Livestock Research for Rural Development 23 (1) 2011 Notes to Authors LRRD Newsletter

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Enquête sur les facteurs de risque des mammites en élevage bovin laitier dans l’Est Algérien

A Hocine, R Ouzrout* et A Laadjama**

Institut des Sciences Vétérinaires, Centre universitaire. El-Tarf 36000 Algérie
hhocine70@yahoo.fr
* Institut des Sciences Vétérinaire, Centre universitaire. El-Tarf 36000 Algérie
** Faculté des Sciences, Département de Microbiologie et Biochimie, Université
Badji Mokhtar. Annaba 23000 Algérie

Résumé

La mammite constitue une dominante pathologique multifactorielle sévissant avec une grande fréquence en élevage bovin laitier. Notre étude s’est fondée sur l’identification, l’évaluation et l’appréciation des facteurs de risque propres aux élevages laitiers de la région Est de l’Algérie. Pour se faire,  50 élevages bovins laitiers ont étaient  étudiés. Les résultats obtenus, traités statistiquement par le modèle logistique ajusté, ont permis de cerner un groupe de variables candidates qui explique dans une certaine mesure les valeurs élevées des numérations cellulaires du lait de tank. Le degré de signification du modèle a été fixé à 0,15.

 

Les variables retenues par le modèle logistique final, touchent principalement par ordre de signification (odds ratio entre parenthèse): le type de traitement (10,31); la quantité de litière (7,22); le type d’égouttage (3,17) et la race (2,90).

 

Cette étude des facteurs de risque, est une étape charnière dans l’élaboration d’un plan prophylactique essentiel à la mise en place du contrôle laitier.

Mots clés: exploitation, numération cellulaires du lait, santé mammaire, vache



Survey on mastitis risk factors in dairy cattle farms in Eastern Algeria

Summary

Mastitis is a multifactorial disease found with great frequency in dairy cattle. Our study was based on the identification, evaluation and assessment of risk factors specific to dairy farms in the eastern region of Algeria. To do so, 50 dairy cattle farms were were studied. The results, treated statistically by the adjusted logistic model, have identified a group of variables that explains to some extent the elevated cell counts of bulk milk. The level of significance of the model was set at 0.15.

The variables selected by the final logistic model affecting mainly by order of significance (odds ratio in parentheses): the type of treatment (10.31), the amount of bedding (7.22), the type of drainage (3, 17) and breed of cow (2.90).

This study of risk factors is an important step in the development of a prophylactic plan which is essential for establishing control programs for milk production and marketing.

Key words: cows, farm, mammary health, milk cell count


Introduction

L’économie agricole en Algérie  cherche depuis l’indépendance à atteindre l’autosuffisance. La production laitière couvre à peine une partie des besoins de la population. En effet, les 2/3 des produits laitiers consommés proviennent  de l’importation (Yakhlef 1989, Bencharif 2001). En 2007, les besoins en consommation en lait brut sont estimés à 3,5 milliards de litres alors que la production laitière nationale n’a atteint que 2,2 milliards de litres (Boudedja 2008).

 

Dans le cadre du Programme National de Développement Agricole (PNDA),  un programme de réhabilitation de la production laitière est mis en place. Une enquête épidémiologique faisant partie de celui-là a déterminé un taux d’infections mammaires très important (50,6 %) (MADR 2002).Les résultats des études sur les mammites, confirment l’impact de certains paramètres, qui contribuent à la pérennité de cette pathologie, tels que les facteurs liés à la conduite de l’élevage, aux pratiques de la traite, aux caractéristiques du bâtiment et de l’animal (Mtaallah  et al 2000, MADR 2002, Bareille et al 2004, Delafosse et al 2005).

 

L’origine multifactorielle rend la lutte difficile et coûteuse, mais pas aussi onéreuse que l’intervention en aval. Donc, l’établissement d’un plan prophylactique ajusté sur le terrain, est la solution de choix. Afin d’élaborer un tel plan, adapté à la région Est de l’Algérie, un Audit de santé mammaire a été mis en œuvre afin de recenser tous les facteurs de risque.

 

Matériels et  méthodes 

Matériels

 

Les élevages

 

Notre enquête a été menée sur 50 élevages bovins laitiers de la région Est de l'Algérie suite à un tirage au sort dans un lot de x élevages sélectionnés sur la base de leurs accessibilité et disponibilité des éleveurs. Avec  un effectif  total de 770 vaches laitières (soit 5 à 68  vaches par exploitation.) 96% des élevages étudiés sont des élevages « hors-sol » où l’approvisionnement alimentaire provient pour l’essentiel des apports externes.

 

Les enquêtes préliminaires ont montré que les numérations des cellules du lait de tank (NCT) fluctuent entre 242 200 et 4 928 167 cellules/ml, la médiane est de 1 659 626 ± 1 077 324 cellules/ml. La production laitière journalière est faible : 64 % des exploitations produisent entre 10 et 20 litres par vache et par  jour.

 

Le questionnaire «Mammites»

 

Le recueil des informations relatives aux pratiques de l’élevage et de la traite, est fait par le biais d’une enquête de terrain. Celle-ci nécessite le déplacement de l’enquêteur au site d’élevage, et aussi sa présence à toutes les étapes de la traite.

 

Le questionnaire «Audit de santé mammaire» est le moyen de collecte d’informations utilisé durant l’enquête. Du petit matériel a été nécessaire pour mener à bien notre enquête, comme une boussole, un chronomètre, une montre et une torche lumineuse.

