Livestock Research for Rural Development 24 (7) 2012 Guide for preparation of papers LRRD Newsletter

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Répartition spatiale des tiques (Ixodidae) sur un pâturage cultive à La Station Expérimentale Agronomique de l’Ecole Supérieure d’Agronomie - Campus Universitaire de Lomé au Togo

A E Kulo, K Assogba, E Talaki et W Poutouli*

Ecole supérieure d’agronomie – Université de Lomé B.P. 1515 Lomé - Togo
kulomathias@yahoo.fr
* Département de Zoologie - Faculté des Sciences – Université de Lomé B.P. 1515 Lomé - Togo

Résumé

Les tiques constituent un problème majeur dans l’élevage d’animaux au pâturage en zone intertropicaleafricaine. Ce problème s’accentue lorsque les animaux passent régulièrement sur le même pâturage assurant ainsi la disponibilité alimentaire aux tiques. Dans le but d’une lutte écologique adaptée, cette étude est menée pendant six mois (mai - octobre 2010) sur un pâturage cultivé  de 8300 m² en vue de déterminer la dispersion des tiques.   

Au total 40 formes immatures  et 194 tiques adultes ont été capturées et l’identification a abouti à cinq genres dont :  Haemaphysalis sp, Amblyomma sp,  Boophilus sp,  Rhipicephalus sp et Hyalomma sp. Les genres Boophilus sp et Amblyomma sp ont été retrouvés pendant toute la durée de l’étude. Toutefois, le genre Haemaphysalis sp était prédominant (31,28 % des captures) et se retrouvait surtout en bordure d’une haie vive et des herbes sauvages (85,71 %). Boophilus sp se retrouvait (86,96%) en bordure de champs et d’une haie vive.  Le tropisme écologique de ces tiques mérite donc d’être étayé et analysé avec leur biologie.

Mots clés: bétail, écologie, élevage, tiques, Togo



Spatial distribution of ticks (Ixodidae) on a pasture installed at the Agronomic Experimental Station of the University of Lomé in Togo

Abstract

Ticks represent a major problem in animal breeding at pasture in African intertropical zones. This problem is accentuated when the animals are regularly present on the same pasture and thus ensuring the availability of food to the ticks. With an aim of an adapted ecological fight, this study is undertaken for six months (May - October 2010) on a pasture of 8,300 m² installed in order to determine the dispersion of ticks.

In total, 40 immature forms and 194 adult ticks were captured and the identification led to five genera of which Haemaphysalis sp, Amblyomma sp, Boophilus sp, Rhipicephalus sp and Hyalomma sp. Genera Boophilus sp and Amblyomma sp were found throughout the study. However, the genus Haemaphysalis sp was prevalent (31.28 % of the captures) and was found especially in edge of a quickset hedge and wild grasses (85.71 %). Boophilus sp was found (86.96 %) in edge of fields and a quickset hedge. The ecological tropism of these ticks deserves thus to be supported and analyzed with their biology.

Key words: breeding, cattle, ecology, ticks, Togo


Introduction

Les tiques constituent une réelle entrave à l’élevage par leurs propres actions (spoliatrice, traumatique, plaies), surtout par les pathogènes dont elles sont vecteurs (Babesia, Rickettsie, Cowdria…) (Parola et Raoult 2001;  Lhoste et al 1993; Zinsstag et al 2004)  et aussi par les pertes économiques qu’elles entraînent (mort des animaux, coût des acaricides) (Beugnet et al 1994). En Afrique de l’ouest, de nombreuses études sont réalisées sur les tiques et les maladies à tiques (Farougou et al 2007; Ouedraogo 1975; Koney et al 1994; Zinsstag et al 2004; Teel et al 1988; Gueye et al 1994; Claxton et Leperre 1991).  

Diverses luttes sont menées soit directement contre les tiques sur les animaux soit indirectement contre les pathogènes transmis. Mais les résultats restent très limités en raison des phénomènes de chimiorésistance (Beugnet et al 1994). Actuellement, peu de moyens de lutte sont possibles dans le milieu extérieur, surtout quand on maîtrise mal le biotope. La présente étude est réalisée sur un pâturage cultivé à la Station Expérimentale Agronomique de  l’Ecole Supérieure d’Agronomie  (SEA-ESA) de l’Université de Lomé (UL) pour déterminer le biotope des tiques en vue d’élaborer une  stratégie de lutte ciblée.  


