Livestock Research for Rural Development 27 (1) 2015 Guide for preparation of papers LRRD Newsletter

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Variations de la composition chimique du lait de vache Holstein dans le nord-est de l’Algérie

S Matallah, S Bouchelaghem1 et F Matallah2

Laboratoired’épidémie-surveillance, santé, productions et reproduction, expérimentation et thérapie cellulaire des animaux domestiques et sauvages,
Université Chadli Bendjedid, El-tarf, B.P73, 36000, Algérie
saida_agro17@yahoo.fr
1 Laboratoire de recherche sur la biodiversité et la pollution des écosystèmes. UniversitéChadli Bendjedid,EL-tarf, B.P73, 36000, Algérie.
2 Département des Sciences Vétérinaires, Faculté des Sciences de la Nature et de la Vie, Université Chadli Bendjedid, El-tarf , B.P73, 36000, Algérie

Résumé

L’objectif est d’évaluer les éffets du numéro de lactation (4ème ou 6ème) et de la saison sur la composition chimique au cours de la lactation de 125 vaches Holsteins de la wilaya d’El-Tarf, au Nord- Est algérien. Un suivi d’élevage détaillant les modes de conduite des vaches a été adopté. Les taux butyreux (TB) et protéiques (TP) deprélèvements mensuels de lait de mélange ont été analysés.

Nos résultats montrent que le numéro de lactation agit sur les paramètres ( TB et TP). Le lait le plus riche est obtenu en 4 ème lactation (TP= 32,7 ± 7,9 et TB = 33,2 ± 0,8) les taux butyreux et protéiques étaient minimaux en hiver. Un temps d’accès important au pâturage est accompagné par une amélioration des taux protéiques (+1,25 g/len moyenne en 4ème lactation et +1,35g/l en moyenne en 6ème lactation). De même, les taux butyreux ont augmenté (+0,15 g/l en 4ème lactation et +0,65 g/l en 6ème lactation). Les taux butyreux observés sont faibles par apport aux normes européennes (40,7 g/l). Cette étude a permis en evidence l’éffet favorable du facteur «alimentation»; cependant il est vraisemblable qu’elle n’ est pas bien maîtrisée comme le montre la diminution des taux protéiques et butyreux en hiver. Dans ces conditions pratiques d'élevage, la vache Holstein a produit un lait à 31,37 ± 1,93 de TB et 32,2 ± 6,1 de TP.

Mots clés: alimentation, numéro de lactation, saison, taux butyreux, taux protéique, vaches laitières



Variation of the chemical composition of milk from Holstein cattle in North-East Algeria

Abstract

The objective of this study was to evaluate the effect of lactation number and season on the chemical composition of milk Holsteins during lactation analyzed at the wilaya of El-tarf. A breeding monitoring detailing driving modes cows was adopted in parallel, monthly samples of milk mixture were analyzed for their chemical properties (butterfat and protein content).

Our results show that the number of lactation affects the variation of the parameters of milk (Fat and Proteins). The richest milk is produced by cows 4th lactation (fat = 32.7 ± 0.79 and proteins = 33.2 ± 0.11). Under the effect of season, fat and protein levels were minimal in winter. A time of significant access to pasture is accompanied by an improvement in protein (1.25 g/l on average for the 4th lactation cows and 1.35 g/l on average for cows sixth lactation). Similarly, fat content increased (0.15 g/l in 4th lactation and 0.65 g/l in the sixth lactation). This study allows us to evidence the favorable effect of the factor "alimetation" however it likely that this factor is not well controlled, as shown by the decrease in milk fat and protein levels in winter.

Key Words: fat content, feeding dairy cow, lactation number, protein content, season


Introduction

Le lait est une matière première de grande importance ici, et face à la demande du consommateur qui sollicite de plus en plus de produits innovants à la qualité constante, l’industrie doit exploiter toutes les richesses de cette matière première à la fois si simple en apparence et si complexe dans sa composition. La valeur nutritionnelle de lait est haute. Il contient la graisse, la protéine, le lactose, des minéraux, des vitamines et des enzymes mixtes (mélangées) dans l'eau (Rehrahie et Andnet 2007).

