits (93 %), des marigots (5,6 %) et d’autres sources (1,4 %). Par jour, 38,5 % abreuvent  jusqu’à 3 fois leurs animaux. 57 % le font tous les 2 ou 3 jours ou lorsque l’abreuvoir est vide.

4a : Réservoir de voiture

4b : Couvercle d’assiette

4c : Couvercle de seau

Figure 4 : Quelques abreuvoirs de fortune retrouvés en aviculture familiale

78 % des éleveurs subissent chaque année des mortalités allant de 50 à 100 % de leurs animaux. Ils attribuent ces pertes dans 98,5 % des cas aux maladies contre 1,5 % seulement à autres causes. De par la description des symptômes (toux, éternuement, accélération de la respiration, somnolence avec écoulement bucco-nasal, diarrhées verte, blanche, etc.), les principales maladies responsables de ces pertes semblent être la maladie de Newcastle, la bronchite infectieuse et les salmonelloses. 64 % ne disposent d’aucune mesure de prophylaxie et jusqu’à 78 % ne reçoivent aucune assistance vétérinaire. 87,5 % n’ont jamais été visités par les services vétérinaires.

 

Commercialisation des produits d’élevage de volaille

 

Les produits sont vendus exclusivement au marché  pour 80 %  des éleveurs et 20 % à la maison et/ou au marché. Selon la taille et la couleur du plumage, les prix des poules adultes oscillent entre 2000 et 3000 F.CFA (1€ ≈ 656 F.CFA) et celui des coqs entre 3000 et 7000 F.CFA. Les œufs coûtent 100 F.CFA l’unité. Un espace plus ou moins aménagé pour la vente des poules locales est présent dans 75 % des marchés. De l’avis des enquêtés, la volaille transportée au marché trouve toujours et rapidement preneurs. Pour 80 % de personnes enquêtées, cette activité supporte entre 20 et 80 % des charges familiales. L’évaluation des bénéfices réels n’a pas été effectué compte tenu du fait que les éleveurs ne suivent généralement pas leurs investissements et écoulent leurs produits auprès des revendeurs essentiellement.

 

Problèmes rencontrés dans l’activité et perspectives

 

Si cette activité semble ne pas requérir une forte implication financière ou managériale pour donner de bons résultats, il est à noter que de nombreux problèmes sont cependant relevés et contribuent ainsi à des pertes  significatives. Pris globalement, la répartition des problèmes rencontrés par les enquêtés est illustrée par la figure 5. Cependant, chaque problème pris individuellement permet de mieux mesurer sa pertinence. En effet, pour 90 % des enquêtés, les maladies constituent le principal problème rencontré, 43 et 15 % sont victimes de vol et de prédation respectivement. Le manque de financement et d’encadrement par les services compétents  constituent des contraintes pour 27 et 47 % d’enquêtés respectivement.

Figure 5: Contraintes de l' aviculture familiale dans la région de l' Adamaoua

Face à ces difficultés, 62 % des éleveurs ont en perspective d’améliorer les conditions et techniques d’élevage. Malgré les pertes, 14 % des éleveurs envisagent en plus de chercher des moyens pour augmenter la taille de leur élevage.

 

Doléances des éleveurs de volailles aux pouvoirs publics

 

Bien que 72,6 % des enquêtés n’appartiennent pas à un Groupement d’Initiatives Communes (GIC) et que 70 % y appartenant trouvent qu’il n’est pas vraiment utile, tous ont émis des doléances (Figure 6) pour une plus grande rentabilité dans la filière. Ainsi,  75,6 % des éleveurs sollicitent une formation au moins basique en aviculture ; 24,4 % suggèrent un encadrement de la part des services compétents ; 50 % sollicitent des financements et 43,6 % la prévention et ou l’éradication des maladies.

Figure 6: Répartition des enquétés en fonction des doléances émises


Discussion

La prédominance des hommes dans l’aviculture familiale, observée dans notre enquête est en contradiction avec les tendances générales des travaux de Fotsa et al (2007) qui concluaient que cette activité était tenue à 56,6 % par les femmes. Ceci est également le cas pour Moula et al (2012) dont les travaux menés au Bas-Congo en RDC révélait que dans 42,9 % des familles visitées, l’élevage des poules concerne exclusivement les femmes contre 15,6 % seulement chez les hommes. Cette situation est dans notre cas due aux mœurs de la région qui veulent que toutes les charges familiales soient supportées par les hommes (majoritairement musulmans) et les femmes ne devraient pas être actives économiquement. Elle s’explique également par l’intrusion des hommes dans la décision de vente  et donc de la propriété des poules. Selon Gueye (1988), elle est due à des considérations socio-culturelles qui donnent aux hommes ce droit de responsable et de gestionnaire de la famille au détriment des femmes. Il est à noter que dans la majorité des cas, ce sont les familles les plus démunies qui la pratiquent. En en effet, la grande majorité des éleveurs nantis de cette région sont intéressés par l’élevage des bovins et dans un certaine mesure des ovins et caprins (MINEPIA 2011).

 

L’agriculture et le commerce constituent les principales activités des ménages et l’élevage des poules locales est une activité secondaire comme c’est le cas pour les travaux antérieurs (Ekue et al 2002 ; Mack et al 2005 ; Moula et al 2012). Bien qu’activité secondaire, l’élevage fait partie intégrante de la vie des populations rurales ou démunies. Elles y sont aidées par la rusticité et la grande capacité à la débrouillardise des poules locales qui dans la quasi-totalité des cas, vivent en divagation (Fotsa et al 2007).