Matériel et méthode

Zone d’étude

La présente étude s’est déroulée à la Station Expérimentale Agronomique de l’ESA-UL sur  un pâturage cultivé situé du côté sud-ouest.  Le site jouit d’un climat de type guinéen à deux saisons pluvieuses (mars à juillet et octobre- novembre). L’humidité relative de l’air oscille entre 80 et 90% et la température moyenne se situe autour  de  27°C.  La quantité moyenne mensuelle de pluies enregistrées est de 82,40 + 33,60 ml en 2009 et de 137,2+56 ml en 2010. Le pâturage est limité au nord par une piste  et des herbes sauvages ;  au sud par une piste et des champs; à l’ouest par une haie vive et à l’est par un dépôt de drèche et une agroforêt.  Le pâturage cultivé ainsi délimité est constitué d’un mélange de trois variétés de panicum fourrager (Var T36, Var T58 et Var C). Quatre zones (A, B, C et D)  ont été définies  sur le pâturage  pour cette étude. 

Matériel technique

L’aire de pâturage cultivé est un polygone à 5 côtés d’environ  8300 m²,  sur lequel sont délimitées  des aires de captures de tiques. Le matériel de capture de tiques est composé d’une grande serviette blanche fixée à l’extrémité de deux tiges de 1,20 m de long.  L’ensemble ainsi constitué est appelé drapeau de capture des tiques. Une loupe biloculaire de marque NACHET NS30 a servi à l’identification des tiques.  

Matériel animal

Il est essentiellement constitué de tiques capturées sur le pâturage. Elles sont conservées dans l’alcool à 70° pour identification. 

Méthodes

Le travail est réalisé pendant 6 mois (mai à octobre 2010) dans le souci de couvrir les deux saisons des pluies propices à l’apparition des tiques.

Quatre (4) petites parcelles rectangulaires de 200 m² (20mx10m) sont délimitées sur les deux grands côtés opposés du polygone. La définition de ces parcelles a été effectuée en tenant compte de l’environnement et de la géographie du pâturage (Figure 1). Quatre piquets peints au rouge définissent chaque petite parcelle pour les captures de tiques. Le nombre de pieds de panicum par zone de capture  varie de 290 à 334 répartis sur 11 à 14 lignes. Les densités sont de 1,45 à 1,67.  


Figure 1:
Présentation de la parcelle d'étude et des zones de capture

La capture des tiques

Sur le terrain, la technique utilisée est celle du «drapeau» ou de “couverture’’.  Pour piéger les tiques, le drapeau de serviette est traîné entre deux lignes  de panicum. Après 7 à 10m de marche,  le drapeau est soulevé et les tiques accrochées sur la serviette sont récupérées. 

Identification des tiques  

Elle est faite jusqu’aux genres et est basée uniquement sur des critères morphologiques externes grâce à des clés préétablies (Guetard 2001 ;  Rodhain et Perez 1985 ; Pérez-Eid 2007 ;  Perez et Gilot 1999). 

Analyse des données

Toutes les données obtenues ont été analysées au logiciel Excel 2007 pour calculer des sommes, des moyennes, des pourcentages et aussi  pour la confection  des figures.  


Résultats

Le nombre total des tiques obtenues chaque mois  et la pluviométrie au cours de la même période sont représentés au tableau 1. Le maximum mensuel de capture de tiques  (49 soit 25,30 %) a lieu au cours du mois de juillet.  La pluviométrie a été irrégulière en ce mois de juillet. Les résultats montrent que les tiques sont présentes durant les 6 mois de notre étude. 

Tableau 1: Effectif mensuel des tiques capturées sur pâturage et pluviométrie à la même période

 

Mai

Juin

Juillet

Août

Septembre

Octobre

Pluviométrie  (mm)

98,2

231

33,6

81,8

177

201

Nombre  de tiques

11,0

8,00

49,0

46,0

42,0

38,0

La répartition par stades de développement des tiques capturées indique que les adultes   représentent seulement 20,60 %.  La répartition des tiques par zone donne 94 (48,50  %) sur la zone A contre seulement 4,10 % sur la Zone B durant toute la période d’étude (tableau 2). 

Tableau 2 : Répartition globale des tiques et immatures sur pâturage avant identification

Oct

Zones

Mai

Juin

Juil

Août

Sept

Total        (%)

20,00

A

2,00

2,00

36,0

 

14,0

94,0      (48,5)

2,00

B

0,00

2,00

2,00

0,00

2,00

8,00         (4,10)

6,00

C

2,00

0,00

4,00

8,00

12,00

32,0       (16,5)

10,00

D

7,00

4,00

7,00

18,0

14,0

60,0      (30,90)

38,00

Total

11,0

8,00

49,0

46,0

42,0

194      (100)

Répartition des différents genres de  tiques   

A l’identification, cinq (05) genres de tiques (Haemaphysalis sp, Amblyomma sp,  Boophilus sp,  Rhipicephalus sp et Hyalomma sp) ont été répertoriés et répartis dans le temps (Tableau 3) et dans l’espace (tableau 4).