 

Prélèvement du lait

 

On a utilisé le matériel suivant pour prélever le lait et énumérer les cellules: Tubes ; Glacière (+ 4°C) ; COULTER COUNTER®.

 

Méthodes

 

La durée de l’enquête est dune  année, elle s’est déroulée du mois de juillet 2008 jusqu’au mois de juillet 2009. Chaque élevage est visité une seule fois. Le recueil d’informations est assuré par quatre enquêteurs (un doctorant et trois étudiants en fin d’études en médecine vétérinaire).

 

Pour  le bon fonctionnement et  l’uniformité du travail des enquêteurs, on a procédé à des séances de formation théorique et pratique. Entre autres, l’enquêteur doit prendre tout son temps sans perturber la tâche quotidienne de l’éleveur en l’interrogeant de préférence avant la traite.

 

Recueil d’informations 

 

L’étude s’est réalisée en deux phases :

- La première phase est une prise de contact avec les Directions des Services Vétérinaires (DSV) de trois wilayas de L’Est Algérien (Eltarf, Annaba et Souk Ahras)  pour une orientation vers les vétérinaires subdivisionnaires. Ils faisaient l’intermédiaire entre nous et les éleveurs choisis par commune.Le choix était plus guidé par la collaboration des éleveurs et la situation géographique de leurs élevages (accessibilité).

- La deuxième phase elle comporte deux parties : les commémoratifs relatifs à l’élevage et les informations liées à la technique de traite. La vigilance de l’enquêteur est mise à rude épreuve à fin de récolter le maximum et les réelles informations fournis par l’éleveur. Ce dernier n’est pas toujours crédible, et  cherche souvent à se montrer compétent et maître de  la situation.

 

Prélèvements

 

L’échantillon est prélevé dans un tube étiqueté  directement du lait du tank et, à la fin de la traite (du matin ou du soir). Puis, les prélèvements sont acheminés dans une glacière (+ 4°C ) vers le laboratoire de Microbiologie de la Faculté des sciences de l’Université Badji Mokhtar Annaba pour un comptage cellulaire avec le COULTER COUNTER® modèle « Z2 ».

 

Analyse statistique

                                                                                                                     

La nature épidémiologique évoquée dans cette étude est d’ordre « Étude descriptive » de type transversal permettant d’obtenir une image instantanée de la santé mammaire du cheptel bovidé dans l’Est Algérien. On a utilisé le logiciel SAS (Statistical Analysis System) version 6 : 1989, le logiciel SPPS version 10, ainsi que l’Excel 2007.

 

Le seuil de numération cellulaire du lait de tank (NCT), choisi pour déclarer une mammite dans l’exploitation est de 1 million de cellules par  ml de lait. Ce seuil est retenu pour différentes raisons telles que :

 

 Les élevages avec des NCT  inférieures au seuil déterminé, sont considérés comme  non exposés « 0 », et ceux avec des  valeurs supérieures comme exposés « 1 ».

 

On a agit de même pour ceux classés « 1 »   dans la majorité des modalités car cette valeur est réservée strictement pour la constante.  Pour les variables identiques, on n’en garde qu’une seule pour éviter la colinéarité. Celle-ci  rend la régression impossible.

 

Les valeurs retenues ont été soumises au Test du khi-deux  (KHI 2) pour constituer un pré modèle d’analyse. Le résultat correspond aux probabilités que la différence observée puisse être due au hasard. Le seuil de signification retenu est de p < 0,15 (il y a moins de 15 que la différence ne soit dû qu’à des fluctuations d’échantillonnage).Car la régression logistique va éliminé les variables candidates non explicatives.

 

Les  variables ont subi ensuite une régression logistique : le modèle a éliminé les variables candidates non explicatives. Puis, on mesure l’influence de chaque variable retenue dans le modèle final sur la variable cible (NCT) : c’est l’ajustement.

 

La régression logistique fonctionne avec la procédure logit, qui est une méthode statistique multivariée, inférentielle, visant à décrire et expliquer ou à prédire la probabilité de la survenue d’une mammite en fonction d’un certain nombre de facteurs qualitatifs.

 

La formule de ce modèle de régression logistique s’écrit ainsi :
 

  P(M)= bO + ∑ bi Xi + E

 


Résultats
 

Étude descriptive

 

Informations générales

 

L’étude révèle un effectif très faible : 64% des exploitations étudiées ne dépassant pas une quinzaine de vache par exploitation. Notre pays renferme un cheptel très hétérogène  d’où la  difficulté d’identifier les races bovines en Algérie. L’appréciation raciale de l’échantillon s’est inspirée ainsi de l’origine des animaux : l’importation ou le croisement (bovins issus de toutes sortes de croisement : par insémination artificielle, par le taureau du voisin, par un taureau d’une autre lignée…).

 

Les résultats obtenus indiquent une certaine égalité entre la dispersion des bovins laitiers importés et des bovins laitiers croisés dans l’échantillon : 50% BLI et 50%  BLC. D’autre part, il y a une corrélation entre l’âge moyen du cheptel et le rang de lactation : 66% ont une moyenne d’âge entre 3 et 5  ans, et 80% ont un nombre de primipares supérieur au nombre des multipares.