L’évaluation de la qualité nutritionnelle du lait s’avère nécessaire pour mettre en évidence la variabilité de la qualité nutritionnelle lors de la production du lait, évaluer la qualité du lait produit et déterminer les facteurs influants, afin d’améliorer la production et la rentabilité. Cette qualité est mise en évidence ici à traversla détermination de deux paramètres constituants le lait, le taux butyreux (TB) pour les matières grasses (MG), et le taux protéique (TP).


Matériel et méthodes

Notre travail s’est déroulé dans cinq fermes du secteur privé, situées au Nord-Est algérien (Wilaya d’ El-tarf) sous un climat sub-humide à humide (humidité relative moyenne élevée durant toute l’année). La température moyenne est de 18°C (BNEF1979). L’analyse a porté sur des laits de vaches en bonne santé, de race Holstein, sélectionnées selon leur numéro de lactation et collectées durant la période allant du 1er janvier 2013 jusqu’ au 30 mai de la même année (tableau 1). Les élevages ont été choisis à dire d’experts car leurs pratiques d’alimentation étaient représentatives de la région.

Trois types de système d’alimentation se sont succédés: 1º Utilisation de l’ensilage de maïs et de l’orge en vert (+ de 60 % de la ration totale) pendant la période hivernale (décembre, janvier et février). 2º Utilisation de bersim ou trèfle d’Egypte (Trifolium alexandrinum), et de luzerne (Medicago sativa) avec une longue période de pâturage (le jour) au prin temps (mi mars, avril et mai). 3º Utilisation de sorgho en vert en été (juillet–aôut) avec un pâturage plus court. Les analyses ont été effectuées une fois par mois sur le lait de mélange du matin et du soir d’ une même journée. A cette quantité prise fut ajoutée une pastille de bichromate de potassium (K2Cr2O7) qui est un conservateur du lait (Skaff W 2001).

La statistique descriptive et l'analyse de variance du modèle linaire général univarié (ANOVA), ont été effectuées avec le logiciel SPSS (version 18, 2008).


Résultats et discussion

Performances moyennes

Les caractéristiques moyennes du lait pendantde la durée de l’étude sont illustrées dans le tableau 1.

Tableau 1. Caractéristiques moyennes du lait par lot
Numéro de lactation Effectifs Matières protéique (g/kg) Max Min Matières grasses (g/kg) Max Min
4 65 32,7 ± 7,9 41,0 21,6 33,2 ± 0,8 34,0 31,0
6 60 31,6 ± 7,1 40,0 25,0 29,5 ± 3,3 33,0 26,5
Tous 125 32,2 ± 6,1 41,0 21,6 31,4 ± 1,9 34,0 26,5
Max: maximum; Min: minimum

Les taux butyreux (TB) observés sont faibles par apport aux normes européinnes (40,7 g/l). Bousselmi et al (2010) rapportent une moyenne de 34,5 g/l en Tunisie. Ceci peut être justifié par une distribution hivernale importante de concentré (orge). Les facteurs alimentaires jouent un rôle prédominant (Journet et Chilliard 1985; Hoden et al 1985; Sutton 1989; Coulon et Rémond 1991). Mais ce n’est qu’avec des proportions importantes d’aliment concentré ( 40 à 60 %) que le taux butyreux peut diminuer d’une façon importante (Coulon et al 1989). Les mêmes auteurs rapportent qu'à fort taux de concentré (plus de 50%), les céréales entraînent des chutes plus importantes de taux butyreux que les concentrés riches en parois.

Plusieurs théories ont été proposées pour expliquer la chute du TB causée par des rations riches en concentrés. L'une d'elle stipule que le taux butyreux serait affecté par les concentrations plasmatiques d’insuline. En effet, la théorie glucogénique-insulinémique suggère que l'insuline joue un rôle important dans la chute du taux de matières grasses du lait.

Les taux protéiques sont supérieurs aux normes (31,5 g/l). En Tunisie, ils sont de 31,3 g/l (Bousselmi et al 2010). Cette augmentation peut être due à la richesse de la ration hivernale en énergie (Sutton 1989; Coulon et Remond 1991). L’apport énergétique favorise un accroissement du TP modulé par le potentiel génétique. Cet apport énergétique des protéines stimule la synthèse microbienne dans la panse.