 

La forte prédominance des poules dans les effectifs de volailles locales corrobore les observations des auteurs (fotsa et al 2007, Raach-Moujahed 2011, Moula et al 2012). Les types génétiques de poules retrouvés dans notre zone d’étude sont en adéquation avec ceux trouvés dans les hautes terres de l’Ouest (Fotsa et Poné 2001, Keambou et al  2007) et dans la zone forestière humide (Fotsa et al 2010) du Cameroun.  Dans ces zones,  une multitude de coloris et divers types génétiques à l’instar des cous nu, tarses emplumés, plumage frisé, etc., avaient également été observés.  La forte variabilité de la couleur du plumage observée dépend selon Coquerelle (2000) des gènes à effets visibles dont les interactions diverses donnent une coloration très variable. Elles donnent à ces poules une valeur socioculturelle considérable au sein des communautés traditionnelles (Ngou Ngoupayou 1990).

 

Les critères de santé, de rusticité, de croissance rapide et même de prolificité relevés comme motivations de choix de poules à élever ont également été notés par Bell et al (2000) puis Fotsa et al (2007) qui ont ainsi conclu que ceci dénote de leur importance dans les économies rurales. La détention exclusive  des volailles par la majorité (63 %) des ménages témoigne une fois de plus que cette activité est menée par des familles considérablement démunies. Ceux associant l’élevage des petits ruminants sont des familles qui avec le temps et malgré les pertes ont pu prospérer pour vendre une partie de leur effectif de volaille et se procurer une ou deux chèvres qui initient cette autre activité.

 

Compte tenu du fait que les animaux dans cette zone sont continuellement en divagation, la nécessité d’un bâtiment ne semble ne pas être d’actualité. Cependant, certain aviculteurs ont entrepris de construire pour les animaux des abris de nuit pour limiter le vol et la prédation. Des types de logement semblables à ceux rencontrés ont été rapportés par Fotsa et al (2007) et Moula et al (2012) chez qui la conduite de l’élevage semble un peu plus sérieuses en ce sens que dans leur études, les éleveurs disaient enfermer les oiseaux le soir pour n’ouvrir que le matin.

 

Le fait que la majorité (95 %) des ménages ne s’occupe pas spécialement de l’alimentation des volailles témoigne du manque de sérieux dans l’activité. Ceci se constate également par le manque ou la mauvaise qualité des abreuvoirs et de l’eau destinés aux animaux. Cette tendance à abreuver les animaux avec les eaux usées est également relevée par Fotsa et al (2007) dans la majeure partie du plateau sud camerounais. Ces eaux ne sont que très rarement renouvelées prédisposant ainsi les volailles à la propagation d’éventuelles maladies qui seraient apportées par un sujet malade. En effet, les taux de mortalité y sont très élevés et peuvent s’expliquer comme dans d’autres travaux (Fotsa et al 2008, Moula et al 2009a, Raach-Moujahed et al 2011) par le fait que les animaux de différents espèces et âges vivent ensemble, favorisant ainsi des contaminations par une multitude d’organismes pathogènes. Ceci est associé à une alimentation quantitativement et qualitativement déficiente dans ce système d’élevage (Khan 2004). L’absence de prophylaxie et le manque d’assistance vétérinaire contribuent également aux forts taux de mortalité observés. Fotsa et al (2008) ont rapporté que dans ces conditions, les pertes en poussins pouvaient atteindre 30 à 50 %.

 

 Face aux forts taux de mortalité des poussins suite aux maladies en temps d’épidémies, les œufs, habituellement laissés pour la couvaison et l’augmentation des effectifs sont considérablement consommés ou vendus à l’approche de ces périodes (Fotsa et al 2007). Outre la consommation, ils  sont également utilisés dans les rites et dans la pharmacopée traditionnelle (Gueye 1998). Le fait que l’aviculture puisse contribuer dans certain cas jusqu’à 80 % des charges familiales témoigne de  son importance comme opportunité de rentrée financière pour la satisfaction quotidienne des besoins des familles et pour la pérennisation de l’espèce poule (Sonaiya et Swan 2004). Les bénéfices  restent cependant non évalués compte tenu de la mauvaise gestion de l’élevage. Cependant, le nombre de sujet vendus est très souvent fonction des besoins financiers, du poids des oiseaux ainsi que de la demande sur le marché.

 

Les contraintes les plus fréquemment citées sont les maladies, le manque de suivi et les prédateurs. Ces contraintes ont été également rapportées dans de très nombreuses études généralement dans les pays en voies de développement : Kugonza et al (2008) en Ouganda, Raach-Moujahed et al (2011) en Tunisie, Bett et al (2012) au Kenya et Moula et al (2012) et RDC.

 

La diversification des races et espèces élevées est  une méthode généralement utilisée face aux problèmes rencontrés. La nécessité d’un minimum de connaissance en aviculture,  la levée des contraintes sanitaires sont des prérequis pour toute action impliquant des investissements de la part des éleveurs. Ceci passerait  comme ils l’émettent si bien par leur formation, le financement et le suivi de leur activité par les services compétents.


Conclusion


Remerciements

Les auteurs tiennent à remercier, la Faculté des Sciences de l’Université de Ngaoundéré-Cameroun pour avoir rendu possible la réalisation de ce travail, tous les délégués du Ministère de l’Elevage, des Pêches et Industries Animales (MINEPIA) de la Vina pour avoir facilité la collecte sur le terrain, enfin  les étudiants Lazare Magama, Ernest Talla, Isaac Tizé et Katchouang Nguepkap A N pour leur contribution à la collecte et à l’encodage des données. 


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Received 26 December 2014; Accepted 3 January 2015; Published 4 February 2015

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