Tableau 1.  Caractéristiques des élevages

Variables

Valeurs

Exploitations

% Relatifs

Surface agricole utile

En possession

3

6

En location

31

62

En possession+ en location

14

28

Sans surface

2

4

Effectif

5 à 10

24

48

10 à 30

22

44

> 30

4

8

Race

BLI*

17

34

BLC**

17

34

BLI + BLC

16

32

Age moyen du cheptel, ans

3 à 5

33

66

≥ 6

17

34

Rang de lactation

% multipares > % primipares

7

14

% multipares < % primipares

40

80

% multipares = % primipares

3

6

Bâtiments d’élevage

 

Les élevages de la zone étudiée présentent certaines  caractéristiques : 88% disposent d’hangar pour loger leurs animaux, mais la majorité est non-conforme. De plus, 66% utilisent la stabulation entravée et seulement 52% bénéficient d’aire d’exercice. 100% des élevages utilisent la litière, mais en très faibles quantités (84%). En outre, la paille comme litière exclusive n’est constatée que  chez 52%  des élevages.

 

Moins de 80% exploitations offrent des surfaces de couchage suffisantes à leurs animaux. Par contre, 92% ne respectent pas les normes d’orientation des bâtiments, ces normes sont différentes selon les pays et en fonction du degré de la luminosité et la vitesse de vent. Or, 88% bâtiments  sont mal aérés, alors que 80% sont bien illuminés.

Tableau 2.  Caractéristiques  des bâtiments  d’élevage

Variables

Valeurs

Exploitations

% Relatifs

Vocation initiale du bâtiment

Bergerie

3

6

Hangar

44

88

Habitation

1

2

Autres

2

4

Type de stabulation

Entravée

33

66

Semi-entravée

17

34

Aire d'exercice

Absence

24

48

Présence

26

52

Bâtiment d'élevage (orientation)

Nord-sud

31

62

Ouest-est

18

36

Sud-ouest Nord-est

1

2

 

 

Aération via les ouvertures

 

Ouvertures bilatérales

30

60

Ouvertures latérales et  faîtières

6

12

Ouvertures unilatérales

13

26

Pas d’ouvertures

1

2

Luminosité de l'étable

Insuffisante

10

20

Suffisante

40

80

  Surface de couchage utile par vache (3 m²/UGB)

Insuffisante

10

20

Suffisante

40

80

Nature de la litière

Paille

26

52

Sciure

3

6

Copeaux de bois

4

8

Mélange

17

34

Quantité de litière

Insuffisante

42

84

Suffisante

8

16

Box de vêlage

Absence

42

84

Présence

8

16

UGB : Unité Gros Bétail

Conduite des troupeaux 

 

Les éleveurs étudiés ont des pratiques d’alimentation particulières: 36% incorporent du pain rassis dans les rations  en fonction de l’effectif de chaque exploitation et la disponibilité du pain et seuls 74% complémentent en concentré. D’ailleurs, dans la majorité des élevages  aucun rationnement alimentaire n’est appliqué: 56% distribuent le même aliment à tous les stades physiologiques, et 80%  agissent de même  pour tous stades de lactation  d’après le tableau 3.

 

La séparation des différentes catégories d’animaux  n’est guère pratiquée : 88% pour les malades, 62% pour les taries et 84% pour les vaches en parturition. Quant au niveau de propreté, 66%  des élevages sont  classés entre sale et très sale. En revanche, 84%  raclent en moyenne 2 Fois/jour.

Tableau 3.  Conduite des  troupeaux

 Variables

Valeurs

Exploitations

% Relatifs

 Nature de l’alimentation

Fourrage vert

16

32

Fourrage sec

43

86

Herbe de prairie

34

68

Paille

15

30

Concentré

37

74

Pain rassis

18

36

Même alimentation

vaches en lactation, taries et génisses pleines

Non

22

44

Oui

28

56

tous les stades de lactation

Non

10

20

Oui

40

80

Séparation

veau après vêlage

Non

12

24

Oui

38

76

vaches malades

Non

40

80

Oui

10

20

vaches taries

Non

31

62

Oui

19

38

Raclage, fois/jour

1 à  3

42

84

≥ 4

8

16

Gestion des mammites 

 

Les mammites sont mal suivies et seul  une minorité des éleveurs étudiés (12%) enregistre des cas cliniques. La quasi-totalité (92%) des éleveurs procèdent à un traitement dès l’apparition des premiers signes. Mais, l’appréciation de ces signes diffère : 64% considèrent l’altération de la sécrétion comme premier signe, 12% décident d’agir selon l’état du pis, alors que 16% n’interviennent que  face à une atteinte de l’état général. Pour le type de traitement, 82% pratiquent un traitement traditionnel comme 1ère démarche,  et un traitement médical comme 2ème démarche lors d’échec (persistance des signes cliniques). 90% traitent  pour une durée de 1 à 2 jours.

 

Et seuls 30% appliquent les 4 injections intra mammaires; dans 62% des exploitations, l’issue est la récidive. On a calculé une fréquence de 58% de quartiers atrophiés, éléments indicateurs du passage des mammites à la chronicité. Et pourtant,  90% ne réforment pas sur la base de ce critère.

Tableau 4.  Caractéristiques de la gestion des mammites

Variables

Valeurs

Exploitations

% Relatifs

Enregistrement des mammites

Non

44

88

Oui

6

12

Traitement dès l'apparition des 1er signes

Non

4

8

Oui

46

92

Modalités de traitement

Aucun

4

8

Traditionnel

1

2

Médical

4

8

Traditionnel + médical

41

82

Détection des cas cliniques

Non

2

4

Oui

48

96

Niveau de décision de traitement

Altération de la sécrétion

32

64

Altération du pis

6

12

Altération de l’état général

8

16

Pas de traitement

4

8

Durée moyenne de traitement (jour)

1

21

42

2

24

48

3

3

6

Pas de traitement

2

4

Nombre d’injection intra mammaire

1 … 3

33

66

>3

15

30

Pas de traitement

2

4

Récidive après traitement

Non

18

36

Oui

31

62

Réforme des cas chroniques

Non

45

90

Oui

5

10

Mammites fréquentes

Selon le stade de lactation

31

62

Selon la saison

22

44

Autre :

 

 

Traite incomplète

10

20

Changement de trayeurs

2

4

En chaleur

1

2

Non spécifique

3

6

Nombre de vaches à quartier atrophié

<3

23

46

≥3

6

12

Nombre de quartiers atrophiés

<3

23

46

≥3

6

12

Conduite  du tarissement 

 

Le tarissement est pratiqué dans tous  les élevages étudiés. Il est progressif dans 98% de l’échantillon étudié. La majorité  (90%) prépare au tarissement durant  moins d’une semaine et 88 arrêtent le concentré avant la dernière traite.