Facteurs de variation de la teneur en matières grasses et en protéines
Effet du numéro de lactation

L’effet du ‘Numéro de lactation’ qui a été étudié est hautement significatif (P<0,001) pour les deux paramètres étudiés (TB et TP). Les vaches en 4ème lactation ont produit un lait plus riche en matières grasses et en protéines que celles en 6ème lactation (tableau 1).

Le numéro de lactation s’est avèré un facteur de variation de la composition du lait. Craplet et Thibier ( 1973) rapportent que le TB décroît lentement mais régulièrement dès la 2ème lactation pour se stabiliser à partir de la cinquième. De même, Robinson et al (1973 ) in Yennek N (2009) rapportent que le TP décroît dès la première lactation.

Effet de la saison

Une analyse de la variance par lot a révélé un effet de la saison significatif (P<0,001) pour les deux paramètres étudiés (TB et TP). Les taux butyreux et protéiques ont été minimaux en fin d’hiver (Figures 1 et 2). La mise à l’herbe (durée d’accès au pâturage importante) est accompagnée par une amélioration des taux protéiques (+1,25 g/l en moyenne pour les vaches en 4ème lactation et +1,35g/l en moyenne pour les vaches en 6ème lactation). De même, les taux butyreux ont augmenté (+0,15 g/l en 4ème lactation et +0,65 g/l en 6ème lactation).

Figure 1. Evolution des taux butyreux au cours de la lactation

Des expériences récentes réalisées par Dubeuf et al (1991), rapportent que la mise à l’herbe s’est accompagnée de modifications importantes de la production et de la composition du lait: en moyenne, la production laitière et les taux butyreux et protéiques ont augmenté respectivement de 2,1 ± 2,5 kg/j, 0,8 ± 3,5 g/kg et 1,4 ± 1,9g/kg entre la semaine (- 3) et la semaine (+3) par rapport à la mise à l’herbe. Cependant, Spike et Freeman 1967 cités par Coulon et al (1991) ont signalé tout de même une légère augmentation au printemps (+7% par rapport à la moyenne annuelle) chez des vaches pie-noire. D’après Jarrige (1953), à la mise à l’ herbe une augmentation de 10% du taux butyreux et de 8% de la teneur moyenne en matières azotées totales, par rapport à la moyenne de la dernière semaine de stabulation, sont enregistrées au bout de 8 jours de pâturage. Selon Decaen et Ghadaki 1970 cité par Essalhi (2002), l’augmentation de la teneur du lait en matières grasses à la mise à l’herbe est due à l’augmentation de la sécrétion des acides gras longs dont l’herbe jeune est bien pourvue tandis que Hoden et al (1985 ) ont montré que la mise à l’herbe s’ accompagne classiquement d’une diminution du taux butyreux, sauf dans le cas où celui-ci est particulièrement bas à la sortie de l’hiver.

Le mois de mai semble être défavorable aux taux protéiques. Une légère diminution est observée (- 0,10 g/l pour l’ensemble des vaches). La saison agit par l’ intermédiaire de la durée d’éclairement . La plupart des auteurs ont montré qu’ une durée d’éclairement expérimentale longue augmentait la production laitière et diminuait parfois la richesse du lait en matières utiles (Peters et al 1981; Tucher 1985; Phillips et Schophield 1989) rapporté par Coulon et al (1991). La durée de jour longue pouvant agir négativement sur la richesse du lait en matières utiles (Agabrielet al 1990).

Figure 2. Evolution des taux protéiques au cours de la lactation


Conclusion

L’analyse a porté sur des laits de vaches de race Holstein, collectés une fois par mois durant la période allant du 1er janvier 2013 jusqu’ au 30 mai de la même année. Au regard des résultats obtenus, nous pouvons tirer les conclusions suivantes:


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Craplet C et Thibier M 1973 La vache laitière. 2ème édition. Vigot frères 726 p.

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Received 12 December 2014; Accepted 20 December 2014; Published 1 January 2015

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