 

Tableau 3: Taux moyen mensuel des différents genres de tiques

Genre

Mai

Juin

Juil

Août

Sept

Oct

Total (nombre)

Boophilus  sp

21,2

0,00

6,50

17,5

25,5

9,50

23,0

Amblyomma sp

66,7

75,0

21,7

45,0

47,1

38,1

61,0

Hyalomma sp

0 ,00

0,00

0,00

0,00

2,90

0,00

1,00

Rhipicephalus sp

0,00

0,00

13,00

0,00

2,90

0,00

7,00

Haemaphysalis sp

11,1

25,0

58,7

37,5

20,6

52,4

62,0

 

Tableau 4 : Effectif des différents genres de tiques identifiées par zone

Zones

Boophilus sp

Amblyomma sp

Haemaphisalis sp

Rhipicephalus sp

Hyalomma sp

Immatures

Total adultes

A

3,00

18,0

54,0

6,00

1,00

12,0

94,0

B

0,00

5,00

0,00

0,00

0,00

3,00

8,00

C

8,00

14,0

3,00

1,00

0,00

6,00

32,0

D

12,0

24,0

5,00

0,00

0,00

19,0

60,0

Total

23,0

61,0

62,0

7,00

1,00

40,0

194


Discussion

Nos résultats concordent avec ceux de Bowessidjaou (1991) sur les moutons dans cette Station. Les résultats similaires ont été observés par plusieurs auteurs dans la sous-région (Gueye et al  1994 ; Dossa 2000,  Zinsstag et al 2004 et Farougou et al 2007). Mais, Lanto (2004) n’a pas rencontré de Haemaphisalis sp dans la région de la Kéran au nord du Togo.  Le genre Boophilus sp est capturé presque tous les mois durant notre étude contrairement à Hyalomma sp qui n’est retrouvé qu’en septembre (niveau moyen mensuel de pluviométrie le plus élevé 37,70mm). Les genres Amblyomma sp (31,28 %) et   Boophilus sp (11,79 %) sont  régulièrement répartis dans le temps alors que Lanto (2004) ne retrouve que Boophilus sp sur animaux en septembre dans le nord du pays.  Dans l’espace, le  genre Haemaphysalis sp est très fréquent et représente 32,31 % du total de tiques capturées sur le pâturage. En termes de répartition spatiale sur le pâturage, Hemaphisalis sp reste prédominant (85,71 %) dans la zone A caractérisée par une haie vive et des herbes sauvages. Le genre Boophilus sp est surtout capturé en zones D et C (86,96 %). Ces zones sont sous l’influence des champs et de la haie vive. Le genre Rhipicephalus sp est capturé en zones A et C (haie vive, dépôt de drêche, champs, herbes sauvages, piste). Il s’agit de zones à fortes fréquentations étrangères) alors que le genre Hyalomma sp n’est retrouvé qu’en zone A (herbes sauvages et haie vive).  Quant aux immatures, seules les nymphes sont capturées sur le pâturage et ce dans toutes les zones.  Ceci serait dû, d’une part, au fait que les larves de certains genres tiques se nourrissent préférentiellement sur de petits animaux et d’autre part au cycle monophasique de Boophilus sp. Les mesures de lutte doivent être intégrées, associant des mesures chimiques, agronomiques, biologiques et ne doivent plus  reposer sur l’utilisation exclusive des tiquicides (Beugnet et al 1994). 


Conclusion


References

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Bowessidjaou E J 1991  Tiques (Acarina ; Ixodoïdea) du Togo; aspects épidémiologiques en milieu urbain et aspects systématiques en microscopie électronique de quelques espèces du genre Rhipicephalus. Thèse de doctorat, Université de Neuchâtel, Suisse. 151 p.

 

Claxton J and Leperre P 1991 Parasites burdens and host susceptibility of Zebu and N’Dama cattle in village herds in Gambia. Veterinary Parasitoogyl. pp 293-304.

 

Farougou S, Tassou A W, Tchabode D. M., Kpodekon M., Boko C et Youssao A K. I. 2007  Tiques et hémoparasites du bétail dans le Nord-Bénin. Revue d Médecine Vétérinaire., pp 463-467

 

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Received 31 March 2012; Accepted 2 June 2012; Published 1 July 2012

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