 

Seuls 46% procèdent à un  traitement au tarissement, et 38% le font systématiquement par voie intra mammaire. D’autre part, seulement  44% traitent dans des conditions hygiéniques acceptables. Et enfin, seulement 4% respectent le délai de 7 jours pour réinsérer  les vaches taries dans le troupeau. 

Tableau 5.  Caractéristiques de la gestion du tarissement

Variables

Valeurs

Exploitations

% Relatifs

Méthode de tarissement

Brutale

1

2

Progressive

49

98

Durée de préparation au tarissement

<  1 semaine

45

90

>  1 semaine

4

8

Non concerné

1

2

Arrêt des concentrés avant la dernière traite

Non

6

12

Oui

44

88

Traitement  au tarissement

Non

27

54

Oui

23

46

Systématique

19

38

Sélectif

4

8

Non concerné

27

54

Unique

21

42

Donnée manquante

2

4

Non concerné

27

54

Intra mammaire

19

38

Systémique

4

8

Non concerné

27

54

Hygiène du traitement au tarissement

Donnée manquante

1

2

Oui

22

44

Non concerné

27

54

Trempage

Non

18

36

Oui

1

2

Donnée manquante

4

8

Non concerné

27

54

Réinsertion des taries, jours

<  7

13

26

   7

2

4

> 7

1

2

Donnée manquante

3

6

Non concerné

31

62

Organisation  de la traite

 

24% éleveurs de l’échantillon étudié, pratiquent la traite manuelle. La traite est  assurée par une seule personne dans 60% des élevages étudiés ; et l’hygiène du personnel est  non optimale chez  90% des travailleurs de la ferme. Pour les vaches qui présentent des mammites le jour de la visite : 22% éleveurs traient cette catégorie à la main, et 30% les traient en dernier.

 

Le lait suspect est ensuite destiné aux veaux (38%), aux chiens (10%) ou jeté (4%). Cependant, 48% des éleveurs ne font aucune distinction. Le nettoyage à l’eau de la mamelle avant la traite est systématique pour la majorité (98%) ; quel que soit  l’état hygiénique de la mamelle. En outre, nous avons constaté chez 62%  des éleveurs pratiquent le nettoyage à mains nues. Et quelques soit l’outil utilisé lors du nettoyage, il est d’ordre collectif  dans 34%  des élevages ci la somme  de l’outil de nettoyage à l'eau avec éponge 12% et  avec serviettes en tissu (collectives) 22%. Les résultats nous donnent une fréquence de désinfection de 42% .Le produit de désinfection le plus utilisé est l’eau de Javel (34%).

 

Les gobelets trayeurs sont montés le plus fréquemment sur des trayons mouillés (20% seulement essuient, et pour la grande majorité d’entre eux avec des serviettes collectives). Pour les autres pratiques de traite  84%  n’éliminent pas  les 1ers jets, 92% ne  palpent pas la mamelle, et 98% ne trempent pas les trayons dans un désinfectant.  

Tableau 6.  Caractéristiques de l’organisation et la préparation de la  traite

Variables

Valeurs

Exploitations

% Relatifs

Type de traite

Chariot

38

76

 Manuelle

12

24

Trayeurs

Nombre

1 trayeur

30

60

 >  1 trayeur

20

40

 Éleveur

Non

14

28

 Oui

36

72

 Ouvrier

Non

33

66

 Oui

17

34

 Éleveur +Ouvrier

 

3

6

Hygiène des

trayeurs

Les mains

Avant

Non

7

14

Oui

43

86

Pendant

Non

10

20

Oui

40

80

Avant + Pendant

3

6

L’habit de la  traite

Non

45

90

Oui

5

10

Type de traite des vaches avec mammite clinique

A la main

11

22

 En dernier

15

30

 Sans distinction

24

48

Rinçage des manchons

Jamais

26

52

 Donnée manquante

12

24

 Non concerné

12

24

Hygiène des manchons avant la traite

Bonne

21

42

 Mauvaise

17

34

 Non concerné

12

24

Nettoyage du pis et trayons

Réalisation

Non

1

2

Oui

49

98

Type

Systématique

48

96

Si sales

1

2

Non concerné

1

2

Moyen

A l’eau

49

98

Non concerné

1

2

Zones nettoyées

Pis et trayons

38

76

Trayons

11

22

Pas de nettoyage

1

2

Outil de nettoyage à l'eau

Douchette

1

2

Éponge

6

12

Mains nues

31

62

Serviettes en tissu (collectives)

11

22

Pas de nettoyage

1

2

Désinfection / Savonnage

Non

29

58

Oui

21

42

Désinfectant utilisé

Biocide

4

8

Javel et /ou savon

17

34

Pas de désinfection

29

58

Essuyage

Réalisation

Non

40

80

Oui

10

20

Moyen

Serviettes individuelles

1

2

Serviettes collectives

9

18

Non concerné

40

80

Élimination

 des 1ers  jets

Réalisation

Jamais

42

84

Occasionnellement

3

6

Systématiquement

5

10

Lieu d’élimination

Dans la main

4

8

Par terre

3

6

Autre

1

2

Non concerné

42

84

Palpation du quartier

Jamais

46

92

Occasionnellement

3

6

Systématiquement

1

2

Pré  trempage

Jamais

49

98

Occasionnellement

1

2

 

 

 

 

 

 

Au cours  de la traite 

Tableau 7.  Caractéristiques au cours de la traite

Variables

Valeurs

Exploitations

% Relatifs

Stabilité des manchons

Glissement

7

14

 Stable

24

48

 Grimpage

5

10

 Donnée manquante

2

4

 Non concerné

12

24

Sifflements pendant la traite

Présence

Non

32

64

Oui

6

12

Non concerné

12

24

Nature

Continu

3

6

Discontinu

3

6

Non concerné

44

88

Chute du faisceau

Présence

Non

28

56

Oui

9

18

Donnée manquante

1

2

Non concerné

12

24

Fréquence

Accidentellement

8

16

Fréquemment

1

2

Non concerné

41

82

Lavage du faisceau après chute

Non

1

2

Oui

3

6

Donnée manquante

5

10

Non concerné

41

82

Pose du faisceau (/vache)

Pose gênante

Non

33

66

Oui

5

10

Non concerné

12

24

Fréquence

1 vache

1

2

>1 vache

3

6

Donnée manquante

1

2

Non concerné

12

24

Obturation du manchon libre en cas de quartier atrophié

Obturation

Oui

15

30

Donnée manquante

23

46

Non concerné

12

24

Moyen

Obturateur

4

8

Torsion du tuyau

1

2

manuellement

4

8

Le quartier atrophié

6

12

Donnée manquante

23

46

Non concerné

12

24

Obturateur lavé

Oui

4

8

Non concerné

46

92

Fin de la traite 

 

Chez 78% des éleveurs, la traite n’est terminée qu’après un égouttage ; celui-ci  dure plus de 30 secondes dans 56% des élevages. La technique d’égouttage est manuelle (46%), mécanique (14%) ou les deux (18%). Pour achever la traite mécanique, 48%  enlèvent la griffe sans procéder à la coupure du vide.

 

Il y a surtraite ou traite incomplète lorsqu’elle sa durée est respectivement supérieure ou inférieure à 4 à 6 minutes. Les résultats  indiquent  une fréquence de 24% de surtraite et 12% de traite incomplète. A la fin de la traite, seuls 8% pratiquent  un post-trempage.

Tableau 8.  Caractéristiques de la fin de traite

Variables

Valeurs

Exploitations

% Relatifs

Égouttage

Réalisation

Non

11

22

Oui

39

78

Fréquence 

Systématique

32

64

Sporadique

7

14

Non concerné

11

22

Temps  (seconde)

< 30

11

22

> 30

28

56

Non concerné

11

22

 Modalité d’égouttage

Pas d’égouttage

11

22

A la main

23

46

A  la machine

7

14

Mixte

9

18

 Coupure du vide pour  enlever la griffe

Non

24

48

Oui

6

12

Donnée manquante

8

16

Non concerné

12

24

 Post-trempage

Non

46

92

Oui  (systématique)

4

8

 Devenir du lait suspect

Mélangé avec le lait sain

24

48

Veaux

19

38

Chiens

5

10

A jeter

2

4

Durée moyenne de traite (4 à 6 min) (la moyenne de 5 vaches)

Inférieure

6

12

Moyenne

32

64

Supérieure

12

24

L’évaluation de l’état des trayons après la traite 

 

Les lésions les plus observées sont : l’anneau de compression (60%) et l’hyperkératose (62%), avec des fréquences plus ou moins importantes de traite humide (38%), de changement de coloration (28%), d’œdème de l’extrémité (20%), de crevasses (12%) et de verrues (16%).

Tableau 9.  Lésions des trayons évalués après la traite

Variables

Valeurs

Exploitations

% Relatifs

Traite humide

 Absence *

31

62

   Présence. **

19

38

Couleur

Absence

36

72

Présence.

14

28

Gerçures

Absence

43

86

Présence

7

14

Crevasses

Absence

44

88

Présence

6

12

Œdème de l’extrémité

Absence

40

80

Présence

10

20

Anneau de compression

Absence

20

40

Présence

30

60

Extrémité dure

Absence

49

98

Présence

1

2

Ouverture orifice

Absence

48

96

Présence

2

4

Verrues

Absence

42

84

Présence

8

16

Hyperkératose

Absence

19

38

Présence.

31

62

Généralité sur le matériel de  traite 

 

Plus de la moitié de l’échantillon étudié (58%) utilisent des manchons dans en bon état, avec une fréquence de changement d’au moins 1 fois/  an (50%).

Mais, on aurait dû évaluer cette variable en fonction de l’effectif et le niveau de production afin de prédire le stade d’usure da la machine à traire. Le niveau de vide n’est pas tout à fait contrôlé : seuls 18%  respectent les normes et 20% ont des manomètres défectueux.

Tableau 10.  Caractéristiques du matériel de traite

Variables

Valeurs

Exploitations

% Relatifs

État des manchons

Bon

29

58

Mauvais

9

18

Non concerné

12

24

Fréquence  de changement des manchons

1 fois / 6mois

20

40

1 fois / an

5

10

Autre

13

26

Non concerné

12

24

Age de l'installation, ans

0 à 5

22

44

5  à 10

15

30

≥ 10

1

2

Non concerné

12

24

Contrôle du niveau de vide

Non

28

56

Oui

9

18

Non concerné

12

24

Donnée manquante

1

2

Niveau de vide le jour de la traite  (en KPa)

Bas

4

8

Moyen (38 à 40 KPa)

10

20

Élevé

14

28

Non concerné

12

24

Manomètre défectueux

10

20

KPa:   Kilo Pascal

Numérations Cellulaires du lait de Tank (NCT) :

 

D’après le seuil retenu, les exploitations de l’échantillon sont regroupées sous deux catégories :

- « 0 »  Correspond au groupe des exploitations saines, dont les NCT sont   inférieurs à 1 million de cellules par ml du lait.

 -« 1 »   C’est le groupe des exploitations malades,  dont les NCT sont supérieures  à 1 million de cellules par ml du lait.

Tableau 11.  Numérations cellulaires du lait de tank.

Exploitations

NCT

Exploitations

NCT

01

1 million  884

26

2millions  320

02

4 millions 022

27

1million 290

03

1 million  267

28

2 millions 381

04

 919, 733

29

2 millions 336

05

 852, 533

30

2 millions 054

06

1million  481

31

2 millions 452

07

848, 033

32

1million  916

08

4 millions 928

33

4 millions 559

09

1million  732

34

1 million 041

10

1million  254

35

4million 086

11

744, 600

36

1 million 898

12

421, 633

37

1million  427

13

601, 917

38

594, 533

14

1 million 402

39

2 millons109

15

1million 237

40

1million 715

16

3 millions 153

41

1million 489

17

1 million  438

42

1million 143

18

2millions 503

43

242 200

19

1 million 473

44

1 million 704

20

450, 567

45

398, 833

21

699, 800

46

582 ,066

22

2 millions 259

47

514 ,133

23

2 millions 851

48

841, 566

24

1million  468

49

775 ,800

25

888, 367

50

2 millions 321 6

NCT :Numération des Cellules de Tank,  comptabilisée en million de cellules par ml du lait.

Étude analytique

 

Les Tableaux  12, 13 et  14 montrent la probabilité des variables qui ont subi le  test du KHI .

Tableau 12.  Valeurs relatives à la conduite de l’élevage

Variables

    Probabilités

Age moyen du cheptel ≥ 6 ans (vs 3 à 5 ans)

0,72

Race BLI (vs BLC)

0,10

Absence de primipares (vs présence)

0,41

Stabulation entravée (vs semi-entravée)

0,77

Absence d’aire d’exercice (vs présence)

0,67

Luminosité insuffisante (vs suffisante)

0,87

Surface de couchage utile par vache insuffisante (vs suffisante)

0,87

Litière en paille (vs sciure ou en copeaux de bois)

0,32

Quantité de litière insuffisante (vs suffisante)

0,04

Source d’eau   (vs forage et/ou puits)

0,56

Même alimentation pour  vaches en lactation, taries et génisses pleines (vs non)

0,55

Non séparation du veau après vêlage (vs oui)

0,55

Non séparation des vaches malades (vs oui)

0,87

Non séparations des vaches taries  (vs oui)

0,49

Non enregistrement des mammites (vs oui)

0,31

TRT dès l’apparition des 1ers signes (vs non)

0,75

Pas de TRT (vs oui)

0,05

TRT médical (vs traditionnel)

0,01

Vaches à quartier atrophié (vs absence)

0,42

Concentré non arrêté avant la dernière traite (vs oui)

0,39

Non TRT  au tarissement (vs oui)

0,31

Durée de tarissement (vs 8 semaines)

0,46

Préparation au tarissement > 1 semaine (vs < 1 semaine)

0,42

Arrêt de concentré avant tarissement < 1 semaine (vs > 1 semaine)

0,37

Non hygiène du TRT intra mammaire au tarissement (vs oui)

0,55

Exploitations sales (vs propres)

0,1

Tableau 13. Valeurs relatives à la traite

Variables

Probabilités

Type de traite chariot  (vs manuelle)

0,41

Ouvrier Trayeur (vs éleveur)

0,72

Nombre de trayeur > 1 (vs < 1)  ou =1

0,80

Hygiène des mains pendant (vs avant)

0,03

Non port d’habit propre réservé à la   traite (vs oui)

0,54

 Non Désinfection / Savonnage (vs oui)

0,29

Non essuyage (vs oui)

0,36

Pose gênante du faisceau (vs non)

0,10

Non obturation du manchon libre en cas de quartier atrophié (vs oui)

0,72

Égouttage (vs non)

0,26

Égouttage systématique (vs occasionnel)

0,52

Égouttage à la machine (vs à la main)

0,10

Lait suspect mélangé avec le lait sain (vs non)

0,15

Sur traite ou traite incomplète  (vs durée de 4 à 6 min)

0,87

État des manchons mauvais  (vs bon)

0,43

Non contrôle du niveau de vide (vs oui)

0,92

Niveau de vide le jour de la traite  >38 à 40 (vs 38 à 40)

0,54

Tableau 14.  Lésions des trayons

Variables

Probabilités

Traite humide (vs absence.)

0,96

Couleur (vs absence)

0,72

Gerçures (vs absence)

0,015

Crevasses (vs absence)

0,004

Œdème de l’extrémité (vs absence)

0,17

Anneau de compression (vs absence)

0,32

Verrues (vs absence)

0,23

Hyperkératose (vs absence)

0,49

 Les variables explicatives sélectionnées dans le pré-modèle à 15 de signification sont représentées dans le Tableau 15.

Tableau 15.  Variables explicatives retenues pour la régression logistique

Variables

Probabilités

Race

0,10

Quantité de litière

0,04

Traitement

0,05

Type de traitement

0,01

État de propreté des étables

0,10

Hygiène des mains

0,03

Pose du faisceau trayeur

0,10

Type d’égouttage

0,10

Devenir du lait suspect

0,15

Gerçures

0,015

Crevasses

0,004

Alors que le Tableau 16 montre les variables explicatives retenues dans le modèle logistique final.

Tableau 16.  Facteurs de risque retenus dans le modèle logistique final

Facteurs de risque

Signification

Odds ratio ajusté

Race

0,14

2,90

Quantité de litière

0,03

7,22

Type de Traitement

0,05

10,31

Type d’égouttage

0,11

3,17

Discussion  

La procédure envisagée dans notre enquête, en particuliers les séances de formation des enquêteurs, a permis de minimiser l’effet «enquêteur» sur la qualité des données collectées. Ces dernières ont augmenté par leur quantité la probabilité de trouver des associations dues uniquement au hasard (Dohoo et al 1996 voir: Delafosse et al 2005).

 

On a sélectionné la NCT comme variable dépendante : la présence ou l’absence de mammite est déterminée selon le seuil de 1 million de cellules/ml. Le test KHI 2 nous a permis de sélectionner les variables explicatives à 15 de probabilité. Ce seuil est choisi pour aborder un nombre acceptable de variables dans le pré modèle.  Les variables rejetées par le KHI 2, ne signifient pas forcément qu’elles n’expliquent pas la variable dépendante, en prenant en considération les données manquantes et les non concernés  regroupés dans  la catégorie non exposés quelque soit la variable candidate à tester. Les variables retenues après ajustement, sont significatives à p < 0,15 pour le modèle de régression logistique utilisé. Ces variables sont au nombre de quatre : la race, la quantité de la litière, le type de traitement des mammites et le type d’égouttage.

 

L’animal 

 

Pour les facteurs relatifs à l’animal, la race est une variable explicative (odds ratio = 2,90 ; p=0,14). Le cheptel constitué de BLI est presque 3 fois plus sujet à l’élévation des NCT qu’un cheptel de BLC.

 

Ce résultat s’explique par le fait que les BLI introduits pour l’amélioration de la production se trouvent confrontés à des conditions tout à fait différentes de celles de leurs pays d’origine. Ces vaches importées pour leurs potentiels génétiques, voient leurs performances diminuer, puisqu’une grande partie de leur métabolisme est utilisée pour leur adaptation aux facteurs environnementaux (Nedjraoui 2001). Les autres variables liées à l’animal comme l’âge moyen du cheptel et le rang de lactation, ne sont pas  significatifs.

 

Le bâtiment 

 

La deuxième variable pertinente correspond à la quantité de la litière, qui a un odds ratio de 7,22 et une signification de  0,03. Donc, les étables avec une litière absente ou insuffisante sont 7 fois plus prédisposées aux mammites que celles avec des quantités suffisantes de  litière.

 

Ce résultat s’accorde avec celui démontré par Duval (1995), où les vaches gardées sans litière ont deux fois plus de chance de contracter la maladie. Le mécanisme serait dû à l’exposition, en particulier au froid, des mamelles au contact direct  du plancher, qui est à l’origine des lésions du corps du trayon (Sérieys et Brouillet 2007) notamment les gerçures et les crevasses qui sont éliminées dans notre analyse statistique par l’ajustement du modèle logistique.

 

En outre, et selon un constat personnel une fréquence de blessures a été constatée dans les élevages déficients en litière (par exemple, les escarres au niveau des membres postérieurs devenant le siège de prédilection pour les germes dangereux).

 

La gestion des mammites

 

Pour la section « Gestion des mammites », le seul facteur sélectionné comme pertinent est le type de traitement des mammites caractérisé par  un ’odds ratio = 10,31 et une signification p = 0,05.

 

Le résultat montre que les éleveurs,  dont le traitement traditionnel est  appliqué seul ou complété par un traitement médical, ont des vaches 10 fois plus sujettes aux mammites que celles traitées uniquement par un traitement médical. Ce facteur n’est pratiquement pas évoqué dans les études antérieures vue la spécificité du traitement traditionnel de nos éleveurs : lavage savonné de la mamelle, application locale d’huile d’olive, de vinaigre, des glaçons et d’autres moyens variables selon les éleveurs.

 

Malgré certains avantages procurés par les traitements traditionnels sur l’intensité de l’inflammation, le traitement médical précoce reste le meilleur  choix: c’est le seul moyen qui permet  une guérison bactériologique à des pourcentages tolérables (Gambo et Echike 2001, Sérieys et Faroult 2001, Sérieys et Brouillet 2007).

 

L’appréciation qualitative des autres variables de la même section, s’est fondée seulement  sur la mémoire de l’éleveur. Ce dernier n’est pas toujours crédible, et  cherche souvent à se montrer compétent et maître de  la situation. C’est un paramètre qui peut expliquer la non signification de la variable « devenir du lait suspect ». En conséquence, le lait considéré comme sain peut renfermer du lait suspect.

 

La technique de traite 

 

Et comme dernier facteur retenu par le modèle logistique final, le  type d’égouttage. L’égouttage avec une pression manuelle sur la griffe du faisceau trayeur prédispose  3 fois plus aux infections mammaires que l’application d’un égouttage  par une traite manuelle complémentaire. L’odds ratio ajusté est de 3,17 avec un p = 0,11. Quand il y a du lait résiduel à la fin de la traite, les éleveurs étudiés utilisent l’égouttage en tant que moyen d’extraction du lait jusqu’à la dernière goutte. Il semble qu’un égouttage manuel ne pose pas de problème pour la santé mammaire.

 

En revanche, une telle pratique par la machine à traire augmente la durée de la traite avec un faible débit de lait (surtraite),  les lésions  du trayon apparaissent en conséquence (Sérieys et Brouillet 2007).

 

Il est connu que les  traumatismes augmentent le risque d’apparition des mammites (Weisen 1974, Argente et al 1997, Lévesque 2006). Pour les problèmes d’altération des trayons  par exemple suite à une traite non-conforme,  on a constaté chez la majorité des élevages visités qu’au moins une vache présentait des plaies. L’analyse par le KHI 2,  n’a permis de retenir dans le pré-modèle que les crevasses et les gerçures.

 

Ces dernières étaient éliminées ensuite par l’ajustement. Ce résultat peut être justifié par le fait qu’on a testé les lésions séparément pour une présélection sans prendre en considération la corrélation de chacune d’elles avec l’ensemble des  lésions. Ainsi, nous avons décelé 58 de cas ne révisant pas le niveau de vide de la machine à traire, dont le haut niveau de vide est souvent l’initiateur des lésions (Gourreau et al  1995).

 

Conclusion  

* Fortement significatifs : l’un lié aux  paramètres de la gestion des mammites, c'est-à-dire le traitement traditionnel unique ou annexé par un traitement médical.   D’après nos résultats c’est le facteur de risque majeur. L’autre, est relatif au logement, c'est-à-dire la quantité insuffisante de la litière.

* Faiblement significatifs : un paramètre tenant aux pratiques de traite, en premier lieu,  c’est l’égouttage par la machine à traire. Et enfin, le paramètre relatif à l’animal, c’est la nature raciale du cheptel, dont les animaux importés étant  plus fragiles.


Références bibliographiques 

Argente G,  Guérin B, LE Moine H, et GTV des Cotes d’Armor 1997. Les mammites en élevage bovin. Fédération Départementale des Groupements de Défense Sanitaire 22. 116, 126 p.

 

Bareille N, Fourichon C, Baudeau F et Seegers H  2004 Les facteurs de risque de mammites: état des lieux dans 237 exploitations laitières dans les pays de la Loire. Bulletin des Groupes Techniques Vétérinaires 24:  385-389.

 

Bencharif A  2001  Stratégies des acteurs de la filière lait en Algérie : État des lieux et problématique. Les filières et marchés du lait et dérivés en Méditerranéennes : stratégies des acteurs de la filière lait en Algérie.  Série. Bulletin 32 : 25-45. http://ressources.ciheam.org/om/pdf/b32/CI011662.pdf

 

Boudedja N 2008  La production laitière soumise à de nombreux aléas. Journal El Watan. http://www.elwatan.com

 

Delafosse A, Baudais S et Bosher P 2005  Facteurs associés à des taux cellulaires de tank élevés dans le département de l’Orne. Bulletin. des Groupes Techniques Vétérinaires. 335-342. 

 

Duval J 1995 Soigner  la mammite sans antibiotiques.   Ecological Agriculture Projects. AGRO-BIO - 370 - 11 En ligne (27/12/2007): http://eap.mcgill.ca/agrobio/ab370-11.htm  

 

Gambo H et Agnem Etchike C 2001 Dépistage de mammites subcliniques chez des vaches Goudali en lactation au nord du Cameroun. Revue Élevage et Médecine  Vétérinaire des  Pays Tropicaux. 54(1): 5-10. http://remvt.cirad.fr/cd/derniers_num/2001/EMVT01_005_010.pdf

 

Gourreau J-M, Arfi L, Brouillet P, Coussi G, Fieni F, Lacombe J-F, Paulizzi L, Simonin F, et Radigue P-E 1995  Accidents et maladies du trayon. France Agricole. 194-282 p.

 

Lévesque P  2006 Identifier les facteurs de risque de la mammite. Le producteur de lait québécois.. 36-38.

 

MADR (Ministère de l’Agriculture et du Développement Rural  Direction des Services Vétérinaires) 2002 Bulletin Sanitaire Vétérinaire.

 

Mtaallah B, Oubey Z et Tahri M  2000  Taux cellulaire de lait de tank et ses facteurs de risque en élevage intensif. Proceedings. Colloque : Lait, Qualité et Santé. Association Nationale des Médecins Vétérinaires de Tunisie et Méditerranés Vétérinaires. El Baytari. . 25-31.

                                                   

Nedjraoui D 2001   Profil Fourrager Algérie. . (En ligne) .

 http://www.fao.org/ag/AGP/AGPC/doc/Counprof/Algeria/Algeria.htm

 

Sérieys F et Brouillet P 2007 Prévention des lésions des trayons de la vache laitière : Aspects cliniques et étiologiques. Bulletin des Groupes Techniques Vétérinaires 39: 101-106.

 

Sérieys F et Faroult B 2001  Plans de traitement des infections mammaires : Diagnostic étiologique. Bulletin des Groupes Techniques Vétérinaire. 12: 27-29.

 

Weisen J-P 1974 La prophylaxie des mammites. Edition Vigot Frères. 1974.

 

Yakhlef H  1989 La production extensive de lait en Algérie. Options Méditerranéennes. Série Séminaires. 6: 135-139.  http://ressources.ciheam.org/om/pdf/a06/CI000475.pdf

 



Received 30 June 2010; Accepted 20 October 2010; Published 5 January 2